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  • : Géopolis est consacré à la géopolitique et à la géostratégie : comprendre la politique internationale et en prévoir les évolutions, les conflits présents et à venir, tel est le propos, rien moins !
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Géopolis

Par ces temps troublés, l'actualité géopolitique inquiète et déconcerte. Les clefs nous manquent souvent pour en appréhender les facteurs d'évolution décisifs. Et en cette matière, les médias communs informent à peu près aussi mal qu'ils sont mal informés. On nous parle beaucoup de "mondialisation", mais la compréhension des désordres mondiaux n'en paraît pas tellement meilleure et les désordres eux-mêmes persistent, redoublent même... Bien sûr, Géopolis n'a pas la prétention de tout savoir et de tout expliquer. Nous tenterons simplement ici avec ceux qui voudront bien nous rejoindre de contribuer à la réflexion, d'éclairer certaines questions d'actualité en apportant des informations passées inaperçues ou des témoignages de première main, et aussi de prendre un peu de distance pour ne pas trop nous laisser impressionner par l'impact immédiat des événements. A qui s'adresse Géopolis ? A nous tous, simples citoyens, parce qu'en nos pays réputés démocratiques, nous sommes à l'origine de choix cruciaux : par le vote, c'est nous qui portons au pouvoir des hommes dont les décisions (ou les indécisions) feront le monde de demain, les guerres, la vie et la mort des pays et des peuples... C'est bien sérieux tout ça ! - Oui, le sujet est sérieux, mais les manières de l'aborder peuvent ne pas l'être toujours. Il sera donc aussi question de traités d'art militaire, de la formation des chefs d'Etat, de romans d'espionnage ou de cinéma...

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9 août 2011 2 09 /08 /août /2011 20:34

Depuis 2008, le Brésil est le plus grand consommateur de pesticides au monde. Chaque Brésilien en absorbe en moyenne 5,2 litres par an. C'est au nom de la productivité que le gouvernement de gauche en autorise l'usage. Mais qu'en est-il de la terre ? Qu'en est-il des hommes ? Parmi les pesticides autorisés, le methamidophos, un organophosphate insecticide, acaricide et avicide (!) utilisé notamment sur les tomates, les melons, le soja et le riz et commercialisé par Bayer sous les noms de Monitor, Nitofol, Tamaron, Swipe, Nuratron, Vetaron, Filitox, Patrole, Tamanox, SRA 5172, ou Tam. Classé comme poison violent, hautement toxique pour les abeilles, les oiseaux et les mammifères, le methamidophos provoque paralysies, désordres neurologiques, troubles hormonaux et mutations génétiques... Il est interdit dans l'Union européenne depuis le 1er juillet 2008 (seulement !), en sorte que les Etats membres ont dû retirer toutes les autorisations de produits phytopharmaceutiques en contenant et que leur mise sur le marché et leur usage comme pesticides sont prohibés. D'autres pays ont fait de même, ce qui n'empêche d'ailleurs pas les importations illégales.

Pour ceux qui comprennent le portugais, voici un excellent reportage du brésilien Silvio Tendler : Le poison est servi ("O veneno esta na mesa") : 

 

Bon appétit !

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30 juillet 2008 3 30 /07 /juillet /2008 22:07
Le film-choc du réalisateur brésilien José Padilha (Troupe d'élite, octobre 2007), Ours d'or à Berlin en février 2008, annoncé en France pour le début de l'année, devrait enfin paraître sur les écrans français en septembre prochain. Sujet de polémique, le critique Jay Weissberg dans Variety s'étant empressé de le taxer de "recruitment film for fascist thugs" (film de recrutement pour voyous fascistes), il est aussi précédé d'un piratage jamais vu puisque 30.000 copies vidéo en avaient déjà été écoulées avant même sa sortie au Brésil - ce qui ne l'a pas empêché de faire 700.000 entrées dès les premiers jours. On le trouve donc déjà sur Dailymotion, quoique dans une version écourtée et avec un sous-titrage anglais de piètre qualité.

La bande-annonce

Que montre le film ? L'action d'un capitaine du Batalhão de Operações Policiais Especiais (BOPE, ou Bataillon des forces spéciales de la Police nationale brésilienne) et de ses troupes, face aux narco-trafiquants d'une favela de Rio de Janeiro à la veille de l'arrivée du pape Jean-Paul II en 1997. Fondée sur le témoignage de deux anciens capitaines du BOPE et sur le livre qu'ils ont co-écrit avec le professeur Luiz Eduardo Soares, ancien secrétaire à la Sécurité Publique, l'histoire se caractérise par son vérisme - on a parlé de semi-fiction. Corruption, violence, tortures, montrées cruement, correspondent trait pour trait à une réalité urbaine gangrénée par le trafic de drogue, où la police ordinaire est trop mal payée pour ne pas fermer les yeux, où les jeunes bobos des beaux quartiers fumeurs de joints sont la clientèle des pires trafiquants, où les pauvres gens subissent et où seuls surnagent, ce qui choque les bien-pensants, les troupes d'élite aguerries. Pas une apologie de la violence, comme d'aucuns ont pu dire, mais un aperçu de ce que deviennent les "quartiers" et autres banlieues que les hommes politiques, eux-mêmes corrompus, abandonnent complaisamment aux petits et grands trafics.
Sur le sujet, voir aussi : Eradiquer la violence dans les banlieues : une solution simple et efficace !

Wagner Moura, dans le rôle du capitaine

Aperçus du film ici (mais ça ne vaut pas la version officielle sur grand écran) - 1 :
http://www.dailymotion.com/relevance/search/tropas%2Bde%2Belite/video/x4ovvo_tropadeelite1-vo-soustitree_shortfilms
2 : http://www.dailymotion.com/related/x4ovvo/video/x4p033_tropadeelite2-vo-soustitree_shortfilms
3 : http://www.dailymotion.com/related/x4p033/video/x4pbzi_tropadeelite3-vo-soustitree_shortfilms
4 : http://www.dailymotion.com/related/x4p033/video/x4pdlx_tropadeelite4-vo-soustitree_shortfilms
5 : http://www.dailymotion.com/related/x4p033/video/x4pk7r_tropadeelite5-vo-soustitree_shortfilms
6 : http://www.dailymotion.com/related/x4p033/video/x4pqwf_tropadeelite6-vo-soustitree_shortfilms
7 : http://www.dailymotion.com/related/x4p033/video/x4qnne_tropadeelite7-vo-soustitree_shortfilms
8 : http://www.dailymotion.com/related/x4p033/video/x4qq28_tropadeelite8-vo-soustitree_shortfilms
9 :
http://www.dailymotion.com/relevance/search/tropa.de.elite-9/video/x4r31y_tropadeelite9-vo-soustitree_shortfilms
10 :
http://www.dailymotion.com/related/x4p033/video/x4r45i_tropadeelite10-vo-soustitree_shortfilms

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11 mai 2008 7 11 /05 /mai /2008 14:26
Les étiquettes politiques sont parfois trompeuses. De nos jours, il semble que les idées des mouvements d'extrême-gauche sud-américains montrent plus d'affinités avec celles de l'extrême-droite française qu'avec le prêt-à-penser des bobos gauchos de Saint-Germain-des-Prés. Alors que ces derniers jouent chez nous les idiots utiles du système en appuyant les régularisations massives de migrants décidées par les négriers des temps modernes, alors qu'ils soutiennent de prétendus anti-fascistes russes contre le gouvernement du méchant Poutine (vous comprenez, Poutine a mis au pas une poignée de milliardaires corrompus, bouh que c'est pas bien !), bref alors qu'ils jouent le mondialisme contre les nations, les gauches d'Amérique du Sud, eux, sont nationalistes !

A front renversé

Prenons le cas de la Bolivie. En janvier 2006, Evo Morales, dirigeant du MAS (Movimiento al socialismo / Mouvement vers le socialisme), élu président du pays un mois plus tôt, entre en fonctions. Le socialisme annoncé est au programme, cela va sans dire. Mais tous les Boliviens ne s'y reconnaissent pas, loin s'en faut. De là à fomenter la partition du pays, il y avait un (grand) pas, que certains n'ont pas hésité à franchir sur le conseil d'un certain Philip S. Goldberg...

Pour ceux qui ont suivi les derniers événements du Kosovo, Monsieur Goldberg n'est pas un inconnu. Après avoir été assistant spécial pour la Bosnie de l'ambassadeur américain Richard Holbrooke (1994-1996) et artisan des accords de Dayton qui ont enteriné la désintégration de la Yougoslavie, Goldberg a à nouveau sévi dans la région en tant que chef de la mission US à Pristina, Kosovo (2004-2006). On vient de voir le résultat ! L'atomisation de l'Europe des Balkans n'est d'ailleurs pas finie, puisque le même Goldberg manifeste aussi un intérêt tout particulier pour le Monténégro... En attendant, voilà qu'il fait un petit tour en Bolivie où il a été nommé ambassadeur US en août 2006.

Cependant, en Amérique latine, les Gringos en rangers et leurs séides, on les voit venir de loin ! (Pour ceux qui croient, à la suite d'une publicité pour un mauvais café, que "gringo" est une expression sympa, précisons que c'est un terme injurieux pour désigner le Ricain). Jorge Mansilla, l'ambassadeur bolivien à Mexico (Mexique), ne s'y est pas trompé. Dans une déclaration du 29 avril 2008, il n'hésite pas à dire publiquement que Philip Goldberg n'a été nommé à son poste en Bolivie que pour y provoquer des divisions du même ordre que dans les Balkans.

La comparaison n'est pas aussi incongrue qu'il peut paraître quand on sait que l'un des principaux acteurs du mouvement autonomiste qui touche maintenant les provinces boliviennes de Santa-Cruz, Beni, Pando et Tarija, n'est autre qu'un industriel croate, Branko Marinkovic !

Le moyen de la partition ? Le référendum, bien sûr !, et des sommes colossales mises au service des factieux par le NED américain (National Endowment for Democracy), sommes qui se chiffrent en centaines de millions de dollar$. Mais contrairement au Kosovo, la "Communauté internationale" a pour une fois refusé de donner du crédit à cette mauvaise farce (le référendum des quatre provinces qui a eu lieu le 4 mai 2008 n'est pour l'instant qu'un coup d'épée dans l'eau). Il faut dire que les Etats voisins se savent aussi menacés : la Bolivie n'est qu'un maillon faible du continent sud-américain. Partant, c'est un terrain d'expérimentation pour une stratégie US de morcellement des nations rivales qui, à moyen terme, vise tout aussi bien le Brésil, dont la forêt amazonienne attise bien des convoitises. On comprend que le pays, pas fou, ait refusé de reconnaître l'indépendance du Kosovo.

Jouxtant le Brésil, Santa-Cruz et les provinces adjacentes couvrent plus de la moitié du territoire bolivien. C'est là que se trouvent ses plus riches réserves de gaz naturel... La population locale, rebaptisée "Nacion Camba" par Mr Goldberg, du nom que l'on donne en Bolivie aux habitants métissés des plaines, par opposition aux Indiens des Andes, forme 30% du total des Boliviens. Mais, en dehors d'une minorité rassemblant des représentants de la bourgeoisie et les expatriés croates, elle ne semble pas pour l'heure acquise à l'idée d'une partition et à cet étrange concept de "nation" à la sauce Goldberg. En réponse au référendum, des manifestations de grande ampleur en faveur de l'unité nationale ont eu lieu le même jour. Les Boliviens y demandaient l'expulsion de l'ambassadeur des USA, "instigateur du séparatisme". Reste à savoir si le timide Morales saura faire preuve d'assez de poigne pour débarrasser son pays de cette crapule.

Après la Bosnie, la Bolivie.
Après le Kosovo, la Seine-Saint-Denis ?
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28 novembre 2007 3 28 /11 /novembre /2007 21:00
GolfeMex.jpgPuits de pétrole en feu dans le Golfe du Mexique
(Photo Reuters)

Une plateforme pétrolière off-shore appartenant à la Pemex (Petroleos Mexicanos) a pris feu à la suite d'une explosion de gaz le 20 novembre. Le 23 octobre, la chute d'une foreuse sous l'effet de la tempête avait déjà provoqué une explosion faisant 21 morts sur cette même plateforme, qui était depuis en réparation. La baisse de production consécutive ne serait pas très significative (422 barils / jour, soit 0,01% de la production de la Pemex). Reste que cette compagnie, qui est l'un des trois principaux fournisseurs de pétrole des USA, a connu cette année plusieurs ruptures de production du fait de conditions météorologiques en mer particulièrement difficiles et des opérations de sabotage menées contre ses oléoducs par un groupe de rebelles mexicains apparu en 1996, l'Armée populaire révolutionnaire (Ejercito Popular Revolucionario).
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9 octobre 2007 2 09 /10 /octobre /2007 00:10
Eh bien la nouvelle du jour, c'est que Che Guevara est mort. D'accord, ça fait 40 ans. Mais il faut bien rentabiliser un peu cette belle gueule de révolutionnaire ténébreux. Monsieur Tupa, sculpteur bolivien, a donc entrepris de lui faire sa statue, une statue de feraille, 6 mètres de haut et plus de 6 tonnes... une de plus, parce qu'il y en a déjà une tripotée du côté de La Havane (où le culte, il est vrai, est obligatoire), sans compter les tee-shirts, les briquets et toute la panoplie du néo-révolutionnaire rebelle.

Che2.jpg
Tupa dans son atelier (photo EPA via Al Jazeera)
Tu es sûr qu'il ne perd pas ses boulons ?

Voyons un peu. Tout n'était pas mauvais au départ chez le jeune Ernesto Rafael Guevara de la Serna. Né en Argentine en 1928, formé en médecine, il se montre sensible aux malheurs des pauvres gens, ce qui est bien, et croit trouver le remède chez Marx, ce qui l'est moins. Et voilà qu'à force de lire tout Marx, tout Lénine et compagnie, notre brave argentin s'est auto-endoctriné. Résultat : un révolutionnaire dogmatique jusqu'auboutiste, un pur, autrement dit sanglant. Bref, le type du caractère psychorigide chez qui l'idéologie est un aveuglement, mais cela donne si bonne conscience, n'est-ce pas ? A force de simplifier le réel, de le réduire à une lutte de damier, blancs ou noirs, on nie la complexité des sociétés humaines, on abolit toute nuance.

Donc, après avoir rallié Fidel Castro, participé activement à la révolution cubaine et au renversement de la dictature locale du président Batista en 1959,  le "Che" se fit fusilleur chef, pardon procureur d'un tribunal révolutionnaire aux jugements quelque peu expéditifs, puis inventa le goulag cubain, histoire de rééduquer les mal-pensants. C'est ainsi que des opposants à Batista se retrouvèrent parmi les victimes. D'autres, qui au départ n'étaient pas hostiles au changement de régime, durent fuir l'île en toute hâte pour échapper aux persécutions... Le Che n'est pas seul en cause, bien sûr, et c'est tout le système qu'il faut incriminer, sans parler du sale jeu de nos amis les Américains.

Mais tout de même... Paroles du Che : "J'appartiens, de par ma formation idéologique, à ceux qui croient que la solution des problèmes de ce monde est derrière ce que l'on appelle le rideau de fer." La Corée du Nord ? "Un modèle dont Cuba devrait s'inspirer." "Nous avons fusillé, nous fusillons et nous continuerons à fusiller tant que cela sera nécessaire. Notre lutte est une lutte à mort." De la rhétorique révolutionnaire classique, mais prononcée sans rire à la tribune des Nations Unies... (cf. http://fr.wikipedia.org/wiki/Che_Guevara)

Cela, ceux qui veulent bien savoir le savent. Mais pourquoi cette popularité post mortem ? Cette icône communiste devenue sourire commercial ? Il y a plusieurs raisons sans doute. D'abord, la promotion dont le héros mort ou vif a bénéficié à Cuba même et auprès des sympathisants castristes, puisqu'il fait partie de la mythologie du régime. Il meurt le 9 octobre 1967, capturé et exécuté en Bolivie où il tentait sans grand succès de répandre la sédition. En mai 68, vous savez quoi. Donc les soixante-huitards en ont fait leur drapeau et comme ils sont presque tous devenus publicitaires ou journaleux..., sa gueule de révolutionnaire a été déclinée sur tout les supports. Et pas au bénéfice des bonnes œuvres !

Mais cela n'explique pas tout, et notamment sa popularité à travers toute l'Amérique latine. Je passe sur la pitrerie des sénateurs brésiliens qui ont prévu une session spéciale en son honneur le 23 octobre prochain, sans doute pour faire oublier l'énorme scandale de corruption dans lequel ils sont mouillés jusqu'au cou. Mais en Bolivie, au Vénézuela, au Guatemala, au Mexique, Che Guevara représente autre chose. Une sorte de bras d'honneur. Un défi à l'impérialisme US.

Che Guevara, antidote contre les gringos ? (effets non garantis)

Che1.jpgTerra y Sangre ou les reliques de San Ernesto de La Higuera :
flacons de sable de La Higuera (Vallegrande, Bolivie), lieu de l'exécution du guérillero,
vendus dans le petit musée local (photo Reuters)
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20 juillet 2007 5 20 /07 /juillet /2007 00:07
La gauche française s'en était entichée. Mais depuis que ses représentants jouent les ravis du sarkosisme, les révolutionnaires folkloriques semblent être passés aux oubliettes du gauchisme et les tee-shirts neufs du "Che" sont bons pour le placard. Pourtant le sous-commandant Marcos est toujours là. Enfin là... Je veux dire ici : http://enlacezapatista.ezln.org.mx/, sur le site officiel de l'Armée zapatiste de libération nationale (Ejercito zapatista de Liberacion nacional ou EZLN) et l'on peut suivre son emploi du temps au jour le jour. L'armée en question, si elle se présente sous le costume des guérilleros, n'en a pas les pratiques, puisqu'elle privilégie des "actions de sensibilisation" non-violentes telles que manifestations, communiqués lyriques et rencontres alter-mondialistes. Elle est d'ailleurs bien tolérée par le gouvernement central mexicain. Mais surtout l'EZLN assume le gouvernement civil des communes autonomistes de l'Etat sudiste du Chiapas, sortes de "Tradiland" pour la défense des autochtones.

Depuis les expropriations violentes à l'origine de la révolte d'Emiliano Zapata en 1910, le droit des paysans Indiens à vivre sur leurs terres est régulièrement remis en cause par les grandes exploitations agricoles, les multinationales US et les politiciens de Mexico qu'elles ont su corrompre. Ceux-ci ne jurent que par la monoculture industrielle, contraire au mode de vie traditionnel et à l'intérêt des communautés indiennes. "Les plantations de canne à sucre sont comme une maladie maligne qui s'étend et détruit, et fait disparaître tout pour prendre possession de terres et encore de terres avec une soif insatiable" (1874). On croirait un texte de 2007 sur les méfaits de l'extension des cultures de "bio-carburants"... Rien de nouveau sous le soleil du Mexique. Les menaces se nomment aujourd'hui Wal Mart et ses projets de supermarchés, ou encore l'exploitation du pétrole, richesse de cette région très pauvre dont les habitants ne tirent aucun bénéfice. Plutôt pragmatique, le mouvement néo-zapatiste privilégie l'auto-gestion des villageois et le "développement durable", ce qui, ma foi, est fort sympathique. Viva Zapata !

Et Marcos, me direz-vous ? Aux dernières nouvelles, le célèbre porte-parole anonyme de l'EZLN se porte comme un charme. Modestie, timidité, abnégation, nihilisme ou que sais-je, il ne quitte pas son passe-montagne et vient de changer de nom : Commissaire Zéro. Tous ces intellectuels parisiens imbus de leur auguste personne devraient méditer.

Le marxisme à la mode du Mexique (mais est-ce encore du marxisme ?)

Et dire que je suis tombée sur la photo en cherchant des informations sur... les déesses du Népal !
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9 février 2007 5 09 /02 /février /2007 00:44
La solution nous vient du Brésil. Et puisque nous en sommes à imiter les Brésiliens, chiche !
(cf. http://geopolis.over-blog.net/article-4004293.html)

Dans les années 60, Rio de Janeiro était, à ce qu'il paraît, une ville parfaitement sûre. Puis est venu l'exode rural et des populations des campagnes, poussées par des périodes de sécheresse ou attirées par le développement des grandes villes, ont afflué. Pauvres et déracinées, n'ayant guère les moyens de se loger en ville, elles se sont entassées dans des logements de fortune dans des zones péri-urbaines dépourvues d'infra-structures, mais où l'on pouvait s'installer sans permis de construire. Même si les logements ont été depuis reconstruits en dur et si les structures et services ont fait leur apparition (tout le monde a la télévision...), ces zones sont devenues des foyers de délinquance. Ce que nous appelons bidonvilles, se nomme là-bas favelas. A Rio cependant, du fait des spécificités de la topographie, les nouveaux venus, au lieu d'être tous rejetés en périphérie, ont trouvé place sur les collines qui parsèment la ville, avec vue imprenable sur les beaux quartiers. Le laxisme et la corruption des dirigeants politiques locaux ont fait le reste. Les maires successifs ont fermé les yeux lorsque les trafiquants de drogue se sont installés et l'accroissement de la violence est devenu exponentiel. Les hurluberlus qui, après les émeutes dans nos banlieues en 2005, se réjouissaient que celles dominées par les trafiquants fussent restées calmes, feraient mieux de se renseigner. La délinquance et les trafics en tous genres sont étroitement liés.

Depuis des années maintenant, vols à main armée, trafic et consommation de drogue, enlèvements contre rançon, attaques de commerce, autoroutes-jacking (on dévalise non pas une voiture, mais toute une bretelle d'autoroute embouteillée...), meurtres et échanges de coups de feu entre factions mafieuses pour le contrôle des collines et des points de vente de cocaïne sont monnaie courante dans les principales villes du pays.  Résultat : l'homicide est devenu la plus grande cause de mortalité chez les jeunes de 15-24 ans. En 2001, à Rio de Janeiro, sur 100 morts dans la classe d'âge 15-19 ans, 65% avaient été tués par arme à feu... En moins d'une vingtaine d'années, le nombre des Brésiliens assassinés a augmenté de 237% ! Et selon l'ONU, le Brésil est le premier pays du monde pour le nombre des tués par balle. Les habitants de Rio disent d'ailleurs qu'il y a au jour le jour plus de meurtres chez eux qu'à Bagdad... Etre réveillée vers les 3h du matin par des tirs d'armes automatiques et autres explosions de grenades venant de la favela voisine (parce qu'à Rio on est toujours dans le voisinage d'une favela, même à Ipanema), la première fois, ça surprend ! Alors je veux bien les croire.

Si l'on considère maintenant la situation actuelle des banlieues françaises abandonnées aux trafics mafieux avec la complicité tacite des autorités locales et des services de l'Etat... il est flagrant que la France chemine à grands pas dans la même direction. Causes comparables, mêmes effets. Paris, Marseille, Lyon, Toulouse... seront bientôt aussi dangereuses que Rio ou Sao Paulo. Mais cela restera cantonné aux banlieues, me répondront plaisamment les habitants des centre-ville. Que nenni ! Les transports en commun et les véhicules automobiles sont faits pour se déplacer. Sans compter que, sous couvert de logements sociaux, plusieurs cités forment déjà des abcès de fixation de la délinquance en plein Paris... Une croissance exponentielle, je vous dis. Alors que faire ?

Rio de Janeiro, août 2006 (photo de Cécile)

Eh bien, les habitants de Rio ont enfin trouvé la solution. C'est venu d'une favela, Rio de Pedras dans le quartier de Jacarepagua, où depuis quelques années on n'a plus revu le bout du nez d'un seul trafiquant et la délinquance a disparu. Fini de chez fini ! Il y a déjà une thèse de doctorat sur le sujet à l'Université catholique de Rio de Janeiro. Comment ? Par quel miracle ? On le comprendra mieux à travers l'article que je traduis ci-après, trouvé sur le blog d'un officier de police chargé de superviser les opérations de sécurité dans l'Etat de Rio. Parce que, oui, au Brésil, le chef de la police a un blog et ce n'est pas de la langue de bois...

Mais d'abord, quelques mots sur l'auteur, qui est tout sauf un plaisantin. Mario Sergio de Brito Duarte, lieutenant-colonel de la Police Militaire (l'équivalent de notre police nationale) de l'Etat de Rio de Janeiro, ancien commandant de l'Académie de Police Militaire, ancien commandant du Bataillon des Opérations Spéciales, ancien conseiller à la Mairie de Rio sur les questions de dépendance aux stupéfiants, est aussi universitaire, philosophe, écrivain (Incursionando no Inferno : A Verdade da Tropa, RJ, 2006) et consultant auprès de divers organismes et institutions tels que la Secrétairerie des Droits de l'homme de l'Etat de Rio de Janeiro ou le Conseil Anti-drogues de la ville de Blumenau dans le Sud du Brésil. Son blog s'intitule "Securité publique : Idées et Actions"...

*
Les milices locales dans les favelas de Rio
http://marius-sergius.blogspot.com/2006/09/milcias-locais-nas-favelas-do-rio.html
20 septembre 2006

Ces dernières années, un phénomène social nouveau est apparu et s'est développé dans  plusieurs favelas de la ville de Rio de Janeiro - nouveau pour les habitants de Rio, mais pas inconnu des sociétés marquées par la violence et le banditisme effréné. Il est de notoriété publique [au Brésil en tout cas] que des quartiers pauvres, cibles de prédilection des cartels de narco-trafiquants, sont passés sous le contrôle d'une sorte de service de police assuré par des organisations illégales qui en règle générale regroupent des policiers et d'autres membres des forces de sécurité, militaires, mercenaires, pompiers, gardiens de prison et vigiles.

Ayant pour objectif premier de préserver les habitants du trafic de drogue et de ses conséquences néfastes, notamment la structure paramilitaire des trafiquants qui réduit les habitants en esclavage et provoque des luttes sanglantes entre factions rivales pour le contrôle du terrain, sans compter les affrontements avec les forces de police, ces nouveaux groupes - les milices, - tout aussi illégaux mais généralement bien vus par la population, se multiplient et sont en passe de devenir une forme de police sociale complémentaire.

Je parle de contrôle social parce que, outre la surveillance effective d'un territoire donné, les milices connaissent bien la vie quotidienne des habitants, ce qui leur permet de repérer toute anomalie, et contrôlent aussi les individus de passage, marchands ambulants, visiteurs, travailleurs sociaux, etc.

On peut analyser comme suit les avantages et les inconvénients de ce type de "police locale", créé pour pallier les lacunes de l'Etat dans les missions régaliennes qui sont les siennes.

Avantages de l'implantation d'une milice

Les quartiers ainsi protégés se voient libérés de l'ultra-violence des trafiquants et des actions monstrueuses qui résultent de leur stratégie d'intimidation et de terreur. Pour prendre un exemple, la nouvelle coutume [chez les narco-trafiquants brésiliens] est d'immoler les habitants mécontents ou tous ceux qui osent se plaindre d'eux, de les découper vivants, en d'atroces souffrances, pour jeter les morceaux à des animaux affamés, en général des porcs...

La disparition du trafic, la disparition de l'offre, préservent les enfants et les adolescents de ces quartiers de l'exposition aux drogues et de la tentation d'y céder, ce qui en principe tient déjà lieu de prophylaxie et facilite la vie des parents et la tâche des éducateurs.

Les quartiers se voient aussi épargner les opérations de police dont, pour des raisons évidentes, on ne peut garantir que les échanges de coups de feu à l'arme automatique avec les trafiquants ne tueront pas des victimes innocentes, et notamment des enfants, comme c'est arrivé tant de fois. En soi, les armes des trafiquants sont une cible beaucoup plus importante pour la police que les saisies de drogue et, en l'absence de narco-trafic, elle peut faire porter ses efforts sur d'autres domaines.

Les quartiers se trouvent également libérer des guerres de factions qui tuent aussi bien des trafiquants que des innocents et donnent lieu à une persécution systématique à l'encontre de tous les proches des "soldats" du camp adverse, si on parvient à les dénicher. Une fois les trafiquants chassés, l'interdiction par les milices de toute apologie de ces bandes mafieuses libère les quartiers de la culture de haine entre bandes rivales qui ailleurs ne cesse de s'accroître.

Enfin, dans les quartiers ainsi libérés, les autres crimes et délits qui affectent les habitants tels que vols et cambriolages, disparaissent également. Les habitants retrouvent alors confiance et sérénité, puisque ces crimes et délits sont justement parmi les plus redoutés.

Inconvénients de l'implantation d'une milice

Les quartiers passent à dépendre d'une autorité illégale et tombent sous le gouvernement de personnes non élues par le suffrage citoyen. [Il faut quand même rappeler que les trafiquants non plus ne sont pas élus !]

Plusieurs services publics comme la fourniture de gaz, les transports, les taxes sur les ventes de biens meubles et immeubles deviennent monopole des milices.

Certaines activités illégales comme le piratage de la télévision par câble (le "Matounet") sont introduites ou, reprises aux trafiquants, se poursuivent.

Les litiges et conflits qui, en temps normal, devraient être tranchés par la justice, sont résolus sur place d'autorité et souvent contre la volonté des plaideurs.

Les fêtes et manifestations publiques de quelque nature qu'elles soient sont soumises à autorisation de la milice.

Enfin, et sans prétendre épuiser ici le sujet, les représentants  démocratiques, en particulier les associations d'habitants peuvent être soumis à des pressions diverses, comme il arrive aussi aux quartiers dominés par les trafiquants...

Telles sont quelques-unes des questions que soulève le phénomène des milices des favelas de Rio.
M.S. de Brito Duarte
*
Pour résumer donc, des milices constituées de policiers, de militaires hors de leurs heures de service, d'anciens policiers et assimilés, sont en train de reprendre aux trafiquants de drogue le contrôle des favelas de Rio de Janeiro. Ils investissent le terrain manu militari, exécutent les trafiquants, expulsent leurs familles et font construire un mur de sécurité autour du quartier. Plusieurs dizaines ont déjà été libérés. Ces milices vendent leur protection moyennant une taxe d'environ 15 reais (5,50 €) par logement et un pourcentage sur les transactions. Les résultats des sondages sont sans appel : la population préfère les milices aux trafiquants. Et cela se comprend !

Bien sûr, c'est parfaitement illégal, mais si l'Etat faisait son travail, on n'en serait pas là. Et comme le faisait remarquer un Brésilien, on ne voit pas pourquoi, quand un riche se paye des gardes du corps à 200 $ (150 €), un pauvre n'aurait pas le droit de payer 15 reais pour sa sécurité. Le gouvernement brésilien et la mairie de Rio sont donc en train de réfléchir à la légalisation des milices...
Deux bus incendiés...
Non, ce n'est pas Clichy-sous-Bois, mais une rue de Rio
à proximité de la favela de Mangueira
encore aux mains de trafiquants de drogue fortement armés
qui ont ainsi voulu se venger de la mort de deux des leurs
le 16 janvier 2007

Et la France ? Lors des émeutes de l'automne 2005, le Ministre de l'Intérieur avait manifesté son opposition catégorique à l'éventualité de la constitution de milices de quartier : ce n'était pas sa conception de la sécurité. Mais dans le même temps, il interdisait formellement aux unités de CRS mobilisées pour l'occasion de pénétrer dans les cités : "pour ne pas provoquer"... Interdire l'auto-défense et entraver la police, n'est-ce pas la quadrature du cercle ? N'est-ce pas livrer les habitants au bon vouloir des criminels ? Faut-il donc se résoudre à abandonner les quartiers pauvres aux mains des délinquants et des trafiquants de drogue ? Aujourd'hui, les Français ne semblent pas prêts à se défendre, mais demain, si l'Etat continue d'être défaillant...

Les chiffres de l'insécurité sont mauvais ? Demain ce sera pire ! Et quand j'affirme que Paris va devenir aussi dangereux que Rio, je fais encore preuve d'optimisme. Au Brésil, honnêtes gens et trafiquants appartiennent à une même population. La violence est seulement générée par le trafic. Si la cocaïne est destinée aux habitants des beaux quartiers, les enfants pauvres se droguent à la colle. Vingt mots de vocabulaire, la cervelle en compote, sans repères, ils peuvent être ultra-violents si vous faites mine de refuser votre porte-feuille. Mais ils ne vous haïssent pas. Vous me direz, avec ou sans haine, quand on se prend une balle dans la tête, le résultat est le même ! Mais en France, à la convoitise du voleur, s'ajoute la haine du "jeune" pour tout ce qui ne lui ressemble pas : le Français, le Blanc, la Femme occidentale, nous. Il ne s'intéresse pas qu'au porte-feuille ou au portable, il s'amuse à humilier. Alors ça promet ! Toujours est-il que si l'on veut vraiment imiter les Brésiliens, il y a une solution simple, efficace et radicale à la violence dans les banlieues. Juste une question de volonté.
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20 janvier 2007 6 20 /01 /janvier /2007 23:47
Voici l'oiseau :

Président depuis déjà huit ans, le colonel Hugo Chavez a été réélu en décembre 2006 à la tête du Vénézuela avec 61% des voix. Ce nouveau mandat de 6 ans commence en fanfare : Chavez vient d'obtenir les pleins pouvoirs pour les 18 prochains mois au nom de la "nécessité historique"... Curieux personnage que cet autocrate du Vénézuela que l'extrême-gauche adule et que la droite déteste.

Reprenons. Sans prétendre donner le fin mot sur le personnage, certains traits méritent d'être soulignés. Né en 1954, formé à l'Académie militaire de Caracas et diplômé en sciences politiques de l'Université Simon Bolivar, Hugo Chavez est d'abord un officier sud-américain, ce qui implique plusieurs choses. Dans sa variante côte est - à ne pas confondre avec le style côte ouest tendance Pinochet, beaucoup moins souriant ! - le militaire sud-américain est idéalement nationaliste, putschiste et animé d'idées sociales. Et chez Chavez, précisément, ces trois aspects sont réunis sous le nom de "bolivarisme". La référence à Simon Bolivar (1783-1830), "el Libertador", héros des guerres d'indépendance contre l'Espagne au Vénézuela, son pays natal, mais aussi en Colombie, en Bolivie (pays qui lui doit son nom), à Panama et au Pérou, est un leitmotiv du discours chavezien. Dès 1983, à l'occasion du 200e anniversaire de la naissance de son héros, il avait fondé une organisation militaire, le "Movimiento bolivariano revolucionario 200"... nationaliste, socialiste et putschiste comme il se doit ! La propension irrésistible de l'officier sud-américain à fomenter des putschs s'est révélée en février 1992 lors d'une tentative de coup d'Etat contre le président Perez alors en exercice qui sera plus tard destitué pour corruption. L'échec de cette intéressante initiative conduit le trublion à la case prison pour deux ans. Mais rien de tel qu'un coup d'Etat, même raté, pour se faire connaître de la population. En novembre 1992, du fond de sa prison, Chavez remet ça - quand je vous dis que c'est irrésistible ! - et tente un nouveau putsch par personnes interposées. Le coup d'Etat par vidéocassette manque de peu, mais le colonel une fois libéré se convertit à la voie démocratique. Son mouvement, le MVR (Movimiento Quinta Republica), coalisé avec les partis de gauche, obtient plus de 30% aux élections législatives de 1998 et dans la foulée, Chavez remporte les présidentielles haut la main avec 56% des voix. Simple, non ?!

Hugo Chavez est donc président depuis 1998 - plus besoin de putsch, donc !  - et le Vénézuela, depuis la nouvelle constitution de 1999, se nomme officiellement "République bolivarienne du Vénézuela". Tout un programme ! Il s'agit maintenant de résister aux tentatives de coup d'Etat adverses (celui de Pedro Carmona, président de la Chambre de commerce, en avril 2002, et le référendum sur la révocation du président en 2004 seront les plus marquants, mais il y en a eu d'autres). Je renvoie à la fiche de Wikipédia pour le détail de la politique de Chavez et ce qu'il faut entendre par "démocratie participative"... (http://fr.wikipedia.org/wiki/Hugo_Ch%C3%A1vez) Toujours est-il qu'à voir les foules qu'il déplace le président vénézuelien est très populaire dans son pays.
Caracas, 6 décembre 2003 : manifestation de partisans d'Hugo Chavez
(Sarkozy va encore faire sa crise !)

Volontariste et volontiers autoritaire, le bolivarisme à la Chavez est multiforme : social, il favorise le développement de coopératives, le microcrédit et les grands programmes qui mettent en avant le rôle de l'armée dans la société, un brin écologiste, il interdit la culture des OGM, nationaliste (cf. le rôle de l'armée), il a renvoyé les conseillers militaires américains (et les prédicateurs protestants de même) et étatise les sources d'énergie... On retrouve les composantes déjà citées plus haut, auxquelles il faut ajouter quelques autres facettes du personnage Chavez. Il est populiste, cela va de soi. Il est grosso modo catholique, mais tendance "théologie de la libération", ce mélange improbable de catholicisme et de marxisme qui a contaminé une partie de l'Amérique latine avant que le pape Jean-Paul II y mette le holà. Il est aussi indigéniste, ayant visiblement du sang indien, et a même apporté son soutien à des tribus amérindiennes des USA ; ceci étant, l'indigénisme ou exaltation des racines indiennes, dont on voit aujourd'hui le réveil en Amérique latine, est de longue date une composante du nationalisme dans certains pays de la région (au Brésil, par exemple). Enfin, après Simon Bolivar, il s'est trouvé un nouveau modèle et se pense maintenant en héritier de Fidel Castro, non pas tant pour imiter la dictature communiste de Cuba, que pour remplacer le moribond dans le rôle de l'emm... n° 1 des USA. Un excellent rôle, ma foi, et très valorisé en Amérique latine. Pour cela, Chavez s'y connaît ! ...tout en continuant à fournir les Etats-Unis en pétrole vénézuélien comme si de rien n'était.

A l'occasion du 60e anniversaire de l'ONU en septembre 2005, la président du Vénézuela est ainsi allé déclarer devant l'Assemblée générale de l'organisation à New York : "Nous proposons que le siège des Nations Unies quitte un pays qui ne respecte pas les décisions de l'Assemblée générale"... Ça a tout de même plus de gueule que les platitudes des dirigeants français et ça a dû en défriser plus d'un du côté de Washington ! Dans la même veine, il prône la disparition pure et simple du FMI, et au vu du bilan de plusieurs de ces organimes supranationaux (FMI, Banque mondiale), il n'a peut-être pas tort... Moyennant quoi, pour asticoter un peu plus les USA et surtout se ménager un réseau d'alliances indépendant, Chavez s'affiche avec des personnages plus ou moins douteux (Khadafi, Ahmadinejab, Loukachenko : une belle brochette), mais moyennant quoi aussi, il a propulsé son pays à un niveau de notoriété et d'influence sur la scène internationale encore jamais atteint depuis Simon Bolivar. Et, en dehors de la Colombie voisine, le Vénézuela reste en bons termes avec les autres pays d'Amérique du Sud qui se sont ingéniés à faire échouer les projets de zone de libre-échange des USA...

Voir aussi : "Chavez contre Israël ou inversement"
(http://geopolis.over-blog.net/article-3496727.html)

Ah, j'allais oublier : Pour compléter le portrait et en revenir à la première photo, il y a aussi un côté "Captain Flame" chez Chavez. Combinaison rouge (forcément), petite cape... ça fait un peu super-héros de Comics. Kitch à souhait ! Le perroquet vert c'est sans doute pour le côté écolo-sympathique et la touche d'exotisme indigène. Drôle d'oiseau, ce Chavez ! Et curieux, tout de même, l'amour de l'extrême-gauche française pour un colonel nationaliste...
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29 septembre 2006 5 29 /09 /septembre /2006 23:02
Je ne vais pas annoncer les résultats de la prochaine coupe du monde de football, mais proposer un parallèle entre deux pays fort différents de prime abord : d'une part en Amérique du Sud, le Brésil (8,5 millions de km2, 186 millions d'habitants), de l'autre en Europe, la France (0,5 million de km2, 65 millions d'habitants).

Il fut un temps - très bref (1555-1560) - où le Brésil s'appela "France antarctique". C'était l'époque où l'amiral de Villegagnon tentait d'implanter une colonie française (et protestante) dans la baie de Guanabara (Rio de Janeiro). Le Brésil est resté portugais (et catholique), mais l'influence française ne s'est jamais démentie depuis lors, pour le meilleur... et pour le pire. Dans le meilleur, on peut compter la francophilie des Brésiliens, les voyages de savants, la tradition des ouvrages d'art à la française, etc. ; dans le pire, l'abolition de la monarchie en 1889 à la suite d'un coup d'Etat fomenté par des officiers saint-simoniens et de grands propriétaires terriens mécontents de l'abolition de l'esclavage... Ah, le modèle de la République française ! Ces Messieurs reprochaient à l'empereur Dom Pedro II la Loi d'Or de 1888 par laquelle il avait mis fin à l'esclavage. Mais puisqu'il s'agit quand même d'un pays civilisé, on ne lui coupa pas la tête et on l'envoya finir ses jours en exil... en France. La République fut donc proclamée à titre provisoire le 15 novembre 1889 dans l'attente d'un référendum : république ou monarchie ? Bien entendu, le référendum, on se garda bien de l'organiser ! Et ce n'est qu'en 1993, soit un siècle plus tard, qu'il a eu lieu et que les Brésiliens ont enfin été consultés sur le choix du régime. La monarchie y a quand même recueilli 10% des voix... Entre temps, comme la république française avait eu sa Vendée, celle du Brésil a eu la révolte de Canudos (1893-1897), écrasée dans le sang...

Côté français, le début du XXe siècle montre un grand engouement pour "la petite sœur latine de la France" (sic) et ses représentants de passage : l'aviateur Santos-Dumont, le compositeur Villa-Lobos, etc. Villa-Lobos, par exemple, c'était un peu la latinité aimable opposée à la germanité wagnérienne. Mais alors que la France avait toujours fait figure de modèle, les Brésiliens étant prompts à adopter les modes venues de Paris, il semble que le rapport se soit ajourd'hui inversé, en tout cas dans l'esprit des Français. Voilà-t-y pas que nous voulons à toutes forces nous transformer en Brésiliens ! Cela a commencé avec le football, et maintenant certains voudraient appliquer un prétendu modèle brésilien à l'ensemble de la société française qui n'en peut mais. Le métissage, ils appellent ça. Mais c'est bien mal connaître le Brésil, un pays où le sentiment de l'unité nationale est très fort et dont la population n'a pas changé de composition depuis plus de 50 ans...

Voir aussi : http://geopolis.over-blog.net/article-5577749.html
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9 août 2006 3 09 /08 /août /2006 19:39

Le Vénézuela et Israël viennent de rompre leurs relations diplomatiques. Le 3 août dernier, le président vénézuelien Hugo Chavez a annoncé dans une allocution télévisée le rappel de son ambassadeur en Israël. A l'issue d'une parade militaire dans l'Etat de Falcon, dans le nord-ouest du Venezuela, il a précisé, en qualifiant de génocide les attaques israéliennes : "Cela provoque vraiment l'indignation de voir comment l'Etat d'Israël continue de bombarder, de tuer [...] avec toute la puissance qu'ils détiennent, avec le soutien des Etats-Unis".

Les relations entre les deux Etats sont à l'image de leurs relations respectives avec les USA. On se souvient de la campagne médiatique lancée par le Centre Simon Wiesenthal de Buenos Aires (Argentine) début janvier 2006, relayée par des journaux français (Le Monde et Libération du 9 janvier 2006), pour accuser Chavez d'antisémitisme. Le Centre prétendait même - sans grand effet d'ailleurs - bloquer l’intégration du Venezuela dans le Mercosur (marché commun latino-américain) en demandant aux gouvernements d’Argentine, du Brésil, du Paraguay et de l’Uruguay de geler le processus tant qu’Hugo Chavez n’aurait pas prononcé d’excuses publiques.

Il s'est avéré que ces accusations reposaient en fait sur une citation tronquée : "les descendants de ceux-là mêmes qui crucifièrent le Christ se sont appropriés les richesses du monde", qu'il faut replacer dans son contexte, une déclaration faite à la veille de Noël 2005 devant une association humanitaire : « El mundo tiene para todos, pues, pero resulta que unas minorías, los descendientes de los mismos que crucificaron a Cristo, los descendientes de los mismos que echaron a Bolívar de aquí y también lo crucificaron a su manera en Santa Marta, allá en Colombia. Una minoría se adueñó de las riquezas del mundo, una minoría se adueñó del oro del planeta, de la plata, de los minerales, de las aguas, de las tierras buenas, del petróleo, de las riquezas, pues, y han concentrado las riquezas en pocas manos : menos del diez por ciento de la población del mundo es dueña de más de la mitad de la riqueza de todo el mundo », Hugo Chavez Frias, 24 décembre 2005 (« Le monde appartient à tous, toutefois des minorités, les descendants de ceux-là mêmes qui crucifièrent le Christ, les descendants de ceux-là mêmes qui expulsèrent Bolivar d’ici et le crucifièrent d’une certaine manière à Santa-Marta, en Colombie ; une minorité s’est approprié les richesses du monde ; une minorité s’est approprié l’or de la planète, l’argent, les minéraux, l’eau, les bonnes terres, le pétrole, les richesses donc, et les a concentrées entre quelques mains : moins de 10 % de la population mondiale est propriétaire de plus de la moitié des richesses du monde »).

Il s'agit pourtant d'une dénonciation assez classique d'un certain impérialisme, doublée d'un constat que tout le monde peut faire (l'inégalité de la répartition des richesses entre les habitants de la planète), le tout mâtiné de lyrique bolivarienne avec une pincée de catholicisme ad hoc en cette veillée de Noël. Pas de quoi fouetter un chat. Les représentants de la communauté juive du Vénézuela s'étaient d'ailleurs totalement désolidarisés du Centre Wiesenthal.

Toujours est-il que les relations entre les deux pays sont, depuis, exécrables.

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