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  • : Géopolis est consacré à la géopolitique et à la géostratégie : comprendre la politique internationale et en prévoir les évolutions, les conflits présents et à venir, tel est le propos, rien moins !
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Géopolis

Par ces temps troublés, l'actualité géopolitique inquiète et déconcerte. Les clefs nous manquent souvent pour en appréhender les facteurs d'évolution décisifs. Et en cette matière, les médias communs informent à peu près aussi mal qu'ils sont mal informés. On nous parle beaucoup de "mondialisation", mais la compréhension des désordres mondiaux n'en paraît pas tellement meilleure et les désordres eux-mêmes persistent, redoublent même... Bien sûr, Géopolis n'a pas la prétention de tout savoir et de tout expliquer. Nous tenterons simplement ici avec ceux qui voudront bien nous rejoindre de contribuer à la réflexion, d'éclairer certaines questions d'actualité en apportant des informations passées inaperçues ou des témoignages de première main, et aussi de prendre un peu de distance pour ne pas trop nous laisser impressionner par l'impact immédiat des événements. A qui s'adresse Géopolis ? A nous tous, simples citoyens, parce qu'en nos pays réputés démocratiques, nous sommes à l'origine de choix cruciaux : par le vote, c'est nous qui portons au pouvoir des hommes dont les décisions (ou les indécisions) feront le monde de demain, les guerres, la vie et la mort des pays et des peuples... C'est bien sérieux tout ça ! - Oui, le sujet est sérieux, mais les manières de l'aborder peuvent ne pas l'être toujours. Il sera donc aussi question de traités d'art militaire, de la formation des chefs d'Etat, de romans d'espionnage ou de cinéma...

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5 août 2006 6 05 /08 /août /2006 23:18

La troisième partie du "Projet socialiste" dont nous poursuivons l'analyse comprend un chapitre sur les Départements et Territoires d'Outremer, un sujet de politique intérieure a priori, mais dont le traitement par le PS ne sera peut-être pas sans conséquences géopolitiques (chap. II "Un nouvel âge de la décentralisation", § D "Valoriser les Outre-mer") :

"Les Outre-mers sont un atout pour la République. Il s’agit de permettre l’affirmation des identités ultra-marines au sein d’une République qui s’accepte et se revendique multiculturelle. Cette approche signifie naturellement promouvoir l’image des Outre-mers dans une France fière de sa diversité, valoriser le potentiel économique des ultra-marins, favoriser un développement durable. Ces territoires constituent une chance considérable en termes de bio diversité et de ressources naturelles. Mais, ces territoires ont également des handicaps structurels sur lesquels la République doit faire un effort particulier. En effet, à l’instar de l’Union européenne, l’Etat doit reconsidérer sa démarche dans les contrats de plan Etat-Régions en augmentant, de manière significative, sa participation financière, pour réduire les contraintes structurelles dues à l’éloignement, la taille de leur territoire, le relief et le climat difficiles, la démographie, la limitation du marché local. C’est sur une base contractuelle, régulièrement évaluée, que nous entendons respecter clairement les choix de la population et des élus d’Outremer pour assumer la meilleure gouvernance en utilisant toutes les possibilités qu’offre la Constitution. Après évaluation visant à atteindre une meilleure efficacité, les dispositifs spécifiques d’Outre-mer en matière sociale et fiscale, seront étendus au profit du logement social et de l’emploi solidaire. Des mesures fortes, telles que les baisses ciblées de TVA et d’abaissement du coût du transport des personnes, de services et de biens doivent permettre d’atteindre l’égalité réelle et d’aboutir à une diminution de moitié du chômage en dix ans. Le rôle des collectivités d’Outre-mer à l’international sera renforcé dans leur zone géographique, notamment dans la discussion des partenariats économiques. E Nous transformerons l’assemblée des Français de l’étranger en collectivité publique sur le modèle d’un Conseil Général d’outre-frontière."

D'où il ressort que le PS envisage 1) d'augmenter les subventions allouées aux départements d'outremer, et 2) de leur accorder l'autonomie voire l'indépendance, si l'on en croît cette phrase sibylline : "C’est sur une base contractuelle, régulièrement évaluée, que nous entendons respecter clairement les choix de la population et des élus d’Outremer pour assumer la meilleure gouvernance en utilisant toutes les possibilités qu’offre la Constitution."

Pour ce qui est des subventions, elles sont pourtant déjà considérables et se chiffrent en milliards d'euros (en moyenne 450 euros par an de fonds publics pour chaque habitant et plus encore en Guyane), sans compter la défiscalisation (lois Pons et Girardin) et des charges sociales moins élevées qu'en métropole. Il n'est pas dit que l'augmentation des subventions conduise à une baisse du chômage qui sévit dans ces départements ; elle pourrait même avoir exactement l'effet inverse car on y gagne moins à travailler qu'à percevoir les aides sociales.

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5 août 2006 6 05 /08 /août /2006 20:46

L'élection présidentielle d'avril-mai 2007 approche. Le choix du président pèsera lourd sur la politique étrangère de la France dans les années à venir. Les réactions de certains futurs électeurs aux événements du Proche Orient montrent aussi que les questions de géopolitique peuvent influer sur le vote d'une partie d'entre nous. Géopolis se propose donc d'examiner le programme des candidats en lice et de leurs partis en matière de politique internationale.

Disons d'emblée qu'il faudra s'habituer à lire entre les lignes : les programmes politiques et autres déclarations d'intention sont assez largement rédigés en un langage codé qui tient à la fois de la langue de bois et du flou pas toujours artistique, l'intention à peine dissimulée étant bien sûr de plaire au plus grand nombre d'électeurs potentiels... Il y a donc parfois un fossé entre les déclarations et les intentions réelles... Mais l'exercice peut quand même être instructif et aider les indécis à se déterminer.

Nous commencerons par le parti socialiste, tous candidats à la candidature confondus puisque sous le titre de "Projet socialiste" le programme dont nous reproduisons des extraits ci-après a été adopté par les membres du PS d'un commun accord. La première partie, "Réussir le plein emploi dans un développement durable", aborde brièvement la question européenne (chap. I, § E "L'Europe mobilisée") :

"Nous [entendons : les socialistes] souhaitons renforcer le pilotage économique de la zone euro et travaillerons à la mise en place d’un véritable gouvernement économique, avec un objectif d’emploi, de croissance et d’innovation. Nous voulons donner à l’Europe la capacité d’investir dans l’avenir en augmentant fortement le budget européen, particulièrement la part du budget de la recherche, et en décidant le lancement d’un emprunt européen avec la Banque européenne. Nous proposerons d’instituer un salaire minimum dans chaque pays européen pour lutter contre le dumping social."

Le PS se propose donc 1) d'accroître les pouvoirs de Bruxelles et par conséquent de diminuer l'autonomie des nations dans ce domaine pour concentrer les prérogatives économiques aux mains d'un "gouvernement économique" dont on ne sait pas très bien d'ailleurs s'il coïncide ou non avec les institutions existantes de l'Union européenne ; 2) d'augmenter fortement le budget européen à la fois par un emprunt et bien sûr par l'impôt car c'est surtout par là que les budgets augmentent... ; 3) d'instituer un salaire minimum européen.

Pour juger de l'effet de cette dernière mesure, censée lutter contre le "dumping" social, il faudrait cependant un objectif chiffré car il est très peu probable que les pays de l'Union s'accordent pour aligner ce salaire minimum sur celui de la France... A titre de comparaison, le salaire minimum était en septembre 2004 de 125 euros en Lituanie contre 1173 euros chez nous en valeur absolue, l'écart entre le plus bas et le plus élevé étant de 1 à 12, et même en prenant en compte le pouvoir d'achat, il reste de 1 à 4. Six pays de l'Union seulement ont un salaire minimum supérieur à 1000 euros, contre douze qui ont un salaire minimum inférieur ou égal à 600 euros et sept pays qui n'ont pas de salaire minimum du tout. Etant donné que le dynamisme de certaines économies de l'Union comme celle de la Slovaquie tient en partie au faible coût de la main d'oeuvre sur place, cette proposition restera sans doute un voeu pieux. Et si elle n'est pas assortie de mesures efficaces contre les délocalisations, le "dumping" continuera mais au lieu de délocaliser en Europe, on le fera hors d'Europe...

Le plus vraisemblable est cependant qu'un salaire minimum européen conduise de fait à diminuer le salaire minimum des Français...

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28 juillet 2006 5 28 /07 /juillet /2006 23:21

L'étroitesse des liens politiques tissés entre les Etats-Unis d'Amérique et Israël ne surprend guère. Pourtant ces liens posent question.

On interprète en général cette relation privilégiée comme le résultat de l'influence d'un lobby. Le plus souvent c'est l'influence du lobby juif au Congrès américain qui est mise en avant, le très officiel American Israël Public Affairs Committee, "America's Pro-Israel Lobby" comme il se définit lui-même (cf. www.aipac.org). L'intérêt d'Israël prime et la politique américaine paraît principalement déterminée par des choix en partie étrangers aux intérêts propres des Américains.

 Quelques observateurs font l'analyse inverse : le lobby militaro-industriel américain tire en effet d'énormes profits des tensions persistantes au Proche-Orient, le surarmement d'Israël poussant les pays voisins à investir toujours plus dans leur défense (cf. www.dedefensa.org/article.php?art_id=589). Les USA sont d'ailleurs parvenus à liquider le programme israëlien d'avions militaires Lavi, pour éviter une concurrence aux F-16 qu'ils leur vendent.

En d'autres occasions, comme aujourd'hui dans l'attaque du Liban, les Israëliens peuvent apparaître comme des supplétifs de la politique américaine qui vise ouvertement la Syrie et l'Iran, principal soutien du Hezbollah.

Il n'en demeure pas moins que, pour citer le professeur Zunes (University of San Francisco, Department of Politics), "The US aid relationship with Israel is unlike any other in the world. In sheer volume, the amount is the most generous foreign aid program ever between any two countries" (cf. Stephen Zunes "Tinderbox : US Middle East Policy and the Roots of Terrorism", 2003).

En effet, un tiers du budget américain destiné à l'aide aux pays pauvres est alloué à Israël, bien qu'il s'agisse d'un pays développé et industrialisé. Il est vrai que l'essentiel de cette aide sert ensuite à acheter des armes aux USA...

Cependant, au delà de la question de savoir qui profite le plus de l'alliance, force est de constater que cette alliance elle-même est assez inédite, une sorte d'objet politique non encore bien identifié et tout à fait nouveau dans l'Histoire. Israël serait-il le cinquante-et-unième état des Etats-Unis d'Amérique et l'étoile de David une nouvelle étoile sur le drapeau américain ?

Le processus n'est pourtant pas celui-là. Il ne s'agit pas d'une intégration classique et il ne semble pas non plus y avoir de véritable osmose entre les populations. Il y a en revanche une convergence d'intérêts des gouvernants des deux pays. Cette convergence repose sans doute sur des traités militaires secrets et sur des intérêts financiers partagés, mais ni Israël ni les USA ne cherchent à la dissimuler et ses effets sont d'ailleurs manifestes dans leurs prises de positions respectives.

Dès lors, on s'aveugle sans doute à vouloir encore les considérer comme deux pays distincts alors qu'ils vont toujours de conserve. Attendre, par exemple, du Conseil de Sécurité de l'ONU où les USA ont droit de veto, qu'il émette des réserves, condamne ou intervienne contre telle ou telle action d'Israël, c'est comme demander à Israël de critiquer sa propre politique... Peine perdue ! Il ne faut donc pas s'étonner de la paralysie de l'ONU comme de l'OTAN sur le sujet.

En termes de géopolitique, considérer Israël et les USA comme une seule et même entité permettrait de clarifier les choses. L'entité géopolitique United States & Israel, ou pour faire court, USI, est une hyperpuissance militaire. J'ai retiré le A car son territoire ne se limite pas au continent Nord-Américain. L'USI est membre-directeur de l'OTAN et dispose d'un poste permanent au Conseil de Sécurité de l'ONU.

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23 juillet 2006 7 23 /07 /juillet /2006 22:08
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23 juillet 2006 7 23 /07 /juillet /2006 21:56

Consignes du Quai d'Orsay : "Les voyages vers le Liban sont formellement déconseillés jusqu’à nouvel ordre. L’accès à la frontière syrienne est devenu difficile et dangereux à la suite des bombardements qui ont entraîné la fermeture de l’autoroute Beyrouth-Damas... Il est recommandé de ne se déplacer à l’intérieur du Liban que si des raisons impérieuses le justifient."

Bref, c'est la guerre.

Il semble que ses voisins s'acharnent à faire du Liban un état non viable... Le pays était en pleine reconstruction après des années de guerre civile. Mais voilà, dans un environnement belliqueux, un état ne peut pas survivre s'il n'a une armée nationale proportionnée à celles de ses concurrents les plus hostiles, ou des alliés assez puissants pour tenir ceux-ci à distance. Manifestement le Liban n'a ni l'un ni l'autre. Et nos protestations d'amitié ne sont que "parole, parole, parole".

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5 juillet 2006 3 05 /07 /juillet /2006 15:16

Il y a quelques années, j'avais consulté avec gourmandise le catalogue de graines et semences de fruits, légumes et autres herbes proposées par une petite association française qui portait le nom de "Terre de semences" et s'est rebaptisée depuis d'un plus exotique 'Kokopelli", un mot andin, semble-t-il (www.kokopelli.asso.fr).

Alliant agriculture biologique et développement, elle contribue à préserver les variétés traditionnelles de plantes auxquelles l'agriculture industrielle substitue de plus en plus des hybrides et des OGM. L'association encourage la culture de variétés souvent oubliées, propose à la vente des sachets de graines et préserve ainsi la diversité de notre patrimoine naturel. Rien que pour les tomates, il y en a plusieurs centaines à redécouvrir, des roses, des vertes, des blanches, des noires, des tomates-cerises et des qui font plus de 500 grammes...

Mais voilà que cette association qui devrait être reconnue d'utilité publique est attaquée par des semenciers industriels et, au lieu de la défendre, la justice française vient de la condamner en mars 2006 pour avoir vendu des graines "non inscrites au registre des semences officielles". Même chose pour la coopérative Biotope dans le Gard condamnée en novembre 2005 à une forte amende pour avoir vendu... des bleuets.

C'est que, voyez vous, depuis des millénaires qu'elle fait pousser les plantes de nos champs et de nos jardins, Dame Nature n'avait pas pensé à les inscrire au "registre des semences officielles". La vilaine ! Il faut aussi préciser que chaque inscription d'une variété coûte plus de 300 euros !

Le système a manifestement été conçu pour l'homologation des hybrides par les producteurs industriels. Il est absurde de l'appliquer aux variétés de toujours. Si on laisse faire, c'est à brève échéance l'éradication des espèces naturelles au profit d'hybrides stériles vendus par l'agro-industrie. Car les hybrides constituent déjà l'écrasante majorité des semences mises sur le marché. Ils sont stériles par définition, ne produisent donc pas de graines et obligent ainsi à racheter des graines tous les ans...

On devine à qui cela profite. Pas à l'acheteur en tous cas : qu'il soit agriculteur ou simple jardinier amateur, il devient clientèle captive des semenciers. Sa liberté et le choix des plantes qu'il pourra cultiver s'en trouveront extrêmement limités. Et plus grave encore, les cultures traditionnelles vont disparaître.

Donc faisons savoir à tous que la guerre des semences a commencé, interpellons juges et députés, et pétitionnons sur : www.univers-nature.com

La ronde des tomates

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4 juillet 2006 2 04 /07 /juillet /2006 23:00

J'essaie ici de résumer la discussion. Longtemps Marie pour les filles et Jean pour les garçons ont été les prénoms les plus donnés en France.

Les prénoms d'aujourd'hui témoignent des changements de civilisation en cours. Parmi les facteurs qui semblent influencer le choix d'un prénom particulier par les parents et les modes onomastiques générales, les plus importants semblent : la déchristianisation, l'influence de la télévision et notamment celle des séries américaines, les changements de population et les phénomènes migratoires.

Le goût des voyages et de l'exotisme peut jouer aussi un rôle, de même que la notoriété de tel ou tel acteur ou telle ou telle mannequin.

Le prénom est en outre révélateur d'une volonté d'intégration sociale ou au contraire d'une affirmation identitaire. Prenons le cas d'Inès. Très rare en France et réservé à une élite aristocratique qui lisait les Lusiades ou Montherlant (1), il s'est répandu avec les familles lusophones et hispanophones puisque ce prénom est la forme ibérique de Agnès (2). La célébrité d'Inès de la Fressange lorsqu'elle était mannequin pour la maison Chanel (qui relève d'abord du cas n° 1), assure ensuite sa diffusion dans la bonne bourgeoisie (3). Aujourd'hui c'est le prénom que choisissent le plus volontiers pour leurs filles les ressortissants du Maghreb (4) et par conséquent... il est le plus donné en France ! 

Il s'agit en fait de deux racines linguistiques différentes sans rapport entre elles si ce n'est qu'elles se prononcent pareil, l'une indo-européenne et chrétienne : Inès / Agnès, l'autre arabe mais qui, transcrite en caractères latins avec restitution des voyelles, s'écrit aussi Inès.

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27 juin 2006 2 27 /06 /juin /2006 19:38

Le 10 mai 2006 a été célébrée pour la première fois en France une "Journée commémorative du souvenir de l'esclavage et de son abolition".

Dans un discours au Sénat prononcé en cette occasion, le président de la République souhaitait que mémoire et justice fussent rendues aux victimes de l'esclavage, cette infamie, et annonçait la création d'un "Centre national consacré à la traite, à l'esclavage et à leurs abolitions" et la commande d'une "œuvre originale commémorant la Traite négrière" destinée au Jardin du Luxembourg (cf. www.elysee.fr/elysee/elysee.fr/francais/interventions/discours_et_declarations/discours_et_declarations_de_m_jacques_chirac.14396.html).

Quelques mois plus tôt (janvier 2006), devant un Comité pour la mémoire de l'esclavage, Jacques Chirac avait évoqué le sort de ces êtres humains assimilés à des marchandises, vendus comme du bétail et exploités dans des conditions inhumaines dont il invitait à honorer la mémoire. Malgré un bref rappel des 20 millions de personnes soumises aujourd'hui encore au travail forcé de par le monde d'après l'estimation des Nations Unies, l'insistance du propos sur la "mémoire" laisse entendre qu'il ne s'applique qu'à des époques anciennes.

Déjà, en 2001, lorsque l'Assemblée nationale avait déclaré la traite et l'esclavage crimes contre l'humanité, c'était semble-t-il en référence au passé.

Mais comment peut-on célébrer l'abolition d'une pratique qui perdure ?

Et je ne pense pas seulement à l'Afrique noire et à la péninsule arabique où l'esclavage n'a nullement disparu. Je pense à l'Europe et à la France même. J'en veux pour preuve un rapport sur les formes de l'esclavage moderne remis à l'Assemblée le 12 décembre 2001 par Madame Christine Lazerges (cf. www.assemblee-nationale.fr/rap-info/i3459.asp).

Le rapport s'appuie sur la convention internationale de 1926 pour définir son sujet : l'esclavage, état ou condition d'un individu sur lequel s'exercent les attributs du droit de propriété ou certains d'entre eux. Au-delà de la sécheresse toute juridique de cette définition, elle montre bien que le phénomène ne se limite pas à la "traite des noirs". Et il ne s'agit plus tant d'un statut juridique que de situations de fait.

Cette Mission d'information sur l'esclavage moderne a donc "cherché à cerner ces différentes formes d'exploitation extrêmes - celles où des êtres humains se trouvent réduits par un ou plusieurs de leurs semblables à l'état d'objet - exploitation que la communauté internationale tend désormais à désigner sous les termes génériques de "traite des êtres humains".

La Mission a choisi de se concentrer sur les faits constatés en France. En effet, bien que nombre de pays soient concernés, il lui a semblé que la gravité de la situation sur notre territoire justifiait une étude particulière..." L'enquête a été étendue à l'Ukraine et à la Moldavie d'où proviennent beaucoup de nos esclaves d'aujourd'hui.

L'immigration clandestine, qui est souvent un nom déguisé de la traite, alimente diverses formes d'esclavage que ce soit la prostitution, l'esclavage domestique, l'exploitation par le travail et la servitude pour dettes, mais toutes se caractérisent par la violence faite aux personnes. Pour ce qui est de la prostitution, celles-ci proviennent le plus souvent d'Europe de l'Est et d'Afrique noire.

En Europe, le trafic est surtout aux mains de la mafia albanaise, de sinistre mémoire. "De véritables marchés aux femmes existent, au vu et au su de tous, dans l'Europe balkanique, comme le trop fameux "Arizona Market" en Bosnie - où l'on vend de tout, y compris des femmes." "...une fois par semaine, on vend des femmes. Les prix dépendent de l'âge, de la virginité, de la condition physique de la femme... Les trafiquants y viennent regarder la marchandise et lancent les enchères..." "Les femmes sont sélectionnées, regroupées et distribuées en fonction des acheteurs."

Le sort des jeunes filles de l'Est est particulièrement dramatique car elles sont ensuite menées dans des camps en Albanie où elles sont systématiquement soumises à des viols répétés, tortures et autres actes de barbarie pour briser toute résistance, avant d'être distribuées en Allemagne, en Belgique, dans les vitrines du quartier rouge d'Amsterdam et en France (à Paris, Strasbourg et Nice notamment).

Des marchés aux esclaves... en Europe... aujourd'hui... Alors plutôt que de se repentir pour des actes commis il y a des siècles dont les victimes sont mortes depuis longtemps, ne devrait-on pas s'occuper de ce qui se passe sous nos yeux et des victimes du présent ? Plutôt que de célébrer l'abolition de ce qui n'est pas aboli, tenter de remédier aux crimes contre l'humanité d'aujourd'hui ? Et l'argent du futur "Centre national consacré à la traite" ne serait-il pas mieux employé à arrêter la traite ?

Mais peut-être que demain, n'ayant rien fait pour elles, par esprit de repentance et sous l'effet d'une mauvaise conscience tardive, nous consacrerons au jardin du Luxembourg une "œuvre originale" à la mémoire des Bulgares, des Ukrainiennes, des Moldaves assimilées à des marchandises, vendues comme du bétail et exploitées dans des conditions inhumaines... et nous honorerons bien leur mémoire !

- Au fait, la Bosnie n'est-elle pas sous mandat de l'ONU ? Alors qu'est-ce qu'on attend pour fermer les marchés aux esclaves d'Europe ?

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25 juin 2006 7 25 /06 /juin /2006 16:46

Les rapports d'Amnesty international sur la situation des droits de l'homme dans différents Etats de la planète font référence. Les cas d'assassinats, de tortures et d'emprisonnements politiques sont légions et doivent être dénoncés. C'est la mission de vérité que s'est assignée cette organisation, dans l'espoir que les dénonciations et les pressions internationales éventuelles pourront contribuer à améliorer le sort des populations qui sont victimes des exactions dénoncées.

En cherchant des informations sur quelques pays particulièrement touchés, j'ai donc eu la surprise de tomber sur... la France ! Non pas que je crois la France au-dessus de tout soupçon en cette matière, mais ma surprise vient d'un résumé du contenu du rapport 2006 disponible sur le site internet d'Amnesty, rubrique "France", où on lit ce qui suit (avec mes commentaires entre crochets) :

"Le gouvernement a décrété l’état d’urgence en novembre, après que de graves troubles eurent éclaté dans de nombreuses villes du pays [rappelons que dans la pratique, le prétendu "état d'urgence" n'a pas été appliqué].

Le ministre de l’Intérieur a également annoncé l’expulsion immédiate de certains étrangers impliqués dans les émeutes [même remarque].

De nouvelles dispositions législatives et réglementaires ont restreint le droit de demander l’asile et celui de voir sa requête examinée au fond. Un rapport d’Amnesty International a démontré que les mauvais traitements et les homicides racistes imputables à la police depuis dix ans n’étaient pas des cas isolés et que les auteurs présumés de tels actes n’étaient pas toujours amenés à rendre compte de leur actes devant la justice [???].

Le racisme des policiers et d’autres agents de l’État visait les personnes de confession musulmane ou issues d’une minorité ethnique [où l'on apprend que par sa nature intrinsèque le policier français est nécessairement un sale raciste !].

Un projet de loi relatif à la lutte contre le terrorisme prévoyait d’autoriser des périodes plus longues de détention au secret, supprimant ainsi des garanties contre le recours à la torture et les mauvais traitements et renforçant l’impunité de fait des agents de la force publique. De nouvelles dispositions réglementaires ont imposé la réduction du délai de dépôt d’une demande d’asile et l’obligation de rédiger le dossier en français. État d’urgence : Le mécontentement que soulevaient chez certains immigrés et Français d’origine africaine les pratiques discriminatoires dans des domaines tels que l’emploi et la colère contre le comportement souvent raciste et agressif de la police ont éclaté à la suite de la mort, dans des circonstances controversées, de deux adolescents en octobre [les émeutiers n'ont pourtant à aucun moment demandé qu'on leur donne du travail].

Réagissant aux émeutes qui se sont déroulées dans de nombreuses zones urbaines du pays [aurait-il dû davantage laissé faire ?], le gouvernement a instauré l’état d’urgence à compter du 9 novembre. La mesure concernait l’ensemble du territoire métropolitain, et des dispositions spécifiques pouvaient être prises dans plusieurs zones désignées, notamment Paris et un certain nombre de villes. Elle a été prise en application d’une loi qui n’avait été mise en œuvre qu’une seule fois depuis sa promulgation, en 1955. Elle permettait aux représentants de l’État à l’échelon local, les préfets, de prendre les mesures nécessaires au maintien de l’ordre public [c'est là leur mission première, état d'urgence ou pas], notamment la mise en place du couvre-feu à certaines heures et dans certaines zones, et comportait la possibilité pour les agents de la force publique de perquisitionner sans mandat, de fermer des lieux de réunion publics de toute nature et de restreindre la liberté de circulation [fort peu].

Le 9 novembre, le ministre de l’Intérieur a annoncé qu’il avait ordonné aux préfets de procéder à l’expulsion immédiate des étrangers condamnés pour des infractions commises dans le cadre des émeutes, qu’ils soient ou non en situation régulière. L’état d’urgence, initialement décrété pour douze jours, a été prorogé jusqu’au 21 février 2006. Brutalités policières impunies : Dans un rapport publié au mois d’avril, Amnesty International a rassemblé des éléments montrant que les mauvais traitements et les homicides racistes imputables à des policiers depuis dix ans n’étaient pas des cas isolés [les homicides commis par les délinquants non plus].

Le document soulignait que le système judiciaire ne parvenait pas toujours à faire respecter l’obligation pour les responsables présumés de rendre comptes de leurs actes, ni le droit des victimes de violations des droits humains à obtenir réparation. Le fait que le gouvernement continue de ne pas répondre à ces violations a créé un climat d’impunité pour les forces de l’ordre, indiquait le rapport ; il en résultait une justice « à deux vitesses » dans la mesure où les plaintes déposées par les policiers étaient instruites plus vite que celles des victimes de violences policières. Dans leur grande majorité, ces affaires concernaient des étrangers ou des Français d’origine étrangère. * Le 17 mai, le tribunal de grande instance de Paris a condamné respectivement à trois et quatre mois d’emprisonnement avec sursis deux policiers reconnus coupables d’avoir, en 2002, violemment agressé Karim Latifi, un consultant en informatique, et proféré contre lui des injures racistes. Deux autres agents de la force publique qui comparaissaient dans la même affaire ont été acquittés. L’action civile intentée pour obtenir des dommages et intérêts était toujours en instance. En 2002, l’affaire avait été classée à l’issue d’une enquête de l’Inspection générale des services (organe chargé d’enquêter sur les plaintes déposées contre des policiers en région parisienne) et les poursuites judiciaires n’avaient pu continuer que grâce à la procédure de citation directe entamée par Karim Latifi.

* Le 31 août, Brice Petit et Jean-Michel Maulpoix, tous deux écrivains et enseignants, ont été reconnus coupables de diffamation et condamnés l’un et l’autre à une amende de 3 000 euros. Brice Petit a été acquitté du chef d’outrage à personnes dépositaires de l’autorité publique. Il avait été brutalisé et placé en détention pendant douze heures pour avoir contesté la façon dont, en avril 2004, un suspect immobilisé au sol avait été traité par des policiers de Montpellier. Il avait par la suite, de même que d’autres personnes, publié sur Internet des informations concernant cette affaire. Dans sa déposition à la barre, qui a été corroborée par un témoin, Brice Petit a affirmé qu’il n’avait pas qualifié les agents de « nazis » ni d’« antisémites », contrairement à ce qui avait été allégué, mais qu’il avait protesté de façon pacifique contre la force « inacceptable » employée pour interpeller une personne non armée à l’origine d’un trouble mineur à l’ordre public. [certes, mais on pourrait citer des milliers de cas de policiers agressés sans qu'il y ait la moindre poursuite contre les auteurs d'insultes et de violences à leur encontre]

Racisme et discrimination : En février et en mars, le Comité pour l’élimination de la discrimination raciale (ONU), a examiné deux rapports périodiques présentés par la France et concernant la mise en œuvre de la Convention internationale sur l’élimination de toutes les formes de discrimination raciale. Le Comité a salué les mesures législatives de lutte contre la discrimination raciale, notamment la loi de juin 2004 interdisant la diffusion de messages à caractère raciste sur Internet et celle de décembre 2004 portant création d’un organe officiellement chargé d’enquêter sur les discriminations et de les combattre. Toutefois, le Comité a recommandé l’adoption de nouvelles mesures de prévention, l’ouverture d’une enquête impartiale pour chaque plainte, des sanctions à la mesure de la gravité des infractions et la diffusion de l’information concernant les procédures de dépôt de plainte et les moyens d’obtenir réparation.

Dans un rapport publié au mois de février, la Commission européenne contre le racisme et l’intolérance (ECRI) a reconnu que la France avait pris des mesures pour lutter contre le racisme et l’intolérance, notamment en ouvrant une ligne téléphonique gratuite destinée au signalement des discriminations à caractère raciste, en instaurant des dispositifs facilitant l’intégration des primo-arrivants, en améliorant l’accès à l’éducation des enfants d’immigrés et en créant un organisme indépendant de surveillance de la police et de l’administration pénitentiaire, la Commission nationale de déontologie de la sécurité. Toutefois, l’ECRI a souligné que des plaintes continuaient d’être enregistrées au sujet de violences ou d’humiliations, d’injures verbales à caractère raciste ou encore d’actes de discrimination imputables à des policiers ou des gendarmes, des agents de l’administration pénitentiaire et des employés des lieux de rétention et des zones d’attente des personnes en instance. Une hausse de 38 p. cent des plaintes déposées pour violences policières (97 en 2004 contre 70 en 2003) a été signalée au mois d’avril par la Commission nationale de déontologie de la sécurité. Dans un tiers des cas, les violences étaient considérées comme manifestement racistes. [mais reste à savoir si toutes ces plaintes sont fondées]

La Commission nationale consultative des droits de l’homme a publié son rapport annuel en mars. D’après ce document, le nombre d’agressions racistes et antisémites enregistrées sur l’ensemble de l’année 2004 avait pratiquement doublé par rapport à l’année précédente [il pourrait doubler encore si on ne refusait pas d'enregistrer les plaintes des Français de souche victimes d'agression dont beaucoup comportent une connotation ouvertement raciste, par exemple les étudiants et lycéens tabassés lors des manifestations de ces derniers mois, ou les victimes du train Lyon-Nice du dernier réveillon].

La Commission s’est dite préoccupée par l’« enracinement » de l’antisémitisme dans la société. Mesures de lutte contre le terrorisme : - Projet de loi relatif à la lutte contre le terrorisme. Le projet de loi relatif à la lutte contre le terrorisme présenté en Conseil des ministres en octobre supprimait des garanties existantes contre la torture et les mauvais traitements. Le texte prévoyait d’étendre à six jours la période de quatre jours durant laquelle une personne soupçonnée de terrorisme pouvait être interrogée avant d’être présentée à un juge (période de garde à vue). Le ministre de l’Intérieur, Nicolas Sarkozy, aurait déclaré que ces gardés à vue ne pourraient pas recevoir la visite d’un avocat pendant les soixante-douze premières heures de leur privation de liberté. Combinées au fait que les interrogatoires de suspects adultes n’étaient toujours pas enregistrés sur support vidéo, ces mesures risquaient d’assurer une impunité de fait aux agents de la force publique ayant soumis des détenus à des actes de torture ou à d’autres formes de mauvais traitements.

D’autres dispositions contenues dans le projet de loi prévoyaient le renforcement du recours à la vidéosurveillance et à la surveillance des échanges téléphoniques, le contrôle de données recueillies par des compagnies de transport et de nouvelles prérogatives d’accès pour les agents de l’État aux données de connexion des cybercafés et aux données contenues dans certains fichiers (cartes d’identité, passeports, permis de conduire, cartes grises, titres de séjour des étrangers et autres données à caractère personnel) [ce reproche est en contradiction avec le paragraphe précédent qui se félicite du contrôle accru de l'Etat sur le contenu des messages internet].

Le projet de loi portait par ailleurs de vingt à trente ans la peine d’emprisonnement encourue par les dirigeants d’organisations terroristes et prévoyait que les citoyens naturalisés depuis moins de quinze ans (contre dix ans précédemment [sanction purement théorique d'ailleurs car jamais appliquée]) pouvaient se voir retirer la nationalité française et être expulsés du pays [je ne vois pas très bien en quoi cela porte atteinte aux droits de l'homme, sauf à donner davantage de droits aux meurtriers qu'à leurs victimes].

Le projet a été approuvé par les deux chambres en décembre. Le Conseil constitutionnel ayant été saisi, la loi n’avait pas été promulguée à la fin de l’année.

Expulsions : * Dans le cadre d’affaires distinctes qui se sont produites en juillet et en août, quatre citoyens algériens ont été expulsés vers leur pays d’origine, où ils risquaient d’être torturés ou soumis à des mauvais traitements. Selon les informations recueillies, ces hommes étaient apparemment soupçonnés de diverses infractions, notamment d’avoir fait l’apologie de la violence et de la haine religieuse dans des mosquées lyonnaises et parisiennes. Trois d’entre eux avaient été condamnés et incarcérés en France pour, notamment, entrée irrégulière sur le territoire, liens avec des réseaux terroristes, contribution à l’entraînement paramilitaire de jeunes islamistes et tentative d’attentat contre un train.

Atteintes aux droit d’asile : En avril, le processus de restriction du droit d’asile entamé trois ans auparavant a été ponctué par la parution de la circulaire d’application de la loi relative à l’asile adoptée en décembre 2003. Le texte établissait à vingt et un jours (contre un mois auparavant) le délai dont disposait une personne pour déposer sa demande de reconnaissance de la qualité de réfugié après la délivrance de son autorisation provisoire de séjour. Le dossier devait être constitué en français. Une liste de 12 pays d’origine « sûrs » a été adoptée en juin. Selon les nouvelles dispositions réglementaires, les demandes d’asile présentées par les ressortissants de ces pays sont examinées dans le cadre d’une procédure « prioritaire » qui n’offre pas les garanties élémentaires de protection. Les demandeurs d’asile ne reçoivent ni titre de séjour ni aide de l’État et ont seulement deux semaines pour présenter leur dossier, rédigé en français. Une décision doit leur être notifiée sous deux semaines et ils peuvent être éloignés du territoire avant même l’examen d’un éventuel recours. Les personnes en instance d’éloignement et placées en centre de rétention ne disposaient que de cinq jours pour déposer une demande d’asile, contre douze auparavant.

En 2000, la Cour européenne des droits de l’homme avait condamné la Turquie pour l’utilisation d’une procédure similaire, jugeant qu’un délai aussi court ne permettait pas d’examiner convenablement les demandes d’asile. En mai, un décret a légalisé la pratique, déjà en vigueur dans certaines préfectures depuis le début de 2005, qui consistait à refuser les services gratuits d’un interprète aux demandeurs d’asile présents en centres de rétention. Plusieurs tribunaux administratifs ont rendu par la suite des décisions estimant qu’il était capital de proposer des services d’interprétation puisque les demandes d’asile doivent être rédigées en français.

Au mois de juillet, un certain nombre d’organisations non gouvernementales, dont Amnesty International, ont déposé un recours en annulation devant le Conseil d’État, qui n’avait pas fait l’objet d’une décision à la fin de l’année. La loi française relative à l’asile prévoit qu’il faut donner aux demandeurs d’asile les moyens de défendre leur dossier et que les décisions et informations les concernant doivent leur être communiquées dans une langue qu’ils comprennent, soit par écrit soit par le truchement d’un interprète. [ce qu'on semble oublier ici c'est que la demande d'asile a été largement détournée de son objet et est aujourd'hui utilisée pour contourner les lois sur l'immigration par des personnes qui, pour beaucoup, ne sont pas victimes de persécution dans leur pays d'origine]

Absence de recours internes effectifs : Le 27 janvier, la Cour européenne des droits de l’homme s’est prononcée sur le cas d’Ilitch Ramírez Sánchez, alias Carlos, ou le Chacal. Placé à l’isolement après son arrestation en 1994 et condamné à la réclusion à perpétuité en 1997 pour meurtre, il continuait de faire l’objet d’une enquête pour d’autres crimes présumés. Il avait saisi la Cour européenne des droits de l’homme en juillet 2004. Celle-ci a déclaré à l’unanimité que le prisonnier n’avait pas eu les moyens de contester son maintien prolongé à l’isolement car le droit français ne prévoyait aucun recours effectif, mais a considéré que l’interdiction de la torture n’avait pas été enfreinte pour autant. [l'exemple de ce terroriste avéré est-il bien trouvé ?]

Visites d’Amnesty International : Des délégués d’Amnesty International se sont rendus en France en avril." Fin de la citation.

Alors je pose la question : le rapport d'Amnesty sur la France est-il objectif ? On croirait lire un pamphlet anarchiste tant l'autorité de l'Etat et sa mission de maintien de l'ordre y sont présentées de façon caricaturale. Et puis il y a toutes les omissions. On s'étonne par exemple de ne trouver aucune mention du procès d'Outreau, aucune mention des abus de l'administration française autre que ceux supposés racistes, aucune mention des discriminations sociales qui touchent les Français modestes, ou des discriminations politiques qui touchent les mal-votants.

Plus inquiétant encore : si le rapport d'Amnesty est si peu fiable sur l'état de la France, peut-on encore se fier à ce qu'il dit de l'état du monde ? Les lacunes, demi-mensonges et partis-pris sont facilement repérables quand il s'agit d'un pays connu, mais pour les autres comment vérifier ? Dommage.

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10 juin 2006 6 10 /06 /juin /2006 18:34

Envoyer un navire amianté se faire démanteler dans un pays où les conditions de travail et la protection des ouvriers ne sont pas garanties, ce n'est pas particulièrement moral.

Mais pourquoi avoir fait si grand cas du Clémenceau quand on ferme les yeux sur tant de yachts et de paquebots qui finissent dans les chantiers d'Alang (Inde) ou d'ailleurs ?

Ainsi le Blue Lady (ex-Norway, ex-France) vient d'être autorisé en juin 2006 à pénétrer dans les eaux territoriales indiennes par les autorités de ce pays, ce qu'elles avaient refusé au début de l'année au porte-avion français après une campagne de presse internationale de l'organisation Greenpeace. Avec ses 900 tonnes d'amiante et autres matériaux cancérigènes, le Blue Lady est pourtant selon Greenpeace un "aussi grand danger pour la santé des ouvriers que le Clémenceau".

Pendant ce temps, le "Clem", après quatre mois et demi de navigation hasardeuse, 18.000 kilomètres parcourus et 12 millions d'euros dépensés en pure perte par le contribuable français, est arrivé à Brest le 17 mai.

Quelques remarques.

1. D'abord l'inconséquence et la maladresse du gouvernement français qui avait forcé le départ du porte-avion vers l'Inde alors même que la campagne médiatique prenait de l'ampleur, et dont les déclarations de fermeté ont précédé une piteuse retraite avec le rappel du "Clem" au moment où celui-ci touchait presque à destination.

2. Ensuite l'instrumentalisation des bons sentiments à des fins politiques. Les conditions du démantèlement des yachts privés ne reçoivent aucun écho dans la presse. Le fait qu'il se soit agi d'un navire de guerre de la marine française n'est donc certainement pas pour rien dans l'affaire du Clémenceau. On peut par exemple émettre quelques doutes sur l'attitude du gouvernement égyptien qui avait commencé par refuser le passage du porte-avion par le canal de Suez au prétexte qu'il comportait des produits toxiques pour la santé... quand des centaines de tankers chargés de mazout empruntent ce canal quotidiennement, sans compter les navires de guerre (le Clémenceau, rappelons-le, est démantelé depuis 1997).

3. Les pays pauvres sont devenus des dépotoirs. C'est en partie le fait de législations laxistes, mais pas seulement. Le mode de vie moderne produit une grande quantité de déchets dont on ne sait que faire et dont le retraitement coûte cher. Le sort des bateaux obsolètes comme celui des biens de consommation courante usés ou périmés n'est presque jamais pris en compte au moment de leur production. Alors, soit on les abandonne dans la nature - comme les Américains et les Britanniques qui envoient par le fond leurs porte-avions hors d'usage (tiens, une riche idée : couler le Clem à l'entrée du canal de Suez !) - soit on les donne à des pays dont la main d'oeuvre est moins payée et qui pourront ainsi récupérer à moindres frais des matières premières utiles. Comme les chantiers d'Alang, beaucoup vivent de nos déchets.

Seulement voilà, le schéma ne s'applique pas qu'aux porte-avions. On pourrait parler... de nos vêtements en textiles synthétiques. Quand, armés de bons sentiments, on donne ses vieux vêtements aux organisations caritatives... (cf. Courrier International, n° 603, du 23 mai 2002 : "L'industrie textile zambienne étouffée par les fripes importées"). Bref, la question des déchets ne s'arrête pas au démantèlement du Clémenceau.

4. Enfin, parce que décidément Clémenceau est un nom de baptême néfaste, rappelons un épisode passé inaperçu : En juin 2003, le porte-avion avait déjà été vendu à une société espagnole, Gijonese, en vue d'un désamiantage en Espagne. Et ne voilà-t-il pas qu'en octobre de la même année, il était surpris au large de la Sicile, faisant route vers la Turquie. Pour quoi y faire, on ne sait pas très bien. Toujours est-il que le contrat passé avec Gijonese fut aussitôt résilié par le gouvernement français et le Clémenceau renvoyé à Toulon.

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5 juin 2006 1 05 /06 /juin /2006 12:11

Alors que l'implantation de l'armée américaine en Crimée donne lieu sur place à des mouvements de protestation, le président d'Ukraine Viktor Iouchtchenko exige maintenant l'expulsion des étrangers qui auraient participé à ces manifestations de protestation.

Je cite la dépêche : le président demande "au Service de sécurité, au ministère de l'Intérieur et à l'administration du Service de la frontière d'expulser immédiatement d'Ukraine les citoyens étrangers qui participent aux actions de protestation sur le territoire du pays". Ces personnes ne seront "plus jamais admises sur le territoire de l'Ukraine", d'après le décret.

Iouchtchenko a-t-il la mémoire courte ? Ou est-ce du cynisme ? Ne doit-il pas la Révolution orange qui l'a porté au pouvoir en décembre 2004 à la présence d'étrangers, journalistes, observateurs, conseillers politiques, les Serbes du mouvement Otpor et autres en assez grand nombre, sur le territoire de l'Ukraine ? Si son prédécesseur avait pris la décision d'expulser tous les étrangers qui s'activaient pour le parti de Iouchtchenko, il n'y aurait sans doute pas eu de Révolution orange.

Sur le fond comme dans sa forme outrée ("plus jamais admis"), le décret du président ukrainien est inquiétant. Comme en Géorgie, l'épisode démocratique garantissant la liberté d'expression, de manifestation et de protestation n'aura été qu'une parenthèse.

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4 juin 2006 7 04 /06 /juin /2006 15:16

La reconstitution qui devait avoir lieu ces jours-ci du fait-divers du 27 octobre 2005 à l'origine des émeutes que l'on sait vient d'être reportée. Le seul protagoniste survivant, Muhittin Altun, 18 ans, a en effet été arrêté le 29 mai 2006 pour l'agression d'un véhicule de police au cours d'un nouvel accès de violences urbaines du côté de Saint-Denis et Montfermeil.

C'est sans doute le moment de revenir sur les faits survenus dans cette nuit du 27 au 28 octobre 2005. Que sait-on exactement ? Trois jeunes gens, Zyed Bena, Bouna Traore, respectivement 17 et 15 ans, et Muhittin Altun, déjà nommé, avaient forcé la porte d'un transformateur électrique à Clichy-sous-Bois. Après qu'ils eurent pénétré à l'intérieur, deux d'entre eux trouvèrent la mort par électrocution, le troisième, brûlé et retrouvé inanimé, put être secouru et sauvé par les pompiers.

Dans la journée du 28 octobre, les radios, notamment France Info, vont reprendre en boucle la nouvelle, suivies par les télévisions et les journaux du soir. Plusieurs journalistes suggèrent d'emblée une responsabilité de la police dans ces morts, car les jeunes gens se seraient réfugiés là nous dit-on "parce qu'ils étaient poursuivis par la police" ou encore "ils avaient trouvé refuge après une poursuite avec la police". Les plus réservés usent de quelques précautions oratoires : des jeunes "qui se croyaient poursuivis par la police" ou "pensant être poursuivis"...

Mais on voit mal comment des journalistes pouvaient exposer dès le matin du 28 ce qu'avaient pu penser ou pas immédiatement avant leur mort les deux personnes qui venaient de mourir dans la nuit, sachant que la troisième était hospitalisée dans un état jugé sérieux et donc hors d'état de répondre aux questions.

Or rien n'est venu confirmer en quoi que ce soit la présence de la police sur les lieux, bien au contraire, et qui plus est la police française en 2005 n'est ni un ogre ni la gestapo pour qu'on la fuie avec panique et qu'on se précipite dans un endroit interdit d'accès.

La complaisance des médias pour une version des faits tendancieuse et pour le moins prématurée fut la cause directe des émeutes qui allaient éclater le soir même. Cette version reprise imprudemment et sans aucun esprit critique leur avait apparemment été fournie par quelques jeunes des environs, de ceux qui ne pensent les rapports sociaux qu'en termes d'affrontements avec l'autorité et n'ont vu là qu'un prétexte ou une justification pour leurs propres violences (les pompiers intervenus sur les lieux avaient semble-t-il été pris à partie dès la nuit du drame).

Le fait que les parents des jeunes gens aient été reçus le 1er novembre 2005 à la fois par le premier ministre, Dominique de Villepin, et par le ministre de l'Intérieur, Nicolas Sarkozy, ne faisait qu'accréditer un peu plus cette thèse absurde des "policiers responsables de la mort des jeunes" et transformer en cause nationale un malheureux fait-divers. Cela n'appaisa d'ailleurs nullement les violences qui se poursuivirent plusieurs semaines sans frein.

Puisque la cause officielle ne tient pas, que s'est-il donc passé à Clichy-sous-Bois ? En bonne logique, il faut prendre en compte les points suivants : 1) un transformateur électrique est un lieu clos et accessible d'un seul côté, donc un cul-de-sac, à éviter si l'on est en vue d'un poursuivant, ce que des jeunes gens de cet âge savent fort bien ; 2) un transformateur électrique est un endroit risqué, et comme tel muni d'une porte verrouillée et signalé par des panneaux rouges "Danger de Mort". Celui de Clichy est en outre protégé par un mur de 2 mètres de haut surmonté de barbelés. Les jeunes gens ont donc dû passer le mur, puis forcer la porte.

Mais pourquoi ? S'ils s'étaient contentés de "se réfugier" à l'intérieur, l'accident n'aurait pas eu lieu. S'ils ont été électrocutés c'est donc qu'ils ont touché aux fils et aux manettes. Alors pourquoi des jeunes gens qui n'étaient poursuivis par personne ont-ils fracturé la porte d'un transformateur EDF et ont-ils manipulé l'appareillage électrique ? Mais pour le faire disjoncter bien sûr !

De tels actes de malveillance sont malheureusement devenus assez courants sur les lignes de trains de banlieue. L'arrestation récente pour violences contre la police du survivant de Clichy va dans le même sens. Un acte de délinquance idiot qui a mal tourné, c'est la seule hypothèse qui tienne la route. A moins que...

A moins qu'il s'agisse d'un jeu violent ou encore d'un règlement de comptes entre jeunes du type de ceux dont les locaux à poubelles et les caves de nos banlieues servent souvent de cadre. Mais cela, Muhittin Altun et ses avocats ne le diront pas.

Mais qu'allait-il donc faire dans cette galère ?

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28 mars 2006 2 28 /03 /mars /2006 23:37

Un peu d’Histoire.

Nous reproduisons ci-après (et en VO) un article paru dans un magazine anglo-saxon où il est question de la controverse artificiellement entretenue sur l’attitude du pape Pie XII lors de la Seconde Guerre Mondiale, sous le titre : Des chercheurs font table rase des atteintes à la réputation du pape Pie XII / Scholars demolish attack on Pius XII’s reputation.

« – U.S. scholars have been examining why, and by whom, the reputation of Pope Pius XII has been blackened. And most of the responsibility lies, it now seems, with liberal Catholics. In 2000 Professor Ronald Rychlak of Mississippi University exposed how John Cornwell’s book, ‘Hitler’s Pope’, seriously distorted the truth on point after point. He concluded : « Cornwell decided that the easiest way to attack the Pope of today was to denigrate Pius XII. »

Pobert P. George, a law professor at Princeton University agrees. He wrote : « Anti-Catholic bigots and anti-papal Catholics have a large stake in preserving the myth that Pius XII was ‘Hitler’s Pope’. » Books attacking Pius have been written by James Carroll (ex-priest), John Cornwell and Gary Wills (ex-student priests), Daniel Goldhagen, Michael Phayer and Susan Zucotti, all Catholics bar Goldhagen.

Last year an American rabbi, David Dalin, in ‘The Myth of Hitler’s Pope’, claimed that the media were using the defamation of Pius in an attempt to discredit Catholicism, as part of today’s culture wars. « Few of the many recent books about Pius XII and the Holocaust are actually about Pius XII and the Holocaust », wrote the rabbi. He added : « The Holocaust is simply the biggest club available for liberal Catholics to use against traditional Catholics in their attempt to bash the papacy and to smash traditional Catholic teaching ».

Two new scholarly books have now completely demolished claims that Pius XII was in any way a friend of the Nazis. According to one reviewer, « they meticulously re-examine the charges » against Pius and, « taken together, absolutely decimate the attacks on his reputation ». They also show why Pius was greatly admired, and why novelist Graham Greene, for example, believed that as a pope « he will rank among the greatest ».

At his death in 1958 Jews everywhere paid immense tribute to him, particularly for his role in saving more than 500.000 Jews from the Nazis. Rabbi Dalin noted that neither Cornwell nor Zuccotti mentions that 3.000 Jews were sheltered at the Pope’s summer residence. « Yet at no other site in Nazi-occupied Europe were as many Jews saved and sheltered for as long as at Castel Gandolfo », he said. Jewish children were even born in the Pope’s apartments.

In 1944 Rome’s Jews came to thank the Pope for the protection he had given them. Pius replied : « For centuries, Jews have been unjustly treated and despised. It is time they were treated with justice and humanity. God wills it and the Church wills it ».

Professor Ronald Rychlak is author of ‘Righteous Gentiles : How Pius XII and the Catholic Church Saved Half a Million Jews From the Nazis’. He agrees with Dalin that Pius should be honoured as a ‘Righteous Gentile’ [en fr. ‘Juste parmi les Nations’]. ‘Pius XII, the Holocaust and the Revisionists’, is a collection of essays edited by Patrick Gallo. – »

Extrait de ‘Alive !’, n° 110, février 2006.

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12 mars 2006 7 12 /03 /mars /2006 22:42

Slobodan Milosevic a été retrouvé mort dans sa cellule alors que son procès, commencé il y a quatre ans, était toujours en cours. Dans l'attente des conclusions du corps médical, le personnage ne passant pas pour être suicidaire et ayant entrepris d'assurer vigoureusement sa défense, on peut imaginer un arrêt cardiaque. N'empêche que, après la mort quelques jours plus tôt d'un général serbe aussi inculpé, cela commence à faire beaucoup !

Dans les prisons qu'on imagine pourtant très surveillées du Tribunal Pénal International (TPI) de La Haye, le pourcentage des détenus qui décèdent avant l'heure (celle du verdict en tous cas) est inquiétant. Je ne sais pas trop quoi en penser, mais si vous avez des informations là-dessus, je prends.

PS : ça ne va pas donner envie de se rendre au nommé Mladic !

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23 février 2006 4 23 /02 /février /2006 16:21

Le diable rend visite à Dieu.

Le Seigneur Dieu lui demande : "Alors Zabulus, comment ça va sur terre ?".

Et Zabulus, la mine réjouie, de répondre : "Mal, Seigneur, tout va parfaitement mal".

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23 février 2006 4 23 /02 /février /2006 16:18

Bon, puisque la jolie photo ne veut pas s'afficher (cf. www.defense.gouv.fr/sites/defense), on s'en passera :

Et si, finalement elle s'affiche !

Un porte-avion peut en cacher un autre. Voici le Charles-de-Gaulle en action. Il emporte une quarantaine d'appareils volants à son bord (avions Rafale, Super-Etendard, hélicoptères Dauphin).

Ses missions : attaque d'objectifs terrestres, attaque de forces navales, couverture aérienne d'un théâtre d'opérations terrestre ou maritime, soutien à des opérations terrestres, d'après le site officiel du Ministère de la Défense.

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23 février 2006 4 23 /02 /février /2006 16:12

Quelques extraits de dépêches sur le même sujet :

(AFP) : La pression sur les autorités serbes pour arrêter le fugitif Ratko Mladic est au maximum alors que l'Union européenne a menacé jeudi de suspendre les négociations avec la Serbie pour son intégration à l'Europe. Le commissaire européen à l'Elargissement, Olli Rehn, a parlé jeudi de "perturbation" dans les négociations si Belgrade ne coopérait pas "pleinement" avec le Tribunal pénal international (TPI) de La Haye. "Le mot perturbation est très clair: nous ne poursuivrons pas les négociations", a-t-il expliqué [...]

(Reuters) : Le commissaire européen à l'Elargissement Olli Rehn doit présenter lundi ou mardi prochains aux ministres des Affaires étrangères de l'UE un rapport sur la coopération de Belgrade avec le TPI. Il a laissé entendre que les négociations sur un accord d'association et de stabilisation avec la Serbie pourraient être suspendues si Mladic n'était pas livré au TPI [...]

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23 février 2006 4 23 /02 /février /2006 00:03

Voici un extrait d'un échange de courriels avec mon ami Jaro, chef d'entreprise slovaque, qui traduit le sentiment dominant des pays du centre et de l'est de l'Europe nouvellement admis dans l'Union européenne sur le rôle des Etats-Unis en Europe :

"How do you want to guarantee peace for Slovakia ? Would France send 15.000 French soldiers to Slovakia ? And IF Slovakia is invaded (in the future) and French soldiers are shot in the process, that will mean France is in war ? Would France do that ? To pay 15,000 soldiers to be permanently in Slovakia ? No ? But the USA are ready to do that. US soldiers are in Poland, Hungary, Czech. rep., Slovakia. If someone invades Slovakia, he will have to shoot US soldiers - and that would mean a war with the USA. [...]

USA has interests in Europe. One example : there are 5 mil slovaks in Slovakia, but there are 7.5 mil Slovaks in the USA ! There are slovak senators, slovak businessmen, slovak lobby in the USA, slovak newspapers, slovak TV, some us cities are slovak (for example Cleveland). Everyone in Slovakia (or almost everyone) has a relative in the USA - my grand-mother was born in NY city too, my grand-father in Florida, brothers of my grand-mother still live in the USA, in Salt Lake City, Chicago, Florida. It's rather improbable to meet a slovak citizen who would be prejudiced against the americans, because we have a lot of relatives there".

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22 février 2006 3 22 /02 /février /2006 22:22

L'affaire Ratko Mladic semble entendue. Voici un individu, général de l'armée serbe durant la guerre de Bosnie, qui est accusé, non sans preuves, de crimes de guerre, et même - quoique l'accusation soit plus problématique dans le contexte général que fut la guerre yougoslave - de génocide.

A la veille d'une arrestation annoncée (mais déjà plusieurs fois différée), les déclarations satisfaites de certains hommes politiques occidentaux sonnent pourtant curieusement. Certes, on sait très bien que l'armée et le gouvernement serbe ont protégé jusqu'à maintenant Mladic au nez et à la barbe des commissaires du Tribunal Pénal International. Bernard Kouchner se félicitait donc aujourd'hui de l'effet des pressions politiques et économiques exercées sur la Serbie-Monténégro sans lesquelles l'arrestation du prévenu n'aurait pas été possible aussi rapidement (à l'heure où j'écris ces lignes cependant, il court toujours). Rapidement ? Cela fait pourtant bien 10 ans que Mladic est inculpé...

Alors deux questions : 1. ces pressions sont-elles efficaces ? et 2. sont-elles justifiées ?

Sur l'efficacité immédiate, on peut émettre quelques doutes. A tort ou à raison, Mladic passe dans son pays pour un héros de la guerre de Bosnie. Le soutien dont il bénéficie semble encore très large. L'arrêter et le livrer au TPI dans ces conditions risque de paraître une trahison aux yeux de la population encore éprouvée par le dernier conflit du Kosovo et l'exode de ses habitants serbes qu'il a entraîné. On comprend que le gouvernement n'ait guère fait diligence, en dehors de toute question de nationalisme exacerbé dont on taxe généralement les Serbes.

En outre, le parti-pris de conditionner la normalisation de la situation de la Serbie-Monténégro à l'arrestation de Mladic est perçu comme une injustice de plus et ne fait que renforcer la solidarité nationale dont il a bénéficié jusqu'ici.

Plutôt contre-productives donc, ces pressions internationales sont-elles justes du point de vue du droit et de la morale ? La déclaration de M. Kouchner, qui reflète d'ailleurs la position officielle de l'Union européenne, peut paraître à première vue irréprochable. Ne cherche-t-on pas après tout à arrêter un criminel ? La Serbie-Monténégro a de ce fait vu son rétablissement économique assez largement entravé voire compromis depuis la fin du dernier conflit par diverses sanctions économiques et autres mesures de rétorsion, ce qui, on en conviendra, n'est pas vraiment de nature à apaiser les tensions. L'isolement politique et diplomatique n'est pas davantage un facteur de paix.

Déjà, après la première guerre de Bosnie, la désignation abusive des Serbes comme seuls ou principaux coupables et leur mise au ban de la communauté internationale ne fut pas pour rien dans le déclenchement des conflits suivants. Quelques soient les torts des uns et des autres, la punition collective irréfléchie, quand elle ne dissimule pas tout simplement un esprit de revanche ou de vengeance, est à courte vue (cf. les conséquences du traité de Versailles de 1919). Punir les Serbes de la sorte, c'était immanquablement provoquer un repli identitaire, alors que les liens tissés dans un cadre plus large (la Communauté européenne par exemple) et des perspectives économiques plus favorables auraient pu désarmocer bien des tensions...

Enfin, est-il vraiment juste de faire retomber la culpabilité de Mladic sur l'ensemble de la population serbe ? Est-ce bien à elle de payer pour son inculpation et sa non-arrestation ? Ou même de payer pour l'opinion qu'elle se fait de l'inculpé ? Conditionner le bien-être de tout un pays à l'arrestation d'un seul de ses ressortissants : il n'est pas dit que la morale s'y retrouve.

On trouvera une version française de l'acte d'accusation du TPI à l'encontre de Ratko Mladic à l'adresse suivante : www.un.org/icty/indictment/french/mla-ai021010f.htm

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17 février 2006 5 17 /02 /février /2006 00:57

Au départ de l'affaire des caricatures de Mahomet, il y a comme on sait, la publication le 30 septembre 2005 de 12 dessins assez anodins sous le titre "Les douze visages de Mahomet" dans le quotidien danois libéral Jyllands-Posten.

Quatre mois plus tard, c'est la consternation : manifestations, émeutes, boycott des produits danois, meurtres de chrétiens [déjà 50 morts au Nigéria, 21/02/2006] et pillages d'ambassades. Les protestations violentes font le tour des pays musulmans - ou à forte minorité musulmane - comme une traînée de poudre, Afghanistan, Algérie, Inde, Indonésie, Irak, Iran, Liban, Somalie, Syrie, Thaïlande, Territoires palestiniens...

Est-ce encore un exemple de l'effet papillon cher aux météorologistes ? Dans ce cas précis, le rapport de cause à effet paraît plus simple à établir que dans l'explication des phénomènes atmosphériques complexes. Et le lien de causalité a même un nom : Ahmed Abdel Rahman Abu Laban. Ce personnage est un imam palestinien d'une soixantaine d'années installé à Copenhague depuis 1993 et qui depuis quelque temps avait les faveurs des médias danois, la télévision notamment, où il était présenté comme un représentant de la communauté musulmane au Danemark et où il passait pour modéré...

Il semble en réalité qu'il maintienne des liens étroits avec les frères musulmans de la Jamaa Islamiya, dont il diffuse les publications, et avec le mouvement jihadiste tendance al Zawahiri (cf. reportage de la télévision danoise DR, 3 février 2006). Toujours est-il que notre aimable imam organise aux mois d'octobre-novembre 2005 une tournée des pays musulmans (l'Egypte pour commencer, puis le Maroc, la Jordanie, l'Arabie Saoudite, le Pakistan) dans l'intention affichée, je cite en traduction : "d'internationaliser la question de sorte que le gouvernement danois comprenne bien que les caricatures ne sont pas seulement insultantes pour les musulmans du Danemark mais pour tous les musulmans du monde".

A ses interlocuteurs de la Ligue arabe, de l'université Al-Azhar et autres dignitaires religieux, il présente une brochure de 15 (et non 12) caricatures. Or, les trois caricatures supplémentaires du prophète (ou prétenduement du prophète...), beaucoup plus choquantes pour les fidèles musulmans puisqu'elles présentent celui-ci avec une tête de porc dans 2 cas et pratiquant la pédophilie (ou la zoophilie suivant les versions) dans le troisième, n'ont jamais figuré dans les pages du Jyllands-Posten et sont inconnues du journal danois. Elles ont été ajoutées par M. Abdel Rahman en personne. Deux d'entre elles sont peut-être des dessins de son cru, la troisième n'ayant en fait aucun rapport avec le prophète puisqu'il s'agit d'une mauvaise copie noir et blanc de la photo publiée par un photographe de l'agence Associated Press en août 2005 d'un des concurrents du concours de cri de cochon de Trie-sur-Baise (ça ne s'invente pas) affublé d'un groin et d'oreilles de cochon pour l'occasion...

La supercherie a beau avoir été dénoncée par la presse danoise, l'imam persiste et présente ces ajouts comme "un aperçu de l'atmosphère haineuse qui règne au Danemark à l'encontre des Musulmans" ! Bref, cela a tout d'une manipulation. Ce n'est pas le Mahomet au turban en forme de bombe du Jyllands-Posten qui a mis le feu au poudre, mais bien les images ordurières concoctées par l'imam Abdel Rahman. Il savait sans doute mieux que quiconque les associations d'idées les plus à même d'irriter ses coreligionnaires... Beau travail !

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16 février 2006 4 16 /02 /février /2006 23:36

« Est-ce qu’un battement d’ailes de papillon au Brésil peut provoquer une tornade au Texas ? » (Edward Lorentz, 1963).

Un peu de science : nous empruntons l'analyse ci-après à un savant mathématicien spécialiste du chaos qui, j'espère, ne nous en voudra pas. L'actualité de ces dernières semaines a fourni une illustration éloquente du principe de cet "effet papillon" - ou plus trivialement "petites causes, grands effets" - dans le domaine de la politique internationale...

« Le météorologiste Ed. Lorenz a rendu populaire le concept de sensitivité aux conditions initiales sous le nom d'effet papillon. Dans un article grand public il explique comment le battement des ailes d'un papillon, après quelques mois, a un tel effet sur l'atmosphère de la terre entière qu'il peut donner lieu à une tempête dévastatrice dans une contrée éloignée. Cela [...] paraît tellement extrême qu'on peut se demander s'il faut accorder à l'effet papillon plus qu'une valeur métaphorique. En fait, il semble bien que l'affirmation de Lorenz doit être prise au pied de la lettre.

On va considérer la situation où le papillon bat des ailes comme une petite perturbation de la situation où il se tiendrait tranquille. On peut évaluer l'effet de cette petite perturbation en utilisant le caractère chaotique de la dynamique de l'atmosphère [...]. La perturbation causée par le papillon va donc croître exponentiellement, c'est-à-dire très vite, et l'on peut se convaincre qu'au bout de quelques mois l'état de l'atmosphère terrestre aura changé du tout au tout. De sorte que des lieux éloignés de celui où se trouvait le papillon seront ravagées par la tempête. [...]

On peut se demander comment des perturbations aux petites dimensions (comme la dimension d'un papillon) vont se propager aux grandes dimensions (comme celle d'un ouragan). Si la propagation se fait mal ou très mal, peut-être faudra-t-il plus que quelques mois pour qu'un battement d'ailes de papillon détermine un ouragan ici ou là. Cela rendrait l'effet papillon moins intéressant. [...] Quoi qu'il en soit, la circulation générale de l'atmosphère n'est pas prédictible plusieurs mois à l'avance. C'est un fait bien établi. Un ouragan peut donc se déclencher ici ou là de manière imprévue, mais cela dépendra peut-être d'incertitudes autres que les battements d'ailes d'un papillon.

Si l'on y réfléchit un instant, on voit que le déclenchement d'une tempête à tel endroit et tel moment résulte d'innombrables facteurs agissant quelques mois plus tôt. Que ce soient des papillons qui battent des ailes, des chiens qui agitent la queue, des gens qui éternuent, ou tout ce qui vous plaira. La notion de cause s'est ici à ce point diluée qu'elle a perdu toute signification. Nous avons en fait perdu tout contrôle sur l'ensemble des "causes" qui, a un instant donné, concourent à ce qu'une tempête ait lieu ou n'ait pas lieu ici ou là quelques mois plus tard.

Même des perturbations infimes dues à la mécanique quantique, à la relativité générale, ou à l'effet gravitationnel d'un électron à la limite de l'univers observable, pourraient avoir des résultats importants au bout de quelques mois. Aurions-nous dû en tenir compte ? Il est clair qu'on n'aurait pas pu le faire. L'effet de ces perturbations infimes peut devenir important après quelques mois, mais un mur d'imprédictibilité nous interdit de le voir. [...]

Les résultats accumulés depuis plusieurs décennies nous ont donné une assez bonne compréhension du rôle du chaos en météorologie, en turbulence hydrodynamique faible, dans la dynamique du système solaire, et pour quelques autres systèmes relativement simples. Qu'en est-il de la biologie, de l'économie, de la finance, ou des sciences sociales? [...]

Dans le domaine de l'économie, de la finance ou de l'histoire, on voit aussi que des causes minimes peuvent avoir des effets importants. Par exemple une fluctuation météorologique peut causer la sécheresse dans une région et livrer sa population à la famine. Mais des mécanismes régulateurs effaceront peut-être l'effet de la famine, et l'histoire poursuivra son cours majestueux. Peut-être, mais ce n'est pas certain. Une guerre obscure en Afghanistan a précipité la chute du colossal empire Soviétique. Cette guerre obscure a concouru avec de nombreuses autres causes obscures à miner un empire devenu plus instable qu'on ne le pensait.

En fait nous vivons tous dans un monde globalement instable : la rapidité des transports, la transmission presque instantanée de l'information, la mondialisation de l'économie, tout cela améliore peut-être le fonctionnement de la société humaine, mais rend aussi cette société plus instable, et cela à l'échelle de la planète. Une maladie virale nouvelle, ou un virus informatique, ou une crise financière font sentir leurs effets partout et immédiatement. Aujourd'hui comme hier le futur individuel de chaque homme et de chaque femme reste incertain. Mais jamais sans doute jusqu’à présent l'imprédictibilité du futur n'a affecté aussi globalement notre civilisation toute entière. »

Extrait de David Ruelle, « Chaos, imprédictibilité et hasard » (texte intégral sur www.ihes.fr/~ruelle/PUBLICATIONS/129chaos.ps)

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15 février 2006 3 15 /02 /février /2006 17:42

Des chiffres :

D'après le classement de la CIA pour 2005 (The World factbook, Rank Order - GDP - per capita), le Produit Intérieur Brut par habitant de la Guinée équatoriale, pays d'Afrique subsaharienne, serait de 50 200 dollars et se classerait au 2e rang mondial entre le Luxembourg (1er) et la Norvège (3e) et devant les Etats-Unis (4e), la Suisse, la France (24e)...

Bizarre autant qu'étrange ! Quelles conclusions tirer de ces indicateurs macroéconomiques ? Le PIB, valeur marchande totale des biens et services produits dans un pays donné au cours de l'année, prend en compte la consommation, l'investissement brut, les dépenses gouvernementales en biens et services et les exportations nettes, ici rapportés au nombre d'habitants.

La fortune du pays provient bien sûr des revenus du pétrole, mais pour ce qui est du niveau de vie de la population... ce n'est pas la Suisse ! La réalité, c'est plutôt la misère noire et un régime de dictature (cf. Courrier international, n° 759, du 19 mai 2005).

A moins bien sûr qu'on prenne en compte les revenus du président Obiang, et c'est comme ça que la Guinée Equatoriale est riche !

Voir aussi l'affaire de la Riggs Bank, cf. www.monde-diplomatique.fr/2005/08/ASTAUD/12420 et le livre de S. Enderlin, S. Michel et P. Woods, "Un monde de brut : sur les routes de l'or noir".

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15 février 2006 3 15 /02 /février /2006 01:13

Il est des conflits dont on parle un peu, beaucoup, trop peut-être ?, et d'autres dont on ne parle pas du tout. Nous donnerons prochaînement un palmarès des conflits les plus médiatisés et quelques raisons qui peuvent expliquer la sensibilité ou l'indifférence des médias suivant les cas, pour des faits pourtant de même nature.

 

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15 février 2006 3 15 /02 /février /2006 01:03

"Quand l'affect prime, il arrive que la raison s'efface"

Ci-après un article un peu provocant et déjà dépassé (printemps 2005 : F. Aubenas était encore otage en Iraq), mais qui peut faire réfléchir :

Et si Poutine avait raison ? A l’automne 2004, les médias reprochèrent avec véhémence au président de Russie d’avoir empêché la retransmission par les chaînes de télévision russes des images poignantes du massacre de Beslan en Ossétie du Nord : « Les événements tragiques de Beslan ont confirmé la mainmise du Kremlin sur l’information télévisée. Plutôt que de rendre compte de la réalité, les principales chaînes se sont réfugiées dans la fiction. » (Courrier international, n° 724). D’autres tragédies survenues ces derniers temps, en particulier l’attentat sanglant du 11 mars 2004 à Madrid et les prises d’otages répétées en Irak, invitent pourtant à poser une question dérangeante : le contrôle des médias en de telles circonstances relève-t-il d’un vilain penchant pour la dictature ou d’une simple manifestation de bon-sens ?

Pour être tout à fait honnête, il faudrait d’abord oser dire que le gouvernement russe ne contrôle peut-être pas davantage ses médias que le gouvernement français. Si l’on compare les images de Beslan diffusées par les journaux – images prises comme à bout portant par des photographes et des cameramen qu’on avait laissés s’approcher à quelques mètres, – avec les vues de l’accident certes peu glorieux qu’a été chez nous en mai 2004 l’effondrement d'un terminal de l’aéroport de Roissy – vues toutes prises de loin par des journalistes soigneusement tenus à distance, – le contrôle le plus étroit n’est sans doute pas où l’on s’y attendait.

Ces événements ne sont pas du tout de même nature, dira-t-on. Mais précisément : lorsque la presse l’annonça, le drame de Roissy était déjà accompli, l’accident avait eu lieu et, pour les victimes, il était déjà trop tard ; au contraire, lorsque la presse se fit l’écho de la tragédie de Beslan, celle-ci était en cours, des enfants étaient encore vivants qui peut-être allaient mourir atrocement, mais qui peut-être, et c’était l’espoir désespéré de leurs parents, peut-être seraient sauvés. Dans le premier cas, c’est un accident, tragique certes puisqu’il y eut aussi des mort, mais en tant que tel dépourvu d’intention. En revanche, dans le cas de Beslan ou des prises d’otages occidentaux en Irak, l’immédiateté de l'image n’est pas innocente : une intention précise la conditionne.

Ce massacre délibéré d’enfants aurait-il eu lieu tel qu’il a eu lieu s’il ne s’était déroulé devant, et même pour, les caméras ? Ce n’est pas que les images soient truquées. Elles sont « vraies » et restituent à n’en pas douter une réalité. Mais pour être vraies, elles n’en portent pas moins une intention maligne, et cette intention maligne c’est nous aussi, nous spectateurs, qu’elle veut toucher. Les images animées de cette catégorie, celle de la violence intentionnelle, ne sont jamais gratuites. L’horreur des faits en devenir sous nos yeux n’a alors pour autre but que de graver en nous des images, des images qui nous émeuvent et nous ébranlent d’autant plus violemment que la tragédie n’est pas encore accomplie, que peut-être la mort annoncée n’est pas inéluctable, n’aura pas lieu.

Mais comment se réjouir comme d’une « très bonne nouvelle » (Serge July dans Libération) de la vidéo nouvellement apparue de Florence Aubenas affamée, torturée ? [avril 2005, n.d.l.r.] Elle est en vie et c’est notre espérance que les terroristes manipulent. Nos sentiments, notre compassion, notre inclination naturelle à l'empathie, notre humanité même sont le jouet des preneurs d'otages. Qui ne s’est vu soi-même, ne serait-ce qu’un instant, à la place de Florence [Aubenas] ? Qui n’a rêvé que, transporté par magie quelque part en Irak, par un exploit héroïque, il l’en ramenait saine et sauve ? Une délivrance qui serait aussi notre délivrance à travers son image.

Mais quand l'affect prime, il arrive que la raison s'efface, comme lors des dernières élections espagnoles. Or c’est précisément ce que veulent les terroristes et assimilés. Dans le cas de Florence [Aubenas], les semaines d'incertitude, sans nouvelles - et sans images - mettent l'otage en condition et assurent aux images attendues le plus grand impact. Que le gouvernement français censure à juste titre une première vidéo, une autre aussitôt sera adressée directement aux médias pour garantir sa diffusion. Et que voit-on ? Que ne peut-on pas manquer de voir ? Une femme qui souffre, contraste absolu avec la photo souriante que la presse nous avait donnée d’elle. Et il ne fait pas de doute que ce contraste aussi, ses ravisseurs l’ont voulu, de la même manière qu’il leur a plu de réveiller la zizanie de « l’affaire Julia ».

Le goût pour le sensationnalisme des journaux télévisés s'accorde trop facilement avec la surenchère terroriste. Ils savent s'en servir. Alors prenons garde. Prenons garde aux images vraies. Prenons garde que nos télévisions ne soient complices. Prenons garde aux images produites par les criminels car elles sont images criminelles. Images terroristes.

[paru dans "Les Epées", n° 15]

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15 février 2006 3 15 /02 /février /2006 00:21

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PutinJudoka.jpgVladimir Poutine, ceinture noire de judo


Le président de Russie a co-signé un livre sur la question, traduit en anglais : V. Putin, V. Shestakov et A. Levitsky, Judo : History, Theory, Practice, Berkeley (North Atlantic Books), 2004.

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