Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

  • : Géopolis
  • : Géopolis est consacré à la géopolitique et à la géostratégie : comprendre la politique internationale et en prévoir les évolutions, les conflits présents et à venir, tel est le propos, rien moins !
  • Contact

Profil

  • Mélusine

Géopolis

Par ces temps troublés, l'actualité géopolitique inquiète et déconcerte. Les clefs nous manquent souvent pour en appréhender les facteurs d'évolution décisifs. Et en cette matière, les médias communs informent à peu près aussi mal qu'ils sont mal informés. On nous parle beaucoup de "mondialisation", mais la compréhension des désordres mondiaux n'en paraît pas tellement meilleure et les désordres eux-mêmes persistent, redoublent même... Bien sûr, Géopolis n'a pas la prétention de tout savoir et de tout expliquer. Nous tenterons simplement ici avec ceux qui voudront bien nous rejoindre de contribuer à la réflexion, d'éclairer certaines questions d'actualité en apportant des informations passées inaperçues ou des témoignages de première main, et aussi de prendre un peu de distance pour ne pas trop nous laisser impressionner par l'impact immédiat des événements. A qui s'adresse Géopolis ? A nous tous, simples citoyens, parce qu'en nos pays réputés démocratiques, nous sommes à l'origine de choix cruciaux : par le vote, c'est nous qui portons au pouvoir des hommes dont les décisions (ou les indécisions) feront le monde de demain, les guerres, la vie et la mort des pays et des peuples... C'est bien sérieux tout ça ! - Oui, le sujet est sérieux, mais les manières de l'aborder peuvent ne pas l'être toujours. Il sera donc aussi question de traités d'art militaire, de la formation des chefs d'Etat, de romans d'espionnage ou de cinéma...

Recherche

Archives

27 août 2007 1 27 /08 /août /2007 23:21
Des semaines de canicule, 45° C, le vent souffle, promoteurs et pyromanes sont de sortie, la Grèce est en flammes...

Bilan de l'été : déjà plus de 60 morts, des dizaines de villages en cendres, les forêts du Péloponnèse ravagées.
Partager cet article
Repost0
26 août 2007 7 26 /08 /août /2007 14:43
Le Nigéria, pays le plus peuplé d'Afrique et potentiellement le plus riche, ne connait que dictature et corruption depuis son indépendance en 1960. Un pays de misère, malgré les 2,5 millions de barrils / jour exportés vers l'Europe et les USA. Malgré... ou peut-être à cause d'eux. L'or noir, comme l'or du Rhin, est une malédiction. Voir déjà ici : http://geopolis.over-blog.net/article-6478787.html

Mais voici qu'un vent de révolte souffle sur le delta du Niger... Depuis une trentaine d'années, ce fleuve magnifique, dont des millions de pêcheurs des diverses ethnies du delta tirent leur maigre pitance, est souillé presque chaque jour par le pétrole brut qui fuit des forages de Shell, Total et compagnie. Une catastrophe écologique et humaine qui ajoute encore à la misère locale. Mais pendant longtemps, il n'y eut guère de réaction organisée chez ces populations analphabêtes, occupées à survivre, tant bien que mal, et souvent mal, et à se battre entre elles. L'événement déclencheur fut sans doute en 1995 la mort de l'écrivain pacifiste Ken Saro-Wiwa, fondateur du Mouvement pour la survie du peuple Ogoni (MOSOP). La mort, ou plus exactement l'exécution par les autorités nigérianes, mais très vraisemblablement sur ordre de Shell, d'un homme dont le tort était de protester contre la dévastation du pays, la marginalisation politique de son peuple et son étranglement économique.

Devant l'échec d'une protestation pacifique, la révolte armée est devenue pour beaucoup des habitants des rives du delta le dernier recours après Dieu. D'abord dérisoire, éparpillée et dépourvue d'une claire conscience politique, elle a pris une autre tournure en janvier 2006 avec l'entrée en scène du MEND (Mouvement pour l'émancipation du delta du Niger). Né au sein du peuple des Ijaws, organisé par une nouvelle génération de jeunes diplômés, ce mouvement s'est spécialisé dans les attaques surprises des installations pétrolifères et la prise en otage des expatriés qui y travaillent, et que le MEND libère volontiers contre rançon. De sabotages de pipelines en assauts de plateformes off-shore, il a réussi en un an à faire chuter la production de pétrole du Nigéria de 25%...

Rapides grâce aux zodiacs à partir desquels ils opèrent sur le fleuve, soutenus par la population, ils sont bien mieux armés que l'armée nigériane avec leurs AK-47 neufs, leurs mitrailleuses UK-68S et leurs colliers de cartouches. Et surtout, leurs amulettes et la protection d'Egbesu, le dieu de la guerre ijaw, les rendent intrépides. Voilà, ça s'appelle de l'animisme chrétien et c'est à l'épreuve des balles ! : "les jeunes Ijaws se disent fervents catholiques, mais préservent jalousement les traditions d’une sorte de garde secrète, soumise à une discipline féroce et à une stricte chasteté, à laquelle la population prête des pouvoirs surnaturels, comme celui d’être invulnérable aux balles". Un ethnologue d'ajouter : "L'esprit prend possession d'eux quand ils vont au combat. Ils ne craignent pas les mêmes choses que vous et moi".

Dans cet amalgame explosif de tradition et de modernité, les Ijaws ne perdent pas le Nord.  Selon un avocat proche du MEND et des milices, spécialisé dans les droits civiques et les affaires de pollution, quelque 20.000 personnes (sur six à huit millions d’Ijaws) auraient déjà participé à des stages de formation paramilitaire de six mois qui sont dispensés dans de petits camps cachés dans des endroits difficiles d’accès du delta. La lutte contre les multinationales prédatrices ne fait que commencer. Et en plus, hé hé, il paraît que les Ijaws sont un peu cannibales...

Delta du Niger : Ijaws du MEND en rouge et blanc, leurs couleurs protectrices

Voir aussi les articles de Joëlle Stolz de février 1999 sur l'histoire récente du Nigéria et ses fractures :
http://www.monde-diplomatique.fr/1999/02/STOLZ/11638.html
http://www.monde-diplomatique.fr/1999/02/STOLZ/11639
Un grand article illustré sur le MEND par Tom O'Neill dans le National Geographic :
http://www7.nationalgeographic.com/ngm/0702/feature3/index.html
Et un autre de Sebastian Junge dans The Observer, repris par Courrier International, n° 877 (août 2007), p. 40-42 : "Chaos au Nigéria : La guerre du pétrole a commencé".
Partager cet article
Repost0
20 août 2007 1 20 /08 /août /2007 22:54
L'Organisation de coopération de Shanghaï avait lancé le 9 août dernier à Urumqi (Chine, région du Xinjiang) sous le nom de "Mission de paix 2007" une série d'exercices militaires conjoints de lutte anti-terroristes. Ils se sont poursuivis jusqu'au 17 août sur le polygone de tir de Tchebarkoul, dans la région russe de Tcheliabinsk. Les présidents Kourmanbek Bakiev (Kirghizie), Hu Jintao (Chine), Vladimir Poutine (Russie), Noursoultan Nazarbaïev (Kazakhstan) et Islam Karimov (Ouzbekistan) étaient présents.

Un soldat russe à l'exercice
Photo : Ilya Pitalev pour RIA Novosti
Partager cet article
Repost0
17 août 2007 5 17 /08 /août /2007 22:22
Le hooliganisme n'est pas bien, nous dit-on ; mais le tourisme, c'est bien pire ! Oh, je ne parle pas du tour traditionnel qui mène les honnêtes gens curieux que vous êtes par le vaste monde : plutôt voyage d'étude, pèlerinage ou méditation ambulante, à vrai dire. Non, je parle du tourisme "en masse" qui sévit de nos jours, celui par exemple de cette mère chinoise qui torche son gamin dans la chambre du roi à Versailles et abandonne la couche souillée dans l'embrasure de la fenêtre, tandis que son mari ou un autre se mouche dans les rideaux (authentique, j'ai des témoins)...

Je parle des actes de vandalisme qui se multiplient dans les musées, les églises, les jardins, par malveillance, par manque d'éducation ou par bêtise crasse, comme ici :
http://www.latribunedelart.com/Nouvelles_breves/Breves_2007/7_07/Vandalisme_Versailles_724.htm

Je parle de la propension de l'homo turisticus à laisser une trace de son passage comme le renard son urine. Un tag, une signature, un gribouillage quelconque.

De sa propension à laisser partout ses papiers gras, ses sacs en plastique et ses canettes de Coke. Plages, forêts, montagnes, il n'épargne rien, il salit tout !

Et ce tourisme que l'on croît anodin, que l'on recherche même pour le bien de l'économie du pays, est souvent (pour au moins 10% des touristes, je dis bien 10% !) un tourisme sexuel. Bien sûr, on connaissait déjà l'initiation sentimentale des jeunes Français en Angleterre ou le bon temps des filles libérées au Club Méd. Mais il y a surtout l'explosion du tourisme sexuel tarifé et l'exploitation des enfants. Ce tourisme de pervers représente une part importante des voyages vers certaines destinations (Thaïlande, Vietnam, Brésil, Inde, Philippines, Saint-Domingue, Madagascar, Maroc, Tunisie).

"Chaque année, 842 millions de touristes se rendent à l'étranger. Parmi eux, 10 % choisissent leur destination de voyage selon l’offre "sexuelle", d’après un rapport publié le 2 juin 2007, à l’occasion de la première Journée mondiale pour un tourisme responsable. Un nombre grandissant de touristes vont donc s'adonner à un genre bien particulier de vacances : le tourisme sexuel, aujourd'hui considéré comme le 3e commerce illégal par ordre d'importance dans le monde, juste après la drogue et les armes."
Cf. http://www.routard.com/mag_dossiers/id_dm/6/ordre/1.htm

Mais peut-être pensez-vous que ces commerces sont clandestins ? Pas du tout : "En 1990, le tour opérateur britannique Sunmed écrivait dans sa brochure "Go Places", en parlant des Thaïlandais : "ils sont des Peter Pan, éternels enfants qui n'ont jamais grandi..." et en parlant de la Thaïlande : "c'est le pays le plus sensuel et le plus ouvertement sexuel de la planète". La brochure recommandait aux visiteurs potentiels de Pattaya : "si vous pouvez le sucer, l'utiliser, en manger, le sentir, l'essayer, en abuser ou simplement regarder, n'hésitez-pas : tout est possible dans ce lieu qui ne dort jamais. Pattaya n'est pas fait pour les prudes.". La même année, la compagnie aérienne autrichienne Lauda Air est condamnée à présenter des excuses à la Thaïlande et à retirer le magazine de bord qui vantait les charmes du pays dans des termes similaires". Lauda Air qui faisait récemment de la pub dans le métro parisien...
Cf. http://elalaoui.free.fr/partonechapterthree.html#notes

Je cite encore : "Le cas de l'Asie est préoccupant car des tour opérateurs peu scrupuleux qui font de cette activité leur fonds de commerce ont développé une offre spécifique et proposent des forfaits où cette forme de tourisme est implicitement incluse". Selon l'UNICEF, rien qu'en Asie, un million d'enfants seraient concernés, enlevés ou vendus pour être abusés, souvent parqués dans des maisons closes à touristes. Un million...

Le tourisme pourrit et corrompt. Il est la cause directe de la hausse vertigineuse de la prostitution dans les pays pauvres, avec toutes les conséquences qui s'ensuivent pour les personnes et pour l'équilibre de ces sociétés. La pandémie du sida est elle-aussi étroitement liée à ces pratiques prédatrices et déviantes. Plus les écarts économiques se creusent, plus tout s'achète, y compris les humains, y compris les enfants. On tombe dans le sordide (voir le dossier du Guide du routard cité ci-dessus).

Mais même sans être nécessairement mal intentionné, le touriste, à force d'euros ou de dollars, contribue à la destruction du tissu social des pays qu'il visite. Un exemple : "en proposant ses services de faux guide, un enfant de 10 ans gagne plus que son père qui travaille 10 à 12 heures par jour". Par sa frénésie d'achats, le touriste est cause directe d'inflation. "Le volume des touristes provoque généralement un accroissement des prix qui engendre des frustrations importantes chez les populations locales qui ne peuvent plus consommer leurs propres produits mais voient des étrangers venir les consommer sous leurs yeux". Le touriste, trop souvent, humilie l'autochtone.

Sans parler des conséquences pour la faune, la flore, les paysages... Pour le bien être de Monsieur le touriste, on bétonne, on bétonne. Que dire du patrimoine ? Versailles et le Louvre en vivent, certes, mais quel en sera le prix ? Quel prix pour la prédation touristique aux temples d'Angkor (Cambodge), de Borobudur (Indonésie)... Déjà Malraux...

Depuis quelque temps, l'UNESCO s'interroge sur les méfaits du tourisme pour le patrimoine mondial : '"L'industrie du tourisme et des voyages, un des plus importants secteurs d'activité économique à l'échelle mondiale, connaît une croissance très rapide. Pour la seule zone Asie-Pacifique, le Conseil mondial du voyage et du tourisme estime que le chiffre d'affaires de 805 milliards de dollars US réalisé en 1995 va s'accroître de près de 80 % par an durant les dix prochaines années pour atteindre deux trillions de dollars US en 2005. Quel sera l'effet de cette terrible expansion sur la préservation de l'intégrité voire la survie même des sites du patrimoine ?"

Les touristes, ça ne devrait jamais voyager !
Partager cet article
Repost0
15 août 2007 3 15 /08 /août /2007 20:24
Et oui, puisqu'on en parle*, il n'y a pas qu'en Espagne ! Le Japon aussi a ses châteaux qui font rêver, les châteaux innombrables que les seigneurs de samouraïs se firent construire. Les plus anciens qui subsistent datent de la dernière grande époque des guerres féodales, entre 1550 et 1600, donc grosso modo de l'époque Azuchi, du nom de l'un d'eux, alors que l'usage des armes à feu s'était généralisé. Beaucoup furent démantelés par les shoguns de l'époque Edo, et quelques-uns des plus beaux, dont le château d'Hiroshima, classé trésor national en 1931, et celui d'Okayama, dit "le château du Corbeau", furent détruits lors des bombardements US de la Seconde Guerre mondiale. * http://geopolis.over-blog.net/article-7034214.html

Matsumoto, dans la province de Nagano

Himeji, le château du Héron blanc,
classé au patrimoine mondial
Partager cet article
Repost0
15 août 2007 3 15 /08 /août /2007 00:37
...Hiroshima, 6 août 1945, 8h16, centre ville, au-dessus de l'hôpital...

et Nagasaki, fondée par les Portugais, la ville de saint François Xavier, le foyer du christianisme au Japon... 9 août 1945, 11h02, au-dessus de la cathédrale catholique, la plus grande d'Asie...

deux bombes atomiques made in USA et près de 300.000 morts et des centaines de milliers d'irradiés qui ont souffert le martyre.

Ne pas oublier cela.
Nagasaki, ruines de la cathédrale, après la bombe

Hiroshima, cérémonie du souvenir, 2007 (AFP)
Des lanternes en papier pour les morts

Hiroshima et son château du XVIe siècle en bois
(rasé par la bombe et reconstruit depuis à l'identique... mais en béton)

Rappel : http://geopolis.over-blog.net/article-3960135.html
Partager cet article
Repost0
28 juillet 2007 6 28 /07 /juillet /2007 12:38
L'ingénieur russe Mikhaïl Timofeïevitch Kalachnikov a 87 ans cette année et sa célèbre invention fête son 60e anniversaire. Son invention ? L'"Avtomat Kalachnikova modèle 1947", bien sûr, autrement dite AK-47. Réputé pour sa robustesse, sa facilité d'entretien et son faible coût (autour de 30 $ au marché noir mondial), le fusil d'assaut Kalachnikov est selon Amnesty International "the World's favourite killing machine". Il en existerait 50 à 70 millions en circulation actuellement, dont 90% de contrefaçons. L'AK et ses diverses variantes et dérivés sont produits et exportés par une dizaine de pays dont la Russie et les pays d'Europe de l'Est, mais aussi l'Algérie, la Chine, l'Inde et l'USI. Selon les experts, il sera encore le fusil d'assaut le plus utilisé dans le monde pour les 20 ou 30 ans à venir...

Kalachnikov et son AK, version originale

En dehors des lance-croquettes, je n'y connais pas grand chose en armes à feu, mais là, effectivement, ça a l'air assez simple. 600 coups / mn, tout de même. Cf. http://fr.wikipedia.org/wiki/AK-47.

"Le travail c’est toute ma vie, et ma vie c’est mon travail. J’ai inventé ce fusil d’assaut pour défendre mon pays. Aujourd’hui, je suis fier qu’il soit devenu pour beaucoup synonyme de liberté." (M.T. Kalachnikov). De liberté... ou de mort.

Corps d'un jeune Palestinien tué en 2004 près du kiboutz de Nahal Oz (Israël),
l'AK-47 encore en main
(Photos Al Jazeera)
Partager cet article
Repost0
26 juillet 2007 4 26 /07 /juillet /2007 22:53
Qu'il pleuve en Angleterre, ce n'est pas une franche nouveauté. C'est même assez commune chose. Mais un tel déluge... Imperméable et parapluie n'y suffiront plus.

Que d'eau ! Que d'eau !

Enfin, cela fait quand même de bien jolies photos (Léon Neal, AFP).

Et pendant qu'il pleut sans discontinuer sur le Yorkshire, qu'il pleut au Pakistan, qu'il pleut en Chine sur la région des Trois-Gorges où le barrage du même nom est plein à ras bord, ailleurs sévit une sécheresse torride : 48°C en Roumanie, à peu près autant en Bulgarie, et la Grèce s'embrase.

"La France est un pays au climat tempéré". Tant mieux, tant mieux ! C'est charmant comme ces leçons d'école primaire, mélanges de bon sens et de fierté nationale, d'évidence et de naïveté, avec une pointe de La Palice. Mais qui s'en plaindra ?
Partager cet article
Repost0
20 juillet 2007 5 20 /07 /juillet /2007 00:07
La gauche française s'en était entichée. Mais depuis que ses représentants jouent les ravis du sarkosisme, les révolutionnaires folkloriques semblent être passés aux oubliettes du gauchisme et les tee-shirts neufs du "Che" sont bons pour le placard. Pourtant le sous-commandant Marcos est toujours là. Enfin là... Je veux dire ici : http://enlacezapatista.ezln.org.mx/, sur le site officiel de l'Armée zapatiste de libération nationale (Ejercito zapatista de Liberacion nacional ou EZLN) et l'on peut suivre son emploi du temps au jour le jour. L'armée en question, si elle se présente sous le costume des guérilleros, n'en a pas les pratiques, puisqu'elle privilégie des "actions de sensibilisation" non-violentes telles que manifestations, communiqués lyriques et rencontres alter-mondialistes. Elle est d'ailleurs bien tolérée par le gouvernement central mexicain. Mais surtout l'EZLN assume le gouvernement civil des communes autonomistes de l'Etat sudiste du Chiapas, sortes de "Tradiland" pour la défense des autochtones.

Depuis les expropriations violentes à l'origine de la révolte d'Emiliano Zapata en 1910, le droit des paysans Indiens à vivre sur leurs terres est régulièrement remis en cause par les grandes exploitations agricoles, les multinationales US et les politiciens de Mexico qu'elles ont su corrompre. Ceux-ci ne jurent que par la monoculture industrielle, contraire au mode de vie traditionnel et à l'intérêt des communautés indiennes. "Les plantations de canne à sucre sont comme une maladie maligne qui s'étend et détruit, et fait disparaître tout pour prendre possession de terres et encore de terres avec une soif insatiable" (1874). On croirait un texte de 2007 sur les méfaits de l'extension des cultures de "bio-carburants"... Rien de nouveau sous le soleil du Mexique. Les menaces se nomment aujourd'hui Wal Mart et ses projets de supermarchés, ou encore l'exploitation du pétrole, richesse de cette région très pauvre dont les habitants ne tirent aucun bénéfice. Plutôt pragmatique, le mouvement néo-zapatiste privilégie l'auto-gestion des villageois et le "développement durable", ce qui, ma foi, est fort sympathique. Viva Zapata !

Et Marcos, me direz-vous ? Aux dernières nouvelles, le célèbre porte-parole anonyme de l'EZLN se porte comme un charme. Modestie, timidité, abnégation, nihilisme ou que sais-je, il ne quitte pas son passe-montagne et vient de changer de nom : Commissaire Zéro. Tous ces intellectuels parisiens imbus de leur auguste personne devraient méditer.

Le marxisme à la mode du Mexique (mais est-ce encore du marxisme ?)

Et dire que je suis tombée sur la photo en cherchant des informations sur... les déesses du Népal !
Partager cet article
Repost0
17 juillet 2007 2 17 /07 /juillet /2007 09:35

L'organisation mafieuse dirigée par Boris Abramovitch Bérézovsky n'étend pas ses activités que sur la Russie, où il était devenu subitement milliardaire sous Eltsine en pillant les entreprises d'Etat par le biais de sociétés-écrans et au prix de quelques morts suspectes, l'Angleterre, où il bénéficie de hautes protections politiques, et la France, où il réside régulièrement : après le gouvernement russe, qui depuis des années demande son extradition, c'est la justice brésilienne qui vient de lancer un mandat d'arrêt international contre le "parrain" pour faits de corruption agravés et blanchiment d'argent sale. L'affaire révèle comment cette mafia dite abusivement "russe" cherche à étendre son emprise à l'échelle mondiale. Le nommé Bérézovsky tente visiblement de diversifier ses investissements et de placer les sommes colossales que lui ont rapporté et lui rapportent ses divers trafics et détournements de fonds.

Mais non, mais non, nous répondra-t-on. Môsieur Bérézovsky est un parfait honnête homme, au-dessus de tous soupçons, tellement démocrate, tellement généreux, etc., qui bénéficie de l'asile politique à Londres où, depuis octobre 2001, il a fuit le méchant Poutine, etc., etc. Bref, tout à fait comme Rachid Ramda, l'organisateur des attentats de 1995 à Paris (RER Saint-Michel, Musée d'Orsay, Maison-Blanche), que l'Angleterre a accueilli et refusé d'extrader pendant 10 ans... Après l'asile donné aux terroristes islamistes, dont on a vu le résultat, voici que nos amis anglais font le meilleur accueil aux criminels "russes". Ils ne vont pas tarder à s'en mordre les doigts. La spécialité des terroristes, c'est l'attentat aveugle ; celle des mafieux , le meurtre ciblé. Sans compter qu'une fois la mafia installée, elle gangrène tout.

Ci-après la traduction de l'article du Financial Times du 13 juillet 2007 :

 

Le Brésil demande l'extradition de Bérézovsky

Un tribunal brésilien a lancé un mandat d'arrêt contre Boris Bérézovsky et demande l'extradition du milliardaire russe exilé en Grande-Bretagne, ainsi que de deux citoyens britanniques impliqués dans les affaires du football au Brésil.

Messieurs Bérézovsky, Kia Joorabchian, Nojan Bedroud et cinq ressortissants brésiliens sont inculpés d'association de malfaiteurs et de blanchiment d'argent sale en relation avec le versement d'un total de 23,5 millions d'euros au club de football de Sao Paulo 'Corinthians' depuis que la société MSI [Media Soccer Investments] en a pris le contrôle en novembre 2004.

Parmi les pièces du dossier, l'enregistrement de 18 mois de conversations téléphoniques montre clairement que "la société MSI appartient et a toujours appartenu à l'inculpé Boris Bérézovsky". Il est au point de départ de l'enquête qui a conduit les procureurs à délivrer un mandat d'arrêt.

D'après la transcription de cet enregistrement, un individu non-identifié dit explicitement à l'un des accusés brésiliens que ses associés ont l'intention d'acheter quatre autres clubs de foot au Brésil "pour blanchir de l'argent".

M. Bérézovsky nie toute relation d'affaires avec M. Joorabchian ou avec la société MSI et s'est dit convaincu que l'affaire ne serait qu'une extension de la campagne politique menée par le Kremlin contre lui.

 

M. Joorabchian nie tout délit et prétend que l'enquête aurait été déclenchée par un groupe d'individus cherchant à prendre le contrôle du club 'Corinthians'.

Un autre procès contre Bérézovsky - sous l'inculpation de détournement de fonds - s'est ouvert cette semaine à Moscou, par contumace et avec un avocat nommé d'office, le magnat des affaires ayant donné ordre à ses avocats de ne pas y assister.

M. Joorabchian est mêlé à un conflit entre 'Manchester United' et la Première Ligue du championnat de football anglais, à propos du recrutement du footballeur argentin Carlos Tevez, qui jouait au 'Corinthians'.

M. Joorabchian détient les droits financiers sur Tevez, dont le transfert à 'West Ham United' en août dernier s'est révélé en infraction avec les règles sur le recrutement des joueurs.

 

Jonathan Wheatley (Sao Paulo) et Neil Buckley (Moscou)
www.ft.com

Partager cet article
Repost0
24 juin 2007 7 24 /06 /juin /2007 12:21
Je n'en ai pas encore tout à fait fini avec ce Monsieur Luttwak. Son texte est intéressant par la considération dont bénéficie l'auteur parmi les spécialistes de géopolitique et parce qu'il prend le contre-pied du discours officiel américain, cf. http://geopolis.over-blog.net/article-6750608.html  Cependant il est aussi très contestable à d'autres égards. D'abord, c'est un peu facile de proposer que les USA abandonnent le Proche-Orient à son triste sort, quand ils ont tant fait pour que ce sort soit triste. C'est un peu tard aussi, après avoir fracturé l'Irak et sur-armé Israël, de dire qu'au fond, le Proche-Orient, ils s'en moquent. En fait, le discours de Luttwak semble le reflet de son dépit de voir la politique et l'armée américaines mises en échec en Irak, bien incapables d'y construire la démocratie annoncée.  Il propose donc de tourner le dos à cette région ingrate, puisque de toutes façons, selon lui, elle compte si peu.

Mais compte-elle si peu justement ? Luttwak passe sous silence les relations financières très étroites qui lient les dirigeants US aux monarchies pétrolières du Golfe persique, des relations si lucratives qu'ils n'auraient aucun intérêt à les rompre. Et la situation en Irak n'y change pas grand chose. Il part aussi du présupposé commun que l'opération irakienne serait un échec de la politique étrangère américaine. Voire ! Un échec, du point de vue des naïfs impénitents qui ont voulu croire à la "guerre au nom de la démocratie" comme ils ont gobé, gobent et goberont toutes les autres expéditions de ce genre pourvu qu'elles soient bien enrobées de discours lénifiant, peut-être ; mais pour moi qui n'ai jamais cru que la guerre du golfe fût faite dans cette perspective, l'échec n'est pas si patent. Après tout, l'USI (cf. http://geopolis.over-blog.net/article-3399117.html) s'est débarrassée d'un contradicteur qui la houspillait en la personne de Saddam, d'un Etat qui l'importunait et surtout d'un rival régional. L'Irak n'existe plus. N'était-ce pas le but recherché ? Sur les cendres de feu l'Irak, il y a désormais trois entités potentielles dont seul le Kurdistan a pris son autonomie ; les deux autres, trop imbriquées, ont plongé dans un conflit de longue durée qui tient autant de la guerre civile que de la résistance à l'envahisseur. Le premier objectif géopolitique est donc atteint : l'Irak n'importune plus personne pour la simple raison qu'il est rayé de la carte. Qu'en est-il des autres buts de guerre ?

Dans cette affaire, il a beaucoup été question de pétrole. "Le pétrole est au centre de la stratégie américaine au Proche-Orient, pouvait-on lire en 2002 dans le Washington Post. Le premier objectif d’une agression américaine contre l’Irak est de se saisir des énormes réserves pétrolières que possède ce pays". De fait, les Etats-Unis, qui consomment plus du quart de la production mondiale de pétrole, n'assurent plus eux-mêmes que le dixième de celle-ci, et la région du Golfe persique détiendrait encore les deux-tiers des réserves pétrolières subsistantes, encore que cette question des réserves soit très controversée. "Comme Shell l'a démontré, nous ne savons pas tellement quelles quantités de pétrole il y a. Si nous ne pouvons plus croire les comptes de Shell, qu'en est-il de ceux des Saoudiens ? Les chiffres avancés par l'OPEP ont longtemps été suspectés de faire l'objet d'une inflation politique," London Times, 23 mai 2004, cité par Eric Laurent dans La face cachée du pétrole, Paris, 2006. La réalité est que les gisements saoudiens sont en voie d'épuisement. Mais cela n'en rendait que plus intéressante la main-mise sur ceux d'Irak, laissés en partie inexploités depuis 1990 du fait des années d'embargo décrétées par l'ONU.

Irak, 1ère guerre du golfe : puits de pétrole en feu, 1991

Certes, l'état de guerre que connaît l'Irak aujourd'hui compromet gravement l'extraction et l'acheminement de l'or noir :
  • L'industrie pétrolière irakienne a accusé en 2005 un manque à gagner de plus de 6 milliards de dollars en raison des sabotages des infrastructures par des insurgés, annonçait [le 19 février 2006] le ministère irakien du Pétrole. "Les pertes de revenus et les réparations des installations se sont élevées en 2005 à 6,25 milliards de dollars à cause des opérations de sabotage", a précisé le porte-parole du ministère, Assem Jassem. Depuis la chute du régime de Saddam Hussein en avril 2003, le manque à gagner se monterait à plus de 20 milliards de dollars.
  • L`ancien ministre du Pétrole, Thamer Ghadbane, avait estimé les pertes en 2004 à 7 milliards de dollars. Le porte-parole a précisé que les insurgés avaient mené 186 attaques contre les infrastructures pétrolières en 2005, tuant 47 ingénieurs et techniciens et 91 policiers et gardes de sécurité. Selon lui, les pertes et réparations se répartissent ainsi : 400 millions de dollars à cause des attaques contre les champs pétroliers, 2,71 milliards contre les oléoducs d`exportation, 12 millions contre les oléoducs reliant les champs pétroliers aux raffineries et 3,12 milliards de dollars contre les oléoducs et gazoducs intérieurs.
  • Sur le terrain, la sécurité demeure le talon d´Achille du secteur, même si selon le même conseiller, "le nombre d´attaques contre les oléoducs a nettement diminué" [ça ce n'est pas sûr !]. Pour autant, la situation n´est pas encore totalement sous contrôle. Ainsi, l'oléoduc du nord qui relie Kirkouk à Ceyhan en Turquie, fermé en juin 2003, fait l'objet de nombreux actes de sabotage récurrents. Avant la guerre, ce conduit permettait l’exportation de 800.000 barils par jour.
  • (Elisabeth Studer, février 2006, http://www.leblogfinance.com/2006/02/ptrole_en_irak_.html ; voir aussi : www.leblogfinance.com/2007/06/irak-oloduc-en-.html)
Et la situation ne semble pas s'être améliorée depuis. Pourtant, si le pétrole irakien reste en partie inexploité et si la plus grande raffinerie du pays, Baiji, entre Bagdad et Mossoul, ne tourne plus qu'à 50% de sa capacité d'avant-guerre, il n'en demeure pas moins que ce pétrole n'est plus entre les mains d'un quelconque Saddam. Les Anglo-américains ont bel et bien fait main-basse dessus.

Outre le lobby du pétrole, l'opération irakienne s'est aussi révélée financièrement juteuse pour l'industrie de l'armement, les sociétés de sécurité et... les marchands d'art qui ont orchestré le pillage du musée de Bagdad ! Bref, une réussite ! Quant aux milliers de soldats US tués ou mutilés de guerre, il faut croire qu'ils passent par pertes et profits.

Pour en revenir à Luttwak, le texte de ce politologue de renom est plein d'approximations et de jugements à l'emporte-pièce, sans parler du mépris affiché pour "les Arabes arriérés" (ma traduction est un peu édulcorée...), et les Perses et les Turcs qu'il met dans le même sac. Il ne s'interroge d'ailleurs pas précisément sur les causes de cette arriération culturelle et semble hésiter entre raisons religieuses, raciales ou climatiques... Nonobstant, il a le mérite de dégonfler quelques baudruches comme "la menace iranienne" ou "Israël en danger". Car, il faut lire Luttwak entre les lignes. Si les pays arabes et assimilés sont aussi attardés qu'il le dit, si leurs capacités militaires sont aussi limitées - et de fait, elles le sont, - tout l'argumentaire judéo-israélien qui consiste à présenter Israël comme un Etat perpétuellement menacé, éternelle victime potentielle de la mauvaiseté de ses voisins, se trouve tourné en ridicule.

Il y aurait encore beaucoup à dire sur l'opportunité de cette publication à l'heure où les conseillers "néo-cons" du gouvernement américain cherchent à prendre leurs distances avec le clan Bush et à se re-positionner dans la perspective des prochaines élections aux USA. Francis Fukuyama dans son dernier livre, America at the Crossroads: Democracy, Power, and the Neoconservative Legacy (Yale University Press, 2006), ne compare-t-il pas George W. Bush... à Lénine !
(http://fr.rian.ru/analysis/20070625/67742192.html).

Il y aurait aussi à dire sur les conceptions politiques et militaires de Luttwak qui semble en être resté au temps de la guerre froide. Que les Etats du Golfe persique soient incapables de soutenir et de gagner une guerre classique contre les USA, ce n'est guère surprenant, qui le pourrait ? Mais quand l'infériorité militaire est trop criante pour une bataille à découvert, il reste les techniques de guérilla et le terrorisme. Et là, ils savent faire. Les armées modernes en sont bien conscientes.

De plus, pour l'auteur, le retrait du Proche-Orient ne s'inscrit pas du tout dans une perspective isolationniste. Bien au contraire. Il s'agirait pour les USA de reporter leurs forces ailleurs, contre la Russie, en Asie et... en Europe. Et là, on préfèrerait qu'ils continuent à s'occuper des Irakiens ! Pourtant les raisons de se retirer du Golfe
avancées par Luttwak valent tout aussi bien pour l'Afghanistan, le Soudan ou le Kosovo, pays eux-aussi musulmans, "arriérés", de peu de poids économique et au climat désagréable. Alors, s'il avait le courage de pousser jusqu'au bout sa logique, le propos du géopolitologue juif américain rejoindrait ce que les Serbes criaient sur le pont de Novi Sad : US go home !
Partager cet article
Repost0
10 juin 2007 7 10 /06 /juin /2007 18:48
Troisième et dernière partie du texte du géopolitologue Edward Luttwak.
I : http://geopolis.over-blog.net/article-6750608.html
II : http://geopolis.over-blog.net/article-6755462.html

La troisième et la plus grande erreur parmi toutes les idées reçues que colportent les spécialistes du Proche-Orient, qu'ils soient arabophiles ou arabophobes, spécialistes du monde turc ou de l'Iran, est aussi la plus simple à décrire. C'est l'étrange croyance en une grande malléabilité de ces vieilles nations. Les jusqu'au-boutiste insinuent toujours qu'avec un peu de violence appliquée où besoin est ("Les Arabes ne comprennent que la force"), on obtiendrait leur soumission. Mais ce qui arrive chaque fois c'est un surcroît d'hostilité. La défaite n'est pas suivie de collaboration, mais par une mauvaise volonté manifeste à coopérer, voire par une résistance active. Ce n'est pas difficile de vaincre les pays arabes, mais c'est presque entièrement inopérant. La violence peut marcher pour détruire des armements dangereux, mais non pour induire les changements désirés dans les comportements.

Les modérés font exactement la même erreur à rebours. Ils prétendent toujours que si seulement telle ou telle concession était faite, si seulement leur politique à eux était suivie jusqu'au bout, si on leur montrait du respect ou au moins on faisait semblant, les hostilités cesseraient et feraient place à une parfaite entente méditerranéenne. Pourtant même les moins compétents des spécialistes du Proche-Orient devraient savoir que l'Islam, comme n'importe quelle autre civilisation, est un tout et que, contrairement à d'autres, celle-ci promet à ses fidèles une supériorité en toutes choses, de sorte que le retard scientifique, technologique et culturel des pays d'Islam crée un sentiment constamment renouvelé d'humiliation et de frustration civilisationnelle. Cela explique largement l'omniprésence de la violence musulmane et montre le caractère futile des palliatifs prônés par les modérés.

L'erreur opérationnelle que les spécialistes du Proche-Orient persistent à faire est leur incapacité à reconnaître que les sociétés arriérées doivent être laissées à elles-mêmes, comme le font maintenant sagement les Français avec la Corse, comme les Italiens ont appris à le faire avec la Sicile, une fois qu'ils se sont rendu compte que les grands procès revenaient ni plus ni moins à livrer le pouvoir à une nouvelle mafia de diplômés et d'avocats. Sans invasions ni gages d'amitié, les peuples du Proche-Orient devraient enfin pouvoir avoir leur propre Histoire, ce que précisément les spécialistes de tous poils du Proche-Orient semblent déterminés à leur refuser.

Ceci nous amène à l'erreur que nous commettons tous. Nous accordons beaucoup trop d'attention au Proche-Orient, une région assez stagnante où presque rien ne se crée dans le domaine des sciences ou des arts (exception faite d'Israël, le nombre des brevets déposés par les pays du Proche-Orient rapporté à celui de la population est le 1/5e de celui de l'Afrique sub-saharienne). Les peuples du Proche-Orient (environ 5% seulement de la population mondiale) sont remarquablement improductifs, une grande proportion d'entre eux ne faisant d'ailleurs pas partie du tout de la population active. Bien peu d'entre nous se soucieraient de travailler si nous étions citoyens d'Abou Dhabi, avec tant d'argent du pétrole pour si peu de citoyens. Mais les 27 millions d'habitants de l'Arabie Saoudite vivent aussi largement des revenus du pétrole qui coulent jusqu'à eux, laissant l'essentiel du travail à des techniciens et des ouvriers étrangers. Même avec des cours du pétrole élevés, les 14.000$ de revenu annuel par habitant en Arabie Saoudite ne sont que la moitié du revenu par habitant en Israël, pourtant dépourvu de pétrole.

L'Arabie Saoudite a une bonne excuse car c'était un pays de petits cultivateurs d'oasis et de pasteurs bédouins dont on ne pouvait pas attendre qu'ils devinssent des capitaines d'industrie en juste 50 ans. Bien plus surprenant est le parasitisme pétrolier d'un pays comme l'Iran, autrefois plus accompli. Bien qu'il n'exporte que 2,5 millions de barils par jour, comparés au 8 millions de l'Arabie Saoudite, le pétrole représente encore 80% des exportations de l'Iran tant son agriculture et son industrie sont devenues improductives.

Le Proche-Orient fut il y a longtemps la région la plus avancée du monde, mais de nos jours ses productions principales sont la consommation effrénée et le ressentiment. Selon le rapport de l'ONU de 2004 sur le développement arabe, la région peut se vanter (!) d'avoir le taux le plus bas au monde d'alphabétisation après l'Afrique sub-saharienne avec seulement 63% des adultes. Du fait de sa dépendance au pétrole les biens manufacturés ne représentent que 17% de ses exportations pour un niveau moyen général de 78%. En outre, malgré la richesse pétrolière, la totalité du Proche-Orient a produit moins de 4% du produit intérieur brut global en 2006, moins que l'Allemagne.

A moins d'y être contraint par un danger immédiat, nous devrions donc nous concentrer sur les vieux et les nouveaux foyers de création en Europe et en Amérique, en Inde et dans l'Extrême Orient, des pays où des peuples travailleurs vont de l'avant au lieu de rêver du passé.
E. Luttwak
Cf. http://www.prospect-magazine.co.uk/article_details.php?id=9302

*
Bien sûr, il y aurait pas mal de choses à dire là-dessus, mais... pas ce soir !
Partager cet article
Repost0
6 juin 2007 3 06 /06 /juin /2007 21:10
Seconde partie du texte d'E. Luttwak paru dans Prospect en mai 2007 : "Pourquoi le Proche-Orient n'a aucune importance". Pour la première partie, voir ci-dessous :
http://geopolis.over-blog.net/article-6750608.html
*
La deuxième erreur souvent répétée est le syndrome Mussolini. Les archives d'époque montrent sans l'ombre d'un doute ce qui est aujourd'hui difficile à croire : des gens sérieux, y compris des chefs militaires français et britanniques, admettaient les revendications de Mussolini au statut de grande puissance parce qu'ils étaient convaincus qu'il avait des forces armées importantes sous son commandement. Ses divisions, ses vaisseaux de guerre et ses escadres volantes étaient dûment comptés pour estimer la puissance militaire italienne, déduction faite de leur manque en armes dernier cri, mais non de leurs réticences plus fondamentales à se battre jusqu'au bout. N'ayant admis que l'Ethiopie l'emporte sur Mussolini que pour le perdre aussitôt au profit d'Hitler dès le début des hostilités, les Britanniques découvrirent que les forces italiennes se délitaient rapidement dans le combat. Il ne pouvait en être autrement, parce que la plupart des soldats italiens étaient des conscrits malgré eux issus de la paysannerie muletière du Sud ou des villages agraires du Nord, tout aussi misérables.

C'est exactement la même erreur que la confrérie des spécialistes ès Proche-Orient continue de commettre. Ils persistent à attribuer une réelle force militaire à des sociétés arriérées dont les populations peuvent très bien alimenter des insurrections mais non une armée moderne.

Dans les années 1960, c'est l'Egypte de Nasser qui passait pour une véritable puissance militaire, simplement parce qu'elle avait reçu beaucoup d'avions, de chars et de fusils de la part de l'Union soviétique, et avait beaucoup de divisions blindées et d'escadres aériennes. En mai 1967, à la veille de la guerre, beaucoup étaient d'accord avec la prédiction faite par le maréchal Montgomery à l'occasion d'un retour sur les lieux de la bataille d'El Alamein : selon lui les Egyptiens allaient immédiatement écraser les Israéliens. Même les plus circonspects n'avaient pas prévu que les premiers seraient complètement défaits par les seconds en quelques jours seulement. En 1973, avec davantage de pathos, il ne fallut toujours que trois semaines pour atteindre le même résultat.

En 1990, ce fut le tour de l'Irak d'être largement surestimé comme puissance militaire. Saddam Hussein avait plus de matériel que Nasser n'en avait jamais accumulé et pouvait se vanter d'avoir vaincu un Iran beaucoup plus peuplé au terme de huit ans de guerre. Dans les mois qui précédèrent la Guerre du Golfe, il y eut maintes spéculations angoissées à propos de la taille de l'armée irakienne - à nouveau les divisions et les régiments furent dûment comptés comme s'il s'agissait de divisions blindées allemandes à la veille du Blitzkrieg, avec un décompte séparé pour "l'élite" : les Gardes républicains, sans parler de la "super-élite" : les Gardes républicains spéciaux. Et on craignait que les abris anti-aériens à l'épreuve des bombes et les bunkers profonds de l'Irak survivraient à n'importe quelle attaque aérienne.

Que cela reflète dans l'ensemble des avis au plus au haut niveau, on peut le déduire de l'ampleur de la coalition militaire qui fut laborieusement réunie, comprenant 575.000 hommes côté US, 43.000 côté britannique, 14.663 côté français et 4.500 côté canadien, et qui forma incidemment cette présence sacrilège d'infidèles sur le sol arabe qui allait pousser Oussama ben Laden à vouloir en tirer vengeance. Dans la pratique, deux semaines de bombardements de précision furent suffisantes pour paralyser toute la machine de guerre de Saddam Hussein qui chercha à peine à résister à l'offensive terrestre massive lorsqu'elle vint. A aucun moment l'aviation irakienne ne chercha à se battre, et tous ces chars qu'on avait minutieusement dénombrés servirent pour l'essentiel à l'entraînement au tir. Une véritable armée aurait continué de résister des semaines ou des mois dans les positions enterrées du Koweit, même en l'absence de couverture aérienne, mais l'armée de Saddam était l'habituel écran de fumée proche-oriental dépourvu de réalité militaire.

Maintenant le syndrome Mussolini est à nouveau à l'œuvre à propos de l'Iran. Tous les symptômes y sont y compris le catalogue des navires de guerre iraniens, en dépit du fait que la plupart ont plus de 30 ans d'âge ; le catalogue des avions de combat, dont beaucoup (F-4, Mirages, F-5, F-14) n'ont pas volé depuis des années faute de pièces de rechange ; et celui de divisions et de brigades qui n'existent que sur le papier. On vous fait des descriptions effrayées des gardiens de la révolution Pasdaran, invariablement décrits comme "l'élite", qui se pavanent en effet comme s'ils avaient gagné de nombreuses guerres, mais qui en réalité n'en ont fait qu'une seule - contre l'Irak - qu'ils ont perdue. Quant à la prétention de l'Iran d'avoir vaincu Israël par l'intermédiaire du Hezbollah dans l'épisode de l'année dernière, le coup publicitaire a été remarquable mais la réalité est tout autre avec environ 25% de pertes parmi les hommes les mieux entraînés, ce qui explique le silence de mort et l'immobilité depuis le cessez-le-feu d'un Hezbollah autrefois exubérant.

Et quand tout le reste ne parvient pas à nous effrayer, on invoque la nouvelle cavalerie légère du terrorisme iranien. Les habituels spécialistes du Proche-Orient nous expliquent maintenant que si l'on embête les ayatollahs, ils lâcheront des terroristes qui dévasteront nos vies, bien que 30 ans d'imprécations "Mort aux USA" et les sommes considérables dépensées pour maintenir un département spécial du terrorisme international n'aient produit qu'un seul attentat à la bombe majeur en Arabie Saoudite, en 1996, et deux dans l'environnement plus permissif de Buenos Aires en 1992 et 1994, ainsi que quelques assassinats d'exilés en Europe.

Il est vrai que si les installations nucléaires iraniennes viennent à être bombardées au cours de quelque raid nocturne, des représailles seront probables, mais nous vivont une époque heureuse où nous avons seulement à nous préoccuper de cette agaçante question du terrorisme au lieu de guerres mondiales - et une nouvelle contribution de l'Iran n'est pas de nature à faire beaucoup d'effet. Il peut y avoir de bonnes raisons de ne pas attaquer les sites nucléaires iraniens - notamment les progrès particulièrement lents et douteux de ses efforts d'enrichissement de l'uranium - mais sa capacité de riposte n'en fait pas partie. Même le trafic des tankers dans le Golfe et à travers le détroit d'Ormuz, fragile en apparence, n'est pas aussi vulnérable qu'il y paraît - l'Iran et l'Irak ont tous deux cherché à l'atteindre à plusieurs reprises sans grand succès, - et cette fois si la marine US est prête à détruire toute piste de décollage ou toute jetée d'où les attaques seraient lancées.

Et pour ce qui est de l'idée selon laquelle "les Iraniens" seraient unis dans le soutien patriotique au programme nucléaire, cette nationalité n'a jamais existé. Sur les quelque 70 millions de la population iranienne, 51% sont des Perses ethniquement parlant, 24% sont des Turcs (des "Azéris" dans la terminologie du régime), le quart restant étant constitué d'autres minorités. Nombreux sont ceux parmi les 16 ou 17 millions de Turcs d'Iran qui sont en révolte contre l'impérialisme culturel perse ; les 5 ou 6 millions de Kurdes ont déclenché une grave insurrection ; la minorité arabe fait exploser des bombes à Ahvaz ; et la tribu Baloutche attaque gendarmes et gardiens de la révolution. Si près de 40% de la population britannique était engagée dans des luttes séparatistes d'intensités diverses, personne n'oserait affirmer son unité autour du gouvernement de Londres. Et qui plus est, une partie importante de la majorité perse s'oppose au régime théocratique, soit parce qu'ils considèrent l'Islamisme comme dépassé en réaction à ses nombreux interdits, soit parce qu'ils sont soufis et que le régime les persécute maintenant presque autant que la petite minorité Baha'ie. Alors cessons de faire des rapports depuis Téhéran mettant l'accent sur l'unité nationale du pays. Le nationalisme perse est une position minoritaire dans un pays où la moitié de la population n'est même pas perse. De nos jours, les Etats multinationaux ou décentralisent ou se disloquent plus ou moins violemment. L'Iran n'est pas en cours de décentralisation, aussi son avenir semble-t-il facilement prédictible. Pour l'heure, il ne faut pas en attendre beaucoup de cohésion en cas d'attaque.

A suivre...
Partager cet article
Repost0
5 juin 2007 2 05 /06 /juin /2007 23:50
Il y a du nouveau chez les néo-cons américains et ce n'est pas bête du tout. Un article récent du politologue Edward Luttwak publié dans le mensuel Prospect (mai 2007) a fait impression ces dernières semaines. Courrier international en publie un compte-rendu (n° 865, p. 50 : "Oublier le Moyen-Orient", tiré de Al-Hayat) et le Monde diplomatique (Carnets du 8 mai par Alain Gresh : "Le Moyen-Orient, au milieu de nulle part") en est tout bouleversifié ! Je me propose donc de le traduire in extenso, mais d'abord quelques mots sur l'auteur.

Né en 1942 dans une famille juive de Roumanie, naturalisé américain après avoir vécu en Italie et en Angleterre, Edward Nicolaï Luttwak est un économiste diplômé de la London School of Economics et de l'université John Hopkins. Il est surtout un des spécialistes de géopolitique les plus connus, membre du "Center for Strategic and International Studies" de Washington et du "National Security Study Group" du Département de la Défense, et conseiller auprès du Département d'Etat US.

Luttwak a publié plusieurs ouvrages qui reposent volontiers sur le paradoxe et les propositions provocantes, mais donnent à réfléchir, le plus connu étant Coup d'Etat : A Practical Handbook (Londres, 1979), traduit sous le titre Coup d'Etat, mode d'emploi (Poche, 1996). Parmi ses autres livres disponibles en français : Le paradoxe de la stratégie (Odile Jacob, 1989), Le rêve américain en danger (1993 - trad. 1995), La renaissance de la puissance aérienne stratégique (Economica, 1998), Le turbo-capitalisme : les gagnants et les perdants de l'économie globale (O. Jacob, 1999), Le grand livre de la stratégie : De la paix et de la guerre (1987 - trad. 2002) et, non traduit à ma connaissance : The Pentagon and the Art of War (New York, 1984).

*
Le milieu de nulle part
ou
Pourquoi le Proche-Orient n'a aucune importance*

* [Le titre anglais repose sur un jeu de mot entre "Middle-East", en bon français Proche-Orient, et "middle", le milieu]

Les analystes occidentaux sont toujours à bavasser sur l'importance stratégique du Proche-Orient. Mais, malgré son pétrole, cette région arriérée compte moins que jamais et cela vaudrait mieux pour tout le monde si le reste du monde apprenait à l'ignorer.

Pourquoi les spécialistes du Proche-Orient se trompent-ils toujours, infailliblement ? La leçon de l'Histoire, c'est que les hommes n'apprennent jamais rien de l'Histoire, mais les spécialistes du Proche-Orient, comme nous autres, devraient au moins apprendre de leurs erreurs passées, au lieu de continuer à les refaire.

La première erreur est le catastrophisme du "nous sommes à deux doigts de l'explosion". Feu le roi Hussein de Jordanie était le maître incontesté du genre. Prenant son air le plus sombre, il nous avertissait que, la patience étant à bout, un conflit israélo-arabe était sur le point d'éclater qui rendrait tous les conflits passés insignifiants au regard de ce qui allait survenir à moins que, à moins que... Puis venait le remède, généralement quelque chose de plutôt insipide en comparaison de la terrible catastrophe annoncée, comme de reprendre telle ou telle négociation enlisée, ou d'envoyer un émissaire américain dans la région pour faire aux Palestiniens les mêmes promesses que d'habitude et faire sur Israël les mêmes pressions que d'habitude. Nous avons lu des versions du discours-type du roi Hussein dans tant de journaux, entendu des invocations identiques à chaque apparition radiophonique ou télévisée des habituels spécialistes du Proche-Orient, et avons maintenant devant nous le fils de Hussein, Abdallah, qui répète régulièrement le discours de son père, presque mot pour mot.

Ce qui arrive en réalité à chacun de ces "moments de vérité" - et l'un d'eux se profile sans doute à l'horizon - n'est pas grand chose, juste le même vieux conflit cyclique qui recommence chaque fois que la paix se fissure, et se résorbe chaque que la violence atteint un certain niveau d'intensité. La facilité qu'il y a à filmer et rendre compte en toute sécurité depuis de luxueux hôtels israéliens gonfle la couverture médiatique de la moindre échauffourée. Mais les humanitaires devraient noter que les morts du conflit judéo-palestinien depuis 1921 se montent à moins de 100.000 - presque autant que de tués en une saison de conflit au Darfour.

Du point de vue stratégique, le conflit israélo-arabe est à peu près sans intérêt depuis la fin de la guerre froide. Et pour ce qui est de son impact sur les prix du pétrole, il était grand en 1973 lorsque les Saoudiens ont décrété l'embargo et ont réduit leur production, mais c'était la première et dernière fois qu'était brandie "l'arme du pétrole". Depuis des décennies maintenant, les principaux producteurs arabes ont notoirement rejeté tout lien entre prix et politique, et un embargo serait un désastre pour leurs économies dépendantes des revenus du pétrole. Quoiqu'il en soit, le lien de cause à effet entre troubles au Proche-Orient et prix du pétrole est loin d'être direct. Comme Philip Auerswald le faisait remarquer récemment dans la revue The American Interest, entre 1981 et 1999 - période pendant laquelle un régime fondamentaliste a consolidé son pouvoir en Iran, l'Iran et l'Irak se sont fait une guerre de huit ans à portée de canon d'installations gazières et pétrolifères, la Guerre du Golfe a eu lieu et la première Intifada palestinienne a fait rage - les prix du pétrole, compte-tenu de l'inflation, ont en réalité chuté. De plus, la dépendance générale vis à vis du pétrole proche-oriental va déclinant : aujourd'hui la région produit moins de 30% du pétrole brut mondial, contre près de 40% en 1974-1975. En 2005, 17% des importations US de pétrole venaient du Golfe, contre 28% en 1975, et le président Bush a profité de son discours sur l'état de l'Union de 2006 pour annoncer son intention de réduire des trois-quart d'ici 2025 les importations US de pétrole du Proche-Orient.

Certes, ce serait bien si Israéliens et Palestiniens pouvaient régler leurs différends, mais cela n'aiderait en rien ou si peu à calmer les autres conflits du Proche-Orient de l'Algérie à l'Irak, ou pour arrêter les violences entre musulmans et hindous au Cachemir, celles entre musulmans et chrétiens en Indonésie et aux Philippines, entre musulmans et bouddhistes en Thaïlande, entre musulmans et animistes au Soudan, entre musulmans et Igbo au Nigéria, entre musulmans et Moscovites [sic] en Tchéchénie, ou les diverses variétés de violences intra-musulmanes, traditionnels contre islamistes, et Sunnites contre Chiites ; et cela n'adoucirait pas non plus l'hostilité parfaitement compréhensible des islamistes convaincus envers l'Occident transgressif qui sans cesse envahit leurs esprits, et parfois leurs pays.

Le catastrophisme israélo-arabe est une erreur à double titre, d'abord parce que le conflit est circonscrit à un périmètre plutôt limité, et deuxièment tout simplement parce que le Levant n'est plus tellement important.
[La suite ici : http://geopolis.over-blog.net/article-6750608.html]
Partager cet article
Repost0
4 juin 2007 1 04 /06 /juin /2007 22:58
Et aujourd'hui, Mesdames et Messieurs, l'abominable homme des neiges !

Si quelqu'un sait plus précisément de quoi il s'agit...

La photo semble provenir de "Mission Spéciale Productions", même si je ne l'ai pas retrouvée sur leur site :
http://www.missionspeciale.com/index.adml?r=0

Eh bien, non, ce n'était pas un yéti, mais probablement un membre en tenue neige du 13e régiment de Dragons Parachutistes, unité d'élite de l'armée française spécialisée dans le renseignement et les "missions spéciales". Probablement..., parce que s'il est en tenue de camouflage, c'est justement pour ne pas être reconnu !
Cf. http://le.cos.free.fr/13rdp.htm
Partager cet article
Repost0
3 juin 2007 7 03 /06 /juin /2007 17:24
Mercredi dernier, 30 mai 2007, le Conseil de Sécurité de l'ONU instituait un nouveau tribunal pénal international (résolution n° 1757). Pour juger un crime contre l'humanité ? Des individus soupçonnés de génocide ? Nenni. Après Nuremberg, La Haye (pour l'ex-Yougoslavie) et Arusha en Tanzanie (pour le Rwanda), le nouveau tribunal sera chargé de juger les assassins de l'ancien Premier ministre libanais Rafic Hariri, tué dans un attentat à Beyrouth le 14 février 2005.

On soupçonne fort la Syrie d'être derrière l'opération. C'est bien possible, mais est-ce une raison suffisante pour créer un tribunal d'exception ? Un tribunal pour juger la mort d'un seul homme ? En fait, le terrible attentat qui a coûté la vie de Rafic Hariri a tué aussi une vingtaine d'autres personnes et en a blessé une centaine. Seulement, n'était Hariri lui-même, aurait-on autant cherché à leur rendre justice ? Des attentats meurtriers, il s'en produit tous les jours en Irak. Des assassinats politiques, il y en a eu un peu partout dans le monde, certains même orchestrés par des pays occidentaux "démocratiques", sans qu'aucun tribunal ne soit constitué pour les juger. C'est que, me dira-t-on, la justice libanaise a sans doute peu de moyens d'enquête... - Ne pouvait-on les lui fournir ? - Des pressions se seraient exercées sur elle... - En ira-t-il autrement de ce tribunal très politique ? - La justice libanaise nous paraît trop corrompue, inefficace... - Davantage que la justice française, vraiment ? Les disparues de l'Yonne, ça ne vous dit rien ? Les disparus de Mourmelon, non plus ?

Au demeurant, dans cette affaire, la justice libanaise a déjà fait arrêter plusieurs personnes dont le chef de la garde présidentielle, Moustapha Hamdane, et l'ancien directeur de la Sûreté générale, Jamil Sayyed, proches du président libanais Emile Lahoud et de la Syrie. Nonobstant : "La France veut absolument la création de ce tribunal chargé de juger les assassins d'Hariri", avait déclaré Bernard Kouchner, nouvellement nommé ministre des Affaires étrangères, à l'occasion de son voyage au Liban fin mai. La France, peut-être, mais ne sont-ce pas là des affaires libanaises ? Et pourquoi d'ailleurs la France le voudrait-elle absolument ? Parce que Hariri père était un grand ami de Jacques Chirac et, à ce qu'on dit aussi, un des financiers de ses campagnes présidentielles. Hariri fils a d'ailleurs prêté son appartement parisien à l'ex-président de la République française le temps qu'il trouve un autre point de chute.

Jacques Chirac et Rafic Hariri

Qu'en pensent les principaux intéressés : les Libanais ? Pour résumer, les musulmans sunnites sont très contents de la création de ce tribunal spécial (Hariri était un des leurs). Les musulmans chiites très mécontents. Et les chrétiens ne débordent visiblement pas d'enthousiasme. Des chrétiens du Liban que je connais surnomment la victime "Trafic" Hariri, c'est dire sa réputation... Rafic Hariri (1944-2005) avait fait fortune en Arabie Saoudite en construisant des palais pour le roi Fahd. Depuis la fin de la guerre civile au Liban, son entreprise Oger International participait à la reconstruction de Beyrouth et sa fortune a été estimée jusqu'à 10 milliards de dollards... Il connaissait toute la jet-set politique. Mieux : il en faisait partie. L'assassinat de Hariri est donc un crime de lèse-dirigeants. Peut-être se sont-ils imaginez à sa place et l'image leur aura déplu !? On peut comprendre. Bien sûr, il s'agit surtout de mettre en accusation la Syrie. Mais il n'en demeure pas moins que l'institution de ce tribunal d'exception crée un précédent et qu'elle est en elle-même assez indéfendable.

Au fait, on attend toujours le jugement des meurtriers de Jean-Charles de Menezes, ce jeune brésilien abattu le 22 juillet 2005 dans le métro de Londres. A quand une résolution de l'ONU ?
Partager cet article
Repost0
2 juin 2007 6 02 /06 /juin /2007 13:46
Où va l'agriculture, et nous avec ?
On pourrait croire que la réduction de la diversité biologique, c'est à dire la disparition massive d'espèces animales et végétales à laquelle nous assistons aujourd'hui, serait uniquement due à des facteurs externes ou du moins en partie involontaires, tels que les bouleversements climatiques, la déforestation dans les pays pauvres, etc., ou qu'elle serait la conséquence de l'action criminelle d'individus cupides et réprouvés comme les braconniers qui massacrent l'éléphant pour l'ivoire ou le tigre pour alimenter la pharmacopée chinoise... Oui et non ! En réalité, cette réduction drastique des espèces est délibérée. Elle a été orchestrée depuis 50 ans par les grands groupes de l'industrie agro-alimentaire et va de pair avec la concentration qui s'est opérée dans le domaine de la distribution des semences, comme l'explique ce large extrait d'un texte de Dominique Guillet, président de l'association Kokopelli dont j'avais déjà parlé : "La guerre des semences a commencé", http://geopolis.over-blog.net/article-3204962.html.
*

Quelles semences pour nourrir les peuples ?


La semence, c’est le début de la chaîne alimentaire. Celui qui contrôle la semence, contrôle la chaîne alimentaire et donc contrôle les peuples.

Pendant 12 000 ans, au moins, les paysans et les paysannes du monde entier ont produit leurs propres semences, ont amélioré, sélectionné et créé de nouvelles variétés de céréales, de légumes, de fruits et de plantes à fibres. Qui plus est, les agricultures paysannes étaient des agricultures respectueuses de la Terre Mère. Dans les temps anciens, on ne parlait pas de “protection de ressources génétiques” et “d’agriculture durable” : on savait intimement qu’une civilisation qui perd ses semences et qui détruit ses sols est une civilisation qui est en train de mourir.

Depuis plus d’un siècle, les promoteurs de l’agriculture moderne occidentale, soutenus par les puissances financières de la pétrochimie, se sont acharnés à détruire les semences paysannes et les variétés traditionnelles tout en détruisant les sols en les asphyxiant de poisons violents. L’agrochimie a volé leur terre aux paysans et elle prospère au détriment de l’humanité et de la planète. Le secret de cette réussite est très simple, c’est un véritable tour de prestidigitation. Depuis 1900, l’agriculture moderne a créé des variétés hautement susceptibles à une pléthore de parasites et de maladies (tout en prétendant, bien sûr, le contraire) et qui nécessitent, dans le champ, le recours à une chimie très lourde.

Ce paradigme “farceur”, qui est le fondement de l’agriculture moderne, sévit encore pleinement de nos jours. Prenons le cas de l’Inde qui file véritablement un mauvais coton : elle vient juste de donner son feu vert à la culture et à la commercialisation de trois variétés de coton génétiquement modifié sur des surfaces, représentant un quart des surfaces cotonnières de la planète, qui sont cultivées par un million de petits paysans Indiens. Cette autorisation ouvre la porte à l’introduction d’autres espèces génétiquement modifiées, c’est-à-dire la moutarde, le soja et bien sûr le célèbre “golden rice”, amélioré en vitamine A par l’introduction d’un gène de jonquille et dont il faut consommer plusieurs kilos quotidiennement pour obtenir sa ration de la dite vitamine (une mini-farce). Le terreau Indien a été préparé depuis très longtemps afin de faciliter l’imposition de ces bricolages technologiques. Dès 1986, le professeur Swaminathan partait en croisade afin d’éclairer (d’endormir) la classe politique pour que l’Inde puisse intégrer les OGMs sans trop de remous. Le professeur Swaminathan, qui fut le père de la révolution verte en Inde et directeur de l’IRRI (l’institut des Philippines qui a créé les variétés de riz “à haut rendement”) est un grand ami de Monsanto et il se fait actuellement l’apôtre, en Inde, du développement de l’agriculture biologique (et durable s’entend) par l’adoption des organismes génétiquement modifiés (une méga farce). Pendant ce temps, les paysans producteurs de coton se suicident (de 10 à 15 000 en l’espace de quelques années) et près de 300 millions de personnes en Inde souffrent de la faim ou de la malnutrition.

Il faut remonter au début des années 1900 pour découvrir les différents tours de prestidigitation qui sont sortis du grand chapeau des mentors, ou menteurs, de l’agrochimie. Plusieurs niveaux de réalités illusoires peuvent être ainsi appréhendés : des réalités scientifiques, juridiques et techniques qui s’entrelacent intimement pour former de beaux mirages dans le désert de la pensée unique.

En 1907, Hugo de Vries redécouvre les “lois génétiques” de Mendel et deux écoles de génétique s’affrontent alors farouchement : l’école des Mendéliens et l’école des Biometriciens. Les Mendéliens étudient avant tout les caractères monogéniques dans les plantes : la fleur d’une espèce, ou variété, donnée est soit blanche, soit rouge, lorsque la couleur est codée par un seul gène. Les Biometriciens étudient avant tout les caractères polygéniques dans les plantes : la fleur d’une espèce, ou variété, donnée peut être blanche ou rouge mais aussi rose, dans ses nombreuses nuances, lorsque la couleur rouge est codée par plusieurs gènes. Dès le début de leur carrière, les Mendéliens ont la chance de découvrir une résistance à une rouille de blé de caractère monogénique et ils érigent cette simple découverte en philosophie : les résistances des plantes aux différentes agressions (champignons, virus, bactéries, etc.) se doivent d’être monogéniques. Le grand phytopathologiste Vanderplank qualifiera par la suite la résistance monogénique de résistance verticale et la résistance polygénique de résistance horizontale.

Comble de malchance pour les vendeurs de chimie, la quasi-totalité des variétés traditionnelles paysannes (améliorées depuis des centaines d’années, voire des millénaires, par sélection massale) possédait une résistance polygénique ou horizontale : lorsque, dans une plante, un niveau de résistance flanchait, d’autres faisaient front. Comble de chance pour les vendeurs de chimie, lorsque la résistance monogénique ou verticale, des variétés agricoles nouvellement créées à partir de 1910, succombait, la plante mourrait si le paysan ne faisait pas appel à la chimie.

Que pensez-vous qu’il arrivât ? Les variétés traditionnelles furent totalement éradiquées au profit de variétés modernes dotées de résistances monogéniques verticales. Au jour d’aujourd’hui, ce sont 36 milliards de dollars qui sont dépensés chaque année en fongicides et autres pesticides et malgré cela, ce sont 20 % des récoltes alimentaires qui sont perdues tous les ans, à l’échelle planétaire, sous l’assaut de bactéries, champignons, virus… Qui plus est, l’augmentation du nombre de maladies végétales est proportionnelle à l’augmentation, au fil des ans, de l’usage de la chimie lourde dans les champs. Aujourd’hui, ce sont plus de 300 maladies graves qui “attaquent” les plantes alimentaires. Tout cela constitue un cercle vicieux inexorable : l’augmentation de la chimie dans les sols, par les disharmonies qu’elle suscite, permet à de nouvelles maladies végétales de se manifester et les scientifiques ont beau jeu d’introduire tous les ans de nouvelles variétés exprimant de nouvelles résistances.

Peu de gens semblent se poser la question évidente de savoir pourquoi des variétés modernes prétendument résistantes requièrent tous les ans l’utilisation de 36 milliards de dollars de produits phytosanitaires et pourquoi, malgré cet arsenal, un cinquième des récoltes planétaires est perdu annuellement. Serait-ce un enchantement collectif ?

Il faut préciser, à ce point de notre exposé, que vers les années 1920, l’introduction des hybrides F1 a grandement précipité l’éradication systématique des variétés traditionnelles. Les hybrides F1, à l’instar du dogme de la résistance monogénique des Mendéliens, constituent un autre morceau de choix dans la soupe d’une pseudoscience que l’on pourrait aisément qualifier de mythologie. Bercés par les illusions d’une super productivité, les paysans ont abandonné leurs variétés anciennes, qui se reproduisaient conformément au type, pour adopter des hybrides de première génération. Les variétés F1 (obtenues à partir de lignées dites pures mais, en fait, complètement affaiblies) sont dégénérescentes, par définition, et induisent un marché captif royal : les paysans, les maraîchers et les jardiniers doivent racheter leurs semences tous les ans. Jean-Pierre Berlan, directeur de recherches à l’INRA en France, a amplement démontré la supercherie du concept d’hétérosis ou de vigueur hybride.

Une autre vague d’envoûtement collectif se manifeste dès 1961, lors de la Convention de Paris, par la création de l’UPOV : une Union internationale pour la Protection des Obtentions Végétales. Les Etats, ou plutôt les multinationales qui les “conseillent”, se créent de toutes pièces un cadre légal qui leur permet d’asseoir leur hégémonie sur un secteur qu’ils ne contrôlaient encore que peu, c’est-à-dire le secteur semencier : en l’espace de 30 ans, plus d’un millier de maisons semencières sont rachetées dans l’hémisphère nord par les multinationales de la pétrochimie. L’UPOV institue la possibilité d’un dépôt de brevet sur toute variété nouvellement créée. Le concept d’obtention végétale est en soi une vaste supercherie : comment peut-on déposer un brevet sur une variété légèrement modifiée ou sélectionnée et qui est le fruit de centaines ou de milliers d’années de labeur paysan ?

Au jour d’aujourd’hui, 10 multinationales contrôlent près de 50 % du secteur semencier planétaire. Les quatre premières sont DuPont (qui a racheté Pioneer Hi-bred), Syngenta (une fusion de Novartis et d’Astra-Seneca, Novartis étant elle-même une fusion de Ciba-Geigy et de Sandoz, les deux plus grands pollueurs du Rhin), Monsanto (très réputé pour son Terminator) et Limagrain (une petite coopérative de la Limagne qui a fait sa fortune grâce aux maïs hybrides F1 de l’Inra, et donc grâce à l’argent du contribuable français). Ces mêmes 10 multinationales, mais ce n’est sans doute qu’une coïncidence, contrôlent également 60 % de l’agrochimie.

Il est édifiant aujourd’hui d’ouvrir le catalogue du GNIS (Groupement National Interprofessionnel des Semences, créé par Pétain en 1945 et remanié en 1961, comme par hasard, l’année de la Convention de Paris). A la rubrique “tomates”, on découvre que 87 % des variétés inscrites sont des hybrides F1, 11 % sont des variétés fixées (reproductibles conformément au type) protégées par des brevets sur 20 ans et 2 % seulement sont des variétés du domaine public.

Il est essentiel de préciser que tout ce qui est consommé dans l’assiette d’un Européen est enregistré dans l’un des catalogues nationaux de la Communauté Européenne. Cela veut dire qu’il est strictement interdit par la loi de cultiver, pour la consommation ou pour la semence, un légume ou une céréale de toute variété qui ne serait pas inscrite sur l’un de ces catalogues.

L’UPOV a tenté d’engloutir l’Afrique de l’Ouest (qui a poliment refusé, mais pour combien de temps) mais par contre a bel et bien englouti récemment l’Asie. L’UPOV parachève, ainsi, l’œuvre d’une autre vaste mythologie à l’échelle planétaire, à savoir la révolution verte, nommée sans doute ainsi à cause de la couleur du dollar, à la prospérité duquel elle a fortement contribué. La révolution verte, selon la théorie officielle, a créé et mis en culture des variétés hautement productives de riz et de blé qui ont sauvé l’Inde de la faim.

Premièrement, que veut dire haute productivité lorsque l’on sait que, selon les archives Britanniques, l’Inde produisait dans l’Etat du Tamil Nadu, vers 1750, du riz à hauteur de 13 tonnes l’hectare, et ce, dans des conditions d’agriculture totalement durable ? Le professeur Richcharia, grand expert du riz en Inde, avait obtenu, il y a quelques années, des rendements de 10 tonnes l’hectare avec des variétés traditionnelles. Secondement, qu’en est-il de la facture cachée ? Les variétés de la révolution verte ont été hautement productives de par l’utilisation massive d’intrants (fertilisants de synthèse, pesticides, herbicides) et de par l’utilisation de systèmes très modernes d’irrigation intensive. Il en résulte que les nappes phréatiques sont épuisées, que l’air, la terre et l’eau sont extrêmement pollués. De plus, les ressources génétiques ont été éradiquées : il existait plus de 100 000 variétés de riz en Inde avant la révolution verte, il en reste maintenant une cinquantaine. Les paysans pauvres sont allés s’entasser dans les bidonvilles, les paysans ruinés se sont suicidés ou bien ont vendu leurs terres aux banquiers ou à Cargill. Les femmes ont perdu leur rôle privilégié de pourvoyeuse de la nutrition de la cellule familiale. L’agriculture qui était fondamentalement féminine, diversifiée et orientée vers la sécurité alimentaire est devenue une monoculture masculine avec des produits ayant une valeur commerciale sur le marché national ou international.

La grande farce continue : une seconde révolution verte envahit le Tiers Monde, celle des biotechnologies et des organismes génétiquement modifiés alors que, pendant quarante ans, les chantres de la première déclarèrent qu’elle était la solution-miracle et définitive à la faim dans le monde. Les multinationales, dans un grand élan humanitaire, estiment que l’hémisphère nord peut également bénéficier de leurs largesses et profiter des milliards de dollars qu’elles ont investis (avec l’aide financière conséquente des Etats et donc des peuples) dans l’élaboration de créatures végétales tellement fantastiques que l’on y perd son latin : lycopersicon lycopersicum ssp. porcus ou bien zea mays ssp. scorpionus !

Les premières créatures des apprentis sorciers agronomes du début du siècle passé avaient été dénommées “hybrides”, du grec “hybros”, pour monstre ou chimère. Comment va-t-on pouvoir appeler ces nouvelles chimères dont le génome est un méli-mélo de gènes provenant de l’homme, de l’animal, de la plante ainsi que d’antibiotiques, de virus et autres substances pathogènes ? Ce monde de chimères transgéniques n’a pu voir le jour que grâce à la vitesse fulgurante d’évolution de l’informatique.

Nous allons maintenant nous pencher sur la nature de la semence et sur la relation qu’elle entretient avec son environnement. Comme tout être vivant, la semence se définit comme ayant deux facultés complémentaires : celle de se reproduire tout en conservant ses caractéristiques existantes et celle de se modifier, d’évoluer. L’agriculture et la conservation des semences sont fondées sur la première faculté tandis que la sélection et l’amélioration variétales sont fondées sur la seconde. Il existe, de plus, une relation très intime entre d’une part la semence, et ce qu’elle manifeste, à savoir la plante, et d’autre part l’environnement. La semence crée un environnement tout comme l’environnement crée la semence.

Pendant des millénaires, la semence était libre, elle est maintenant emprisonnée. Elle ne peut plus se reproduire : les hybrides F1 sont stériles ou dégénérescents. Cette stérilité atteint son paroxysme avec le gène “Terminator” (qui a été légalisé, il y a quelques mois, de façon très discrète, aux USA) qui programme génétiquement la plante pour se suicider. La culture in vitro (création de plantes à partir de quelques cellules) est un autre exemple de cette annihilation du cycle vital de la plante, de la semence à la semence. [...] Quant à sa capacité d’évolution dans le champ, n’y pensons plus ! Cette capacité a été remplacée par un concept nébuleux de “fixisme”, une autre pièce maîtresse de la mythologie agricole occidentale. Les semences n’évoluent plus en champs, elles sont fabriquées de toutes pièces dans les laboratoires de l’agrochimie.

L’emprisonnement des semences atteint aujourd’hui son paroxysme avec les GURTS “Genetic Use Restriction technologies”, dont la FAO est en train d’étudier les impacts potentiels sur l’agro-biodiversité et les systèmes de production de système agricoles. Qui plus est, non seulement la semence ne peut-elle plus se reproduire et évoluer mais elle ne peut plus produire par elle-même ! Les hybrides F1, les variétés de la révolution verte et les transgéniques ne peuvent se développer que grâce à tout un arsenal d’intrants. Elles sont en quelque sorte stériles et improductives.

C’est dans le cadre de cette imposture qu’il faut resituer la première offensive de l’industrie semencière, au début du siècle passé, qui a vendu très cher, aux paysans, des semences “certifiées”, à savoir indemnes (extérieurement) de tout parasite, mais programmées génétiquement pour être hautement susceptibles à une pléthore de maladies. Ce type de programmation, ou “emprisonnement”, atteint de nos jours son paroxysme avec les gènes dénommés “traitor” ou avec les GURTs. La semence est programmée génétiquement pour ne se développer qu’à condition qu’on la traite dans le champ avec tel ou tel produit chimique.

Nous espérons que cet exposé met clairement en valeur le fait que la nature de la semence génère, appelle un type d’agriculture.
Les anciennes semences, les variétés alimentaires traditionnelles appellent une agriculture durable, respectueuse de la Terre Mère. Les semences F1, ou à haute productivité, ou génétiquement modifiées, appellent une agriculture totalement assistée par la technologie : irrigation massive, fertilisants de synthèse, fongicides, pesticides, herbicides, récolte mécanique, etc. Et réciproquement.

L’agriculture biologique intensive et productiviste offre un exemple poignant de ce principe fondamental : actuellement, 95 % des légumes bios produits sont issus de semences hybrides F1 provenant de l’agrochimie. Lorsque l’on veut produire des hectares de laitues bios, on ne pourra qu’utiliser des variétés très modernes résistantes aux 23 souches de bremia, une pourriture blanche de la laitue. Lorsque l’on veut produire des tomates bios en hiver sous des tunnels en plastique chauffés au fioul, on ne pourra qu’utiliser des variétés très modernes résistantes au verticillium, au fusarium, etc.

Ce type d’agriculture biologique qui a recours à des monocultures, à des cultures hors saison, à des intrants “organiques” qui sont les déchets de l’agro-industrie (farine de sang, farine d’os, farine de plumes, fumiers conventionnels chauffés à très haute température, moult de raisin…) ou à des intrants “organiques” qui sont de la biomasse volée au Tiers-Monde (guano, tourteau de ricin, fibre de coco ...) est très peu différente de l’agriculture conventionnelle et, d’ailleurs, elle en utilise les mêmes semences. On trouve sur les marchés bios, depuis plusieurs années, plus d’une vingtaine de variétés de choux-fleurs possédant un gène de radis (c’est une forme de transgénèse) et nous avons de sérieux doutes quant à la nature de certaines tomates bios dites “long life”.

Depuis plusieurs années également, il se trouve, sur le marché, des semences bios, et même “Demeter” (cultivées selon les cahiers de charge de l’AB) et qui sont des semences hybrides F1 ! À quand les semences OGM bios ?

D’aucuns nous considèreront peut-être comme de doux rêveurs passéistes. Cependant, essayons d’imaginer combien “performantes” seraient les variétés paysannes traditionnelles si l’on avait confié, à la paysannerie, des milliards de dollars (ceux que l’on a utilisés pour faire des bricolages technologiques) afin de les améliorer, de les sélectionner et afin de conserver les ressources génétiques pour nourrir une population planétaire sans cesse croissante.

De bonnes vieilles semences bien fortes et un sol très fertile font des miracles. John Jeavons, avec son association Ecology Action en Californie, a prouvé, depuis trente ans, qu’un jardinage bio intensif peut nourrir annuellement une personne (végétarienne) sur seulement un dixième d’hectare, en climat tempéré. Selon son système, le jardin est constitué de 60 % de plantes à fibres (maïs, tournesols, quinoas, amaranthes à grain..) qui vont permettre de re-fertiliser le sol en faisant du compost végétal, de 30 % de plantes à calories (carottes, betteraves, navets…) et de 10 % de plantes à vitamines et à oligo-éléments (tomates, aubergines, piments, melons…).

En climat tropical, ou sub-tropical, on peut ainsi nourrir deux personnes (végétariennes) par dixième d’hectare seulement, à condition bien sûr d’avoir de l’eau pour irriguer. Selon ces principes de jardinage bio intensif, les 150 millions d’hectares de terre arable qui sont disponibles actuellement en Inde pourraient nourrir trois milliards de végétariens. Où est le problème ? [...]
http://www.kokopelli.asso.fr/actu/new_news.cgi?id_news=10
Partager cet article
Repost0
29 mai 2007 2 29 /05 /mai /2007 21:19
Suite du voyage en Italie...
Bitonto (Pouilles)
Eglise de la confrérie du Purgatoire (XVIIe siècle)

Comment ça, pessimiste ?! Ce doit être l'effet nucléaire...
Partager cet article
Repost0
28 mai 2007 1 28 /05 /mai /2007 18:26
Si j'évoquais récemment le cas de l'Angola (http://geopolis.over-blog.net/article-6619972.html) et celui de la Birmanie (http://geopolis.over-blog.net/article-6685641.html), il faut replacer ces exemples dans le contexte d'une prolifération du nucléaire à l'échelle planétaire. On est alors rapidement conduit à se demander si les bons sentiments et les intentions vertueuses ("favoriser le développement") ne cachent pas autre chose. Ces pays, comme beaucoup d'autres, devraient être à court terme dotés de la technologie nucléaire civile et des installations afférentes. Tout ceci serait très bien s'il n'était de notoriété publique dans les milieux bien informés que les technologies en question, une fois maîtrisées, peuvent servir indifféremment à des usages civils ou militaires. C'est justement tout le problème soulevé par le cas de l'Iran.

Le livre de la journaliste d'investigation Dominique Lorentz, Affaires atomiques, publié en 2001 aux éditions Les Arènes, éclaire crûment la question et montre le rôle joué depuis 60 ans par les USA dans la diffusion d'un armement terrifiant dont ils sont les seuls à ce jour à avoir fait usage (contre les populations civiles d'Hiroshima et de Nagasaki) et dont ils envisagent ouvertement d'user à nouveau en Irak... L'auteur sonde aussi les liens entre le programme nucléaire iranien du temps du Shah et le consortium français Eurodif, puis l'arrêt de cette coopération et ses conséquences, notamment les attentats à Paris, dont je ne suis pas sûre au demeurant qu'il faille les mettre sur le dos des ayatollahs iraniens.

Mais l'Iran n'est jamais que l'un des quelque 50 pays disposant aujourd'hui des capacités techniques permettant de développer un armement atomique. Pour mieux comprendre comment nous en sommes arrivés là et quel fut le rôle des uns et des autres dans une dissémination que tous feignent de réprouver, quelques extraits d'une présentation de l'ouvrage de D. Lorentz trouvée sur www.confidentiel.net.
*
  • Officiellement, les Etats-Unis sont opposés à la dissémination de "la bombe". Mais au sortir de la deuxième Guerre Mondiale, ils considéraient que l’Europe était vulnérable à une invasion soviétique. En cas d’attaque soviétique il ne pouvaient rien faire sinon déclencher une guerre atomique. La "meilleure" solution consista donc à armer les pays exposés pour leur permettre de se protéger eux-mêmes. En cas d’attaque, les Soviétiques s’exposaient à une riposte nucléaire, sans que les Etats-Unis soient en première ligne. Les Américains ont ainsi, armé leurs alliés, avançant leurs pions sur l’échiquier géopolitique mondial, pour endiguer toute avancée communiste.
  • Plus tard, le transfert des technologies atomiques fut un élément clés de la politique extérieure américaine pour retourner des pays alliés de l’Union soviétique (comme l’Egypte) et les attirer vers le camp occidental ou pour consolider les alliances existantes. C’est ainsi que l’Inde et le Pakistan, pourtant ennemis mortels ont été équipés l’un et l’autre par les occidentaux, sous contrôle discret de la Maison Blanche.
  • Les Etats-Unis ont donc eu intérêt à organiser la dissémination. Toutefois la législation américaine interdisait l’exportation du savoir-faire nucléaire. Et la révélation publique de ces transferts n’etait pas envisageable. Pour contourner ce problème et éviter de débattre leur stratégie au Congrès et en public, les différents présidents américains ont donc adopté une méthode de dissémination indirecte et transitant par d’autres acteurs. [...]
  • De façon constante, les accords de coopération sont présentés comme des projets d’"applications civiles" de l’énergie nucléaire. Peu importe que les contrats soient aberrants au regard des richesses énergétiques des pays acheteurs. Un petit mensonge vaut mieux qu’un grand débat. Les pays pétroliers tels l’Irak, l’Egypte, l’Arabie Saoudite ou l’Iran ont ainsi été dotés d’installations nucléaires qu’aucun projet de production d’électricité ne peut justifier. Peu importe aussi que l’énergie nucléaire soit une option très onéreuse pour les pays en développement, tous ceux qui ont pu se sont jetés dessus.
  • Officiellement, les matériels livrés aux pays acheteurs appartiennent à la catégorie des équipements à vocation civile. Mais les dirigeants des pays exportateurs oublient de préciser que ces installations pourraient aussi bien rentrer dans le classement des fournitures à usage militaire. Toute l’astuce est là. La quasi totalité des technologies utilisées dans l’industrie nucléaire est "duale". Les experts entendent par là qu’elles peuvent servir indifféremment à des applications civiles ou militaires, cette réalité étant connu depuis les origines de la bombe atomique.
  • A partir de 1955, le Canada signa un accord avec les Etats-Unis : il renonçait à détenir la bombe atomique, mais il lui était possible, sous réserve d’un agrément de la Maison Blanche, d’exporter des technologies américaines. Les Etats-unis eurent donc recours à lui dès les premiers temps de la prolifération. Ils durent cesser d’utiliser ce pays, suite à la révélation de son implication dans la nucléarisation de l’Inde, après que celle-ci eut réalisé son premier essai atomique.
  • Dans les années 70, le commerce nucléaire passa brutalement de la petite industrie à l’industrie lourde. Les réacteurs de recherche laissèrent place à de véritables centrales nucléaires, tandis que le traitement des combustibles devint une activité organisée à l’échelle planétaire. Les Américains, inventeurs et propriétaires de ces technologies, en déléguèrent la commercialisation à trois partenaires : le Canada, la France et l’Allemagne fédérale. On apprend ainsi que toutes les centrales nucléaires construites en France ou vendues par les Français sous la marque Framatome furent des équipements Westinghouse (compagnie US). De même, tous les réacteurs implantés par les sociétés allemandes AEG, KWU et Siemens étaient estampillés General Electric (US) ou Westinghouse. Les accords de licence garantissaient aux Américains un contrôle absolu sur ces matériels. Aucune vente à l’étranger ne pouvaient se décider sans leur consentement. Ainsi les compétitions qui donnaient l’impression d’opposer les sociétés Westinghouse, Siemens et Framatome ne furent que de faux combats, illusion brouillant les pistes. Dans tous les cas, les contrats furent passés sous l’autorité des Etats-Unis, ceux-ci ayant toujours conservé le monopole du commerce nucléaire, mais de façon moins voyante. [...]
  • Le traité de non-prolifération signé en 1968, s’il interdisait la possession d’armes nucléaires, n’empêchait pas de parcourir le chemin qui y parvenait, jusqu’aux 5 dernières minutes. En encourageant la coopération entre ses membres, il s’agissait plutôt d’un traité organisant la prolifération. Quant à l’Agence internationale de l’énergie Atomique (AIEA) chargée de contrôler les installations nucléaires de ses 118 adhérents et de garantir la nature pacifique des travaux, elle effectue des inspections annoncées à l’avance, dans les installations déclarées par les Etats membres et n’a pas le droit de s’assurer par elle-même qu’un Etat ne dispose pas d’installations clandestines. L’agence ne dispose de toute façon d’aucun pouvoir de sanction contre les pays contrevenants. Enfin les pays inspectés ont le droit de choisir la nationalité des experts qui viennent les visiter. Or, lors des contrôles, les experts peuvent apprendre des rudiments de la fabrication d’armes. L’agence fonctionne alors à rebours comme un centre d’apprentissage de la prolifération.
Et à propos de l'Iran :
  • Pour prendre la relève de l’Allemagne, trop exposée dans le développement du programme iranien, la Maison Blanche organisa dans l’ombre une coopération nucléaire du duo Iran-Pakistan avec différents fournisseurs : Allemagne, Chine, Japon, Argentine. Au printemps 1985, l’Allemagne fédérale, qui construisait la centrale iranienne de Busher, avait signé un accord de coopération avec la Chine. La Chine qui vendait déjà des armes à Téhéran, venait de parapher un accord de cooperation nucléaire avec les Etats-Unis. Elle en avait signé un autre avec le Japon, l’un des plus proches alliés de l’Amérique, mais aussi l’un des principaux partenaires économiques de l’Iran. Le président Reagan confia donc à la Chine la poursuite de la coopération nucléaire de l’Iran, en liaison avec le Japon et parallèlement aux travaux de l’Allemagne sur le site de Busher. Le Washington Post révéla plus tard que la Chine transférait des technologies nucléaires à l’Iran et au Pakistan. A partir de 1987, quand elle fut trop exposée par ses ventes d’armes et de technologies nucléaires, Ronald Reagan fit intervenir d’autres acteurs. L’exportation d’équipement et de savoir-faire américain en Iran se fit via une société argentine dont l’Allemagne détenait 25% du capital. Ainsi les Etats-Unis s’abritaient derrière leur licencié allemand, lequel se cachait derrière l’Argentine. Une plus large coopération nucléaire fut ensuite signée entre l’Argentine et l’Iran au printemps 1987. L’Argentine etait liée par une coopération nucléaire avec la Chine. Le Pakistan, dont le programme nucléaire était développé par la Chine, signa un accord de coopération avec l’Iran. Dans le même temps, la France signa elle aussi un accord de coopération avec le Pakistan, en liaison avec la Chine... Vous avez du mal à suivre ? C’est normal, c’est le but.
  • Ronald Reagan avait donc mis en place un double dispositif en direction de la république islamique d’Iran. Il lui vendait des armes et lui faisait transférer des technologies nucléaires par alliés interposés...
Le texte complet ici :
http://www.confidentiel.net/article.php3?id_article=196&var_recherche=lorentz
Cf. D. Lorentz, Affaires atomiques, 2001 (Les Arènes), 604 p. Et merci à Dominique pour la référence.
Partager cet article
Repost0
27 mai 2007 7 27 /05 /mai /2007 18:42
Matera (Basilicate) et ses cailloux
La ville troglodyte perchée au-dessus d'un ravin où coule la Gravina,

...rendue célèbre par un roman et quelques films christiques :
L'Evangile selon saint Matthieu de Pier Paolo Pasolini (1964),
La Passion du Christ de Mel Gibson (2004),

...ne montre guère de traces de la misère noire décrite par Carlo Levi dans :
Le Christ s'est arrêté à Eboli (1945).
Partager cet article
Repost0
26 mai 2007 6 26 /05 /mai /2007 10:55
Je ne traiterai pas ici de l'épidémie de défenestration chez les adolescentes corses perturbées, mais de nos propres tentatives de suicide. Le rythme des atteintes que nous nous portons à nous mêmes s'accélère, les moyens employés sont illimités et la pulsion suicidaire devient véritable rage. Etrange, non ? Pourquoi tant de haine de soi chez un être vivant qui se prétend rationnel et aspire à la puissance, à la maîtrise absolue de ce qui l'entoure ? Etre maître de soi comme de l'univers...

Or, que voit-on ? Au-delà des raisons personnelles et de l'expérience vécue par chacun - qui semblent justifier son comportement de prime abord, - les groupes humains paraissent mûs collectivement par des pulsions dont ils n'ont pas même conscience. Prenons le déclin démographique de l'Europe. On aura beau le tourner dans tous les sens : en raison, c'est une absurdité. Un suicide collectif aussi délirant et injustifiable que celui des écervelées d'Ajaccio.

Il y a bien sûr des intérêts immédiats qui font perdre de vue l'intérêt collectif, préférer la jouissance présente à la construction d'un futur viable. Il y a aussi un système de défense psychologique qui s'appelle autrement lâcheté qui fait qu'on refuse de voir le gouffre tout en continuant d'y courir... Plus la dégringolade est manifeste et plus on hait les esprits lucides ! Pourtant faire la sourde oreille à Cassandre précipite la fin...

Pessimisme ? Non, non. Je ne donne pas dans le pessimisme et d'ailleurs je vais très bien, moi ! Pas d'idées noires ; joie de vivre et compagnie. Mais j'ouvre les yeux. Et que vois-je, moi, simple fée ? ...Pauvres humains ! Pauvres hommes, chiens de Pavlov ! Pauvres femmes, poules sans tête ! Pauvres Français menés par le bout du nez ! Triste...

Tenez, l'avortement. Elles vont me dire "droit des femmes", "liberté", "disposer de son corps", etc. Foutaises ! Depuis quand faut-il tuer un bébé pour être libre ? Il y a une dimension religieuse, là-dedans, une dimension de sacrifice humain. Retour au culte de Moloch-Bâal. Vous croyez que ça me choque ? Même pas ! Simplement, c'est aberrant. Aberrant de se faire cureter, de livrer son corps aux médecins et d'abandonner sa progéniture comme "matériel humain", alors que depuis la nuit des temps des plantes que je ne nommerai pas font ça très bien.

Le secret des alcôves sur la place publique. Des poules sans tête, je vous dis ! Et les chiffres, vous avez vu les chiffres ? L'Occident en plein déclin démographique et on y avorte à tour de bras, pour un oui pour un non... Vous parlez d'une logique ! Après on voudra nous faire croire que l'homme est un animal rationnel... Pas le Français, en tout cas !

Autre exemple : la Seconde Guerre Mondiale. Et la première aussi. Une saignée. Suicide de l'Europe, qui a donné la primauté aux USA. Il paraît qu'on s'en plaint maintenant ! Bien sûr, il y a le déroulement des faits, les antagonismes locaux, les raisons - toutes sortes de raisons, d'ailleurs - pour se mettre sur la gueule entre Français et Allemands, Italiens et Autrichiens, Russes et Polonais... et je ne parle même pas des Balkans ! Mais était-ce notre intérêt à tous ?

Mais je m'égare. J'étais partie pour vous parler de l'un des - nombreux - instruments du suicide : le Roundup®.
*

A la liste des effets toxiques de l'herbicide le plus utilisé sur la planète, le Roundup de la firme Monsanto, il convient d'ajouter la toxicité sur les cellules embryonnaires humaines. En effet, dans la continuité de travaux menés en 2005, l’équipe du professeur Gilles-Eric Séralini, de l’Université de Caen, vient de confirmer et de préciser les effets d'une exposition au Roundup de cellules provenant de placenta, en ayant recours à des cellules d’embryon1. La toxicité de l'herbicide, en particulier au niveau de la perturbation des hormones sexuelles, a ainsi été mise en avant à des doses considérées comme non toxiques2.

Selon le Comité de recherche et d'information indépendantes sur le génie génétique (CRIIGEN), ces travaux pourront peut-être permettre de mieux comprendre les problèmes de fausses couches, de naissances prématurées, ou de malformations sexuelles chez les bébés, entre autres pour les couples d’agriculteurs, lesquels sont particulièrement exposés à l'herbicide Roundup.

Au-delà de ces précisions, alors que jusqu'à présent on considérait que c'était le glyphosate, le principe actif du Roundup, qui était très toxique, l'étude met en évidence que c’est l'herbicide en lui même qui s'avère être beaucoup plus toxique que le produit qui est connu et homologué pour être son principe actif. Pour le CRIIGEN, cette nouvelle donnée souligne les lacunes de la réglementation européenne en matière d'homologation des pesticides.
Pascal Farcy, rédacteur en chef d'Univers Nature

1- Les cellules embryonnaires utilisées sont issues d’une lignée cultivée au laboratoire qui ne nécessite pas de destruction d’embryon.
2- Notons que ces doses très faibles (le produit vendu en magasin, dilué jusqu’à 10 000 fois) correspondent aux doses discutées pour être autorisées dans certains OGM tolérants au Roundup aux Etats-Unis...

L'étude est disponible, en anglais, sur le site de la revue Archives of Environmental Contamination and Toxicology :
http://www.springerlink.com/content/d13171q7k863l446/fulltext.html

Cf. http://www.univers-nature.com/inf/inf_actualite1.cgi?id=2644
Partager cet article
Repost0
25 mai 2007 5 25 /05 /mai /2007 22:18
"Puissance" est sans doute un bien grand mot...

Après l'Angola (http://geopolis.over-blog.net/article-6619972.html), un autre pays sympathique et démocratique (!!!) est en passe d'accéder au nucléaire : la Birmanie. Bien sûr, il ne s'agit que de nucléaire civil, mais n'est-ce pas précisément ce qu'on reproche à l'Iran ?
 

Le Myanmar sollicite l'assistance russe dans la construction de son centre nucléaire
   
MOSCOU, 17 mai - RIA Novosti. Des spécialistes de la société russe Atomstroïexport et une délégation de l'Union du Myanmar (ancienne Birmanie) ont tenu mercredi un premier round de négociations sur la préparation des travaux nécessaires à la construction d'un centre de recherches nucléaires au Myanmar, a rapporté jeudi un communiqué de presse d'Atomstroïexport.

"Ces négociations préludent à l'exécution de l'Accord de coopération dans la construction du Centre de recherches nucléaires signé la veille entre le gouvernement de la Russie et celui de l'Union du Myanmar", indique le communiqué de presse.

Selon le document, les négociations seront poursuivies dans le second semestre de 2007 au Myanmar.

"Le Centre aidera au Myanmar à effectuer un vaste éventail de recherches dans le domaine de la physique nucléaire et des biotechnologies, à étudier les propriétés des matériaux et à produire une large gamme de médicaments. L'activité du Centre contribuera au développement économique et social du pays", souligne le communiqué de presse.

Lors des négociations, la délégation d'Atomstroïexport était conduite par le premier vice-président de cette société, Alexandre Gloukhov, et celle du Myanmar, par le ministre de la Science et de la Technologie, U Thaung.

Pendant la période de 1958 à 1984, des centres de recherche dotés de réacteurs de conception russe avaient été mis en service dans 12 pays.

La société Atomstroïexport est la principale organisation russe chargée de construire des ouvrages nucléaires civils dans le cadre des accords intergouvernementaux signés par la Russie. A l'heure actuelle, elle est la seule société au monde à construire simultanément sept réacteurs pour des centrales nucléaires en Chine, en Inde, en Iran et en Bulgarie.
Partager cet article
Repost0
19 mai 2007 6 19 /05 /mai /2007 23:01
Du gouvernement français nouvellement constitué, je ne retiendrai ici qu'un nom, celui de Bernard Kouchner au Ministère des Affaires étrangères. Curieux d'ailleurs pour quelqu'un qui disait vouloir rompre avec mai 68 (je veux parler de N. Sarkozy), de nommer un soixante-huitard notoire à ce poste-clef. Kouchner a en effet été un des chefs du mouvement estudiantin du côté des carabins... Ce socialiste de 67 ans, très introduit dans les médias et que l'on nous dit populaire* - cela revient à peu près au même, - semble pourtant avoir plutôt mauvaise réputation parmi les diplomates, ceux en poste dans les Balkans notamment, depuis qu'il a été Haut représentant de l'ONU au Kosovo (juillet 1999 à janvier 2001). A moins que je ne confonde avec BHL !!! Enfin, c'est un peu le même style !

Il partage un trait de caractère avec un autre grandissime philoplope, j'ai nommé André Gluksmann : l'état d'indignation permanente. Qu'il parle en faveur des enfants affamés du Biafra ou de la libéralisation du cannabis, c'est le même ton exalté ! Autoriser le cannabis, parce que lui en a déjà fumé ; autoriser l'euthanasie parce que lui l'a déjà pratiquée - sur des blessés de guerre, au Liban et au Vietnam (il faut croire que, dans ces pays, ça ne tombe pas sous le coup de la loi)... Voilà encore un spécimen de narcissique ! Kouchner est surtout connu pour être l'un des fondateurs en 1971 de l'organisation Médecins sans frontières, qu'il a quittée depuis, et plus récemment, en 2003, pour avoir soutenu, contre la position française, les bombardements américains sur l'Irak. Poussières d'uranium et mines anti-personnelles... la joie des médecins ! Moins diffusé, son rapport sur la Birmanie, rédigé pour le compte de TotalFinaElf en septembre 2003, qui minimise l'impact de la dictature et la pratique du travail forcé pour la construction du gazoduc...
Cf. http://web.radicalparty.org/pressreview/print_right.php?func=detail&par=7685

*Il a pourtant échoué chaque fois qu'il s'est présenté devant les électeurs : dans le Nord en 1988, en Moselle en 1994, à Gardanne (Bouches-du-Rhône) en 1996...

Autant dire que je n'aime pas l'énergumène. Je ne suis pas la seule, si on en croit le texte de l'écrivain Patrick Besson publié dans sa chronique du "plateau télé" au Figaro Magazine, sans doute en 2003, mais je n'ai plus la date exacte.

*
Bernard Kouchner, bombardier sans frontières
par Patrick Besson

Bernard Kouchner à "Mots croisés" (France 2). Il est venu expliquer sa position pro-guerre qui lui vaut désormais, dans les rédactions parisiennes, le surnom de "bombardier sans frontières".

Il en a plein la bouche des souffrances du peuple irakien, qui n'ont sans doute jamais été aussi grandes que depuis le début de cette seconde guerre du Golfe. Sa phrase récurrente, toujours accompagnée d'un lourd soupir : "Nous n'avons rien fait."

C'est le chagrin de Kouchner : on n'en a jamais fait assez, nous autres qui ne sommes pas Bernard Kouchner. Une seule personne en a fait assez : lui. Partout où il est passé. Au Biafra, au Vietnam, au Kosovo. Je me demande même si, depuis une trentaine d'années, tout ce qui a été fait de bien sur terre ne l'a pas été par Bernard Kouchner, et si tout ce qui a été fait de mal ne l'a pas été par nous, nous tous qui ne sommes pas Bernard Kouchner. Dans les rares cas où nous avons fait quelque chose à la place de rien !

Sa chaude voix vibre. Ses yeux mouillés tremblent. Sa blondeur bizarre - pour la teinture, Bernard, je vous conseille une meilleure adresse : Michel Caro, rue de Bourgogne, Paris VIIe - ondule. Il nous le dit et nous le redit : son principal souci, c'est le peuple irakien. Comme George Bush, il veut le libérer de Saddam Hussein. Et tant pis si pour ça il faut détruire la moitié de l'Irak et tuer des centaines de milliers d'Irakiens. Les catastrophes humanitaires, ça le connaît. Il sait que c'est gérable. Pour ça, il suffit d'un avion plein de médicaments et de quelques caméras de télé. Et lui, Bernard Kouchner, au milieu. Qui fait, une fois de plus, quelque chose. Alors que nous, une fois de plus, on ne fait rien !

Entre l'ambassadeur du Royaume-Uni et l'Américaine Danielle Pletka qui, de Washington, reprochait tout simplement aux Français d'exister, Bernard Kouchner buvait du petit lait. Partisan d'une guerre qui viole le droit international et où l'on voit le pays le plus puissant du monde écraser de bombes l'un des pays les plus pauvres du monde au nom d'une démocratie qui risque fort bien d'être introuvable pendant plusieurs dizaines d'années - où en est, à propos, la démocratie afghane ? Au niveau pavot ? -, le docteur Kouchner montrait une bonne fois pour toutes que dans le maudit secret de son cœur froid et de son âme défaite, il avait renoncé au serment d'Hippocrate pour le serment d'hypocrite.
*
La phrase favorite de Bernard Kouchner : "Nous n'avons rien fait." Enfin, sauf lui.

Sur sa politique serbe, voir aussi : http://geopolis.over-blog.net/article-1958752.html
Partager cet article
Repost0
17 mai 2007 4 17 /05 /mai /2007 15:30
Mon premier voyage en Russie remonte à l'été 2003, l'année du 300e anniversaire de la fondation de Saint-Pétersbourg. Nous avions donc décidé, une amie et moi, d'y passer nos vacances. Panique dans les familles ! Vous n'y pensez pas... Deux jeunes filles... La mafia... Vous êtes folles ! Qu'est-ce qu'on n'a pas entendu. Il s'est même trouvé une amie de Maman, bobo bien intentionnée, qui prétendait bien connaître le pays, parce qu'elle a une amie qui connaît une amie qui... Bref, elle m'appelle quelques jours avant le départ pour me convaincre de renoncer au voyage, sinon nous serons kidnappées par la mafia, dit-elle ! Diable !

Alors nous voilà parties pour la grande aventure, Saint-Pétersbourg, porte de toutes les Russies, petite fenêtre sur l'âme russe, ses mystères, ses dangers terrifiants, ses ogres aux dents pointues... Et quid des méchants Russes ? Eh bien, je vais vous raconter notre voyage.

Rencontre avec la mafia. Là, vous allez être déçus : la rencontre n'a pas eu lieu ! Personne ne nous a donné sa carte avec inscrit "mafieux" dessus. Si jamais on en a croisés, ils ne se sont pas déclarés comme tels. Peut-être vont-ils déguisés ? Mais le moyen de les reconnaître, je vous le demande ! Il faut dire aussi que pour un Bérézovsky plein à millions, que valent deux touristes françaises ? Rien du tout ! Donc, contrairement aux prévisions, nous n'avons pas été kidnappées.

Rencontre avec la milice. En Russie, il n'y a pas que les mafieux, il y a aussi la milice, et le milicien a la réputation de taxer méchamment les touristes en infraction. Nous nous sommes donc empressées de commettre quelques infractions, photographier des abris anti-atomiques par exemple, autrement dit une station de métro. Aussitôt, apparus on ne sait d'où, voici les miliciens. Alors, toute penaude, le plus innocemment du monde, je présente nos excuses, je dis que nous ne savions pas et je promets que nous ne le referons plus jamais, jamais. Et ? Et rien ! Pas la plus petite amende, ni confiscation de l'appareil, ni arrestation, ni rien. C'est à désespérer de mal faire !

Rencontre avec les skinheads. La milice, c'est une chose, mais il y a aussi les skinheads. Ceux de Russie cognent les étrangers. Enfin, c'est ce qu'on dit. Nous étions donc au bout de la perspective Nevsky, Sophie avait déplié le plan "pour vérifier un truc" et juste devant nous... deux méchants skins l'air... très méchants ! Voilà-ti pas qu'ils se retournent... et nous voyant plan en main, l'un s'imagine que bien sûr nous cherchons l'Ermitage, et de nous indiquer la direction. Merci beaucoup, vous êtes trop aimables. En fait, nous n'allions pas à l'Ermitage ce jour-là, mais merci quand même à nos si serviables skins.

Rencontre avec les repris de justice. Allez, il y a pire que les skinheads : les loubards, qui plus est ivres. "Gibier de potence", serait plus approprié. Par un morne après-midi d'été, vers les 16h à l'horloge, nous cherchions le palais Youssoupov et nous nous étions trompées de coin. Pour tout dire, nous nous étions aussi trompées de palais ! Seules, engagées dans une longue rue étroite bordant un canal, nous nous étions arrêtées un instant pour étudier ce satané plan. Seules ? Non, en face, s'avancent à grands pas trois types, mines patibulaires, cannettes de bière à la main et déjà bien imbibés. Trop tard pour rebrousser chemin. Que faire ? Je demande à Sophie si elle sait nager... Imaginez la scène : Deux jeunes Françaises plongent dans un canal. Bien entendu, les braves Russes se seraient sentis obligés de se jeter à l'eau pour nous sauver. Ça aurait été du plus parfait ridicule ! - Qu'est-ce qu'on fait ? - On fait comme si de rien n'était. Et nous voici très absorbées dans la lecture du plan. Donc, ça ne loupe pas. Ils nous demandent si nous cherchons quelquechose. J'explique que oui, nous sommes un peu perdues, l'histoire du palais. Le chef prend les choses en main, c'est-à-dire le plan. Mais ne vous ai-je pas dit qu'ils avaient bu ? Alors, pour l'orienter, cela prend plusieurs minutes, et que je le tourne et que je le retourne. Et pendant qu'il zyeute le plan, moi je regarde ses papattes. Des mains couvertes de cicatrices récentes, le genre qui a l'habitude de cogner sec. Le mercurochrome et les pansements, c'est pour les femmes ! Puis il a fini par trouver, nous a indiqué le chemin très correctement, nous nous sommes serrés la main, nous avons poursuivi notre route et eux la leur, l'air tout à fait ravis d'avoir fait un brin de conversation avec des Françaises.

Plus récemment, je suis retournée en Russie, non comme simple touriste, mais cette fois avec une invitation officielle. Pourtant, avant mon départ, rebelote. Là, c'est un ami de Papa qui connaît quelqu'un qui connaît... ce qui le rend très savant sur le sujet ! Bref, je n'y pense pas... Plein de skinheads qui vont me frapper... De la folie ! Forte de mon expérience, j'ai donc promis à mon Papa chéri de demander un autographe à tous les skins que je croiserais. Et m'y revoilà. A Saint-Pétersbourg, puis à Novgorod et Moscou, j'ai donc ouvert l'œil, cherché longuement, partout où j'ai pu, mais pas l'ombre du museau d'un skin ! Disparus ! Vous imaginez ma déception !

On peux donc proposer quelques hypothèses scientifiques à propos du mouvement skinhead en Russie :
1. A l'annonce de mon arrivée, ils se sont tous enfuis.
2. Poutinechou les a envoyés prendre l'air à la campagne.
3. Le skin russe est une espèce rare.
Mais Mélusine n'a pas dit son dernier mot : la prochaine fois, je pousserai mon exploration jusqu'à Rostov-sur-le-Don. Non, mais !

Et justement sur le même sujet :
http://fr.rian.ru/analysis/20070518/65686600.html
Partager cet article
Repost0
14 mai 2007 1 14 /05 /mai /2007 19:41
Le site trilingue MacauHub (http://www.macauhub.com.mo/pt/index.php), basé dans l'ancien comptoir portugais de Macao qui a fait retour à la Chine en décembre 1999, couvre l'actualité économique et politique des pays lusophones d'Europe, Afrique, Asie et Amérique du Sud, et notamment les relations sino-africaines. L'article dont je donne la traduction française ci-après date du 7 mai dernier. A l'heure où l'Iran est menacé de bombardement pour avoir voulu développer une industrie nucléaire civile, d'autres pays se voient fournir cette technologie clef en main... Voilà qui éclaire d'un jour singulier la question de la prolifération nucléaire, un sujet sur lequel je reviendrai prochainement.
*

L'Angola fait ses premiers pas vers le nucléaire

L'Angola va entreprendre de devenir un producteur d'énergie nucléaire, moyen envisagé par les autorités pour augmenter de façon décisive la capacité énergétique du pays, mais déclare exclure le développement d'armes nucléaires.

"Le pays est limité dans sa production d'énergie, alors pourquoi ne pas commencer à penser à des projets qui à l'avenir puissent produire de l'énergie d'origine nucléaire ?" demandait récemment le Ministre des Sciences et de la Technologie, Jean-Baptiste Ngandajina, cité par l'agence Voz da America.

L'Angola est membre de l'Agence Internationale de l'Energie Atomique (AIEA) depuis 1999 et une loi dite Loi de l'Energie nucléaire en voie de finalisation doit bientôt passer devant le parlement angolais. Une fois celle-ci approuvée, les conditions institutionnelles seront réunies pour que le pays commence à produire de l'énergie nucléaire. Le gouvernement a cependant laissé entendre que la priorité irait d'abord à des projets de recherche et à la formation de cadres.

"La nouvelle loi, a déclaré Ngandajina, définira tout ce qui concerne l'acquisition, le transport, l'emploi et le stockage de matériel radioactif dans le pays. Ce à quoi nous aspirons, c'est le développement scientifique lié au nucléaire. La formation de personnel, le développement de projets qui aident au développement économique et social du pays."

Cependant, dans le secteur de l'énergie angolais, des rumeurs circulent selon lesquelles l'initiative de la loi serait en rapport avec un plan d'installation de centrales nucléaires sur le territoire national qui bénéficie de l'appui de la République populaire de Chine, important partenaire de l'Angola et l'un des plus grands producteurs mondiaux d'énergie nucléaire.

La Chine elle-même s'est dotée d'un plan ambitieux pour augmenter sa production d'énergie électrique à partir des centrales nucléaires, qui prévoit de porter la capacité du pays à 40 millions de kilowatts en 2020, soit plus de 4 fois la capacité actuelle.

Interrogé par les journalistes, Jean-Baptiste Ngandajina a ajouté que des filons de minerai radioactif tel que l'uranium avaient déjà été identifiés dans le pays, mais il s'est refusé à préciser où.

L'année dernière, l'Angola a investi près de 650 millions de dollars dans des projets destinés à garantir la croissance de sa production énergétique, pariant surtout sur le renforcement de la capacité du réseau de distribution et sur la construction de barrages et l'augmentation de leur capacité, ce pour quoi le pays a bénéficié d'aides importantes de la Chine et du Brésil.

Parmi les principaux projets en cours de réalisation se distinguent la centrale hydro-électrique de Capanda, dont la troisième turbine, sur les quatre prévues, a été récemment mise en activité, et celle des Ganjelas, construite par l'entreprise chinoise Sino-hydro Corp, qui doit être livrée courant mai.

Selon Jean-Baptiste Ngandajina, l'orientation de la technologie nucléaire angolaise sera dans un premier temps la recherche et le développement, ainsi que des projets dans le domaine civil, à travers l'Université Agostinho Neto de Luanda. "Un laboratoire a été créé pour l'enseignement de la chaire de Physique nucléaire. Plusieurs étudiants et techniciens du Laboratoire d'analyses du Ministère des Sciences et Technologie y sont déjà inscrits en doctorat. Tout ceci pour que le pays puisse atteindre cet objectif, a dit le ministre angolais.

Jean-Baptiste Ngandajina a notamment mis en relief l'opportunité représentée par cette technologie pour la formation et la spécialisation des médecins du Centre national d'Oncologie, et pour des recherches dans le domaine des maladies animales, de la lutte contre la malaria et d'autres pathologies.

A l'heure actuelle, l'Angola poursuit aussi des travaux pour le contrôle de la pollution maritime liée à la production de pétrole et participe aux programmes de l'AIEA pour le continent africain.
Cf. http://www.macauhub.com.mo/pt/news.php?ID=3289

*
On sait par ailleurs que le programme de coopération de l'Union européenne pour les années 2008-2013 prévoit d'accorder 200 millions d'euros à l'Angola. Le représentant de l'UE sur place, le portugais João Gabriel Ferreira, s'est cependant refusé à préciser quels seront les domaines prioritaires auxquels l'Union européenne destine sa subvention... Il apparaît cependant qu'il s'agit de plus en plus d'investissements "de développement" et non plus d'aide à la reconstruction dans un pays qui, de 1975 à 2002, a connu la guerre civile. De là à penser qu'une partie au moins servira à financer le nucléaire, il n'y a qu'un pas.

Depuis 20 ans, l'Union européenne a versé à l'Angola 480 millions d'euros au titre de la coopération bilatérale dont 180 millions ces cinq dernières années. Aux crédits de coopération et aux projets financés directement par la Commission européenne, il faut ajouter les sommes accordées par Bruxelles dans le cadre de sa coopération avec des organismes régionaux tels que la Communauté de développement de l'Afrique Australe (SADC) et la Communauté des pays de langue portugaise (CPLP) dont il est plus difficile d'évaluer quelle part exacte est revenue à l'Angola.

Voir aussi, sur l'affaire des ventes d'armes à l'Angola :
http://fr.wikipedia.org/wiki/Affaire_des_ventes_d%27armes_en_Angola
Partager cet article
Repost0